Midi Olympique

« Cela passe par une grande concertati­on »

- Joël JUTGE Patron des arbitres de l’EPCR J. Fa.

Déjà, il y a bien une recrudesce­nce globale des commotions mais j’ai l’impression que c’est encore plus criard dans le Top 14, où tout est exacerbé, par rapport au rugby internatio­nal. Je veux rester prudent car il faudrait le confronter avec des chiffres précis mais j’ai vraiment ce sentiment de voir en Top 14 des protocoles liés à des mauvaises attitudes ou mauvaises intentions dans un jeu de destructio­n. C’est presque une question de culture. Sous couvert de la volonté de gagner à tout prix un titre ou un match, on observe des comporteme­nts dangereux, des joueurs qui se projettent la tête vers l’avant. On voit donc des attitudes au contact moins maîtrisées. Or, cela s’apprend dès l’école de rugby avec le souhait d’affronter mais de chercher les intervalle­s, d’arriver la tête sur le côté. Durant ces phases finales, on a senti cette volonté de d’abord châtier l’adversaire, d’où des comporteme­nts pas toujours adéquats. Il faut le comparer par exemple avec les tournées de juin. Si l’on regarde le match entre l’Afrique du Sud et la France, ou ceux des Lions, je ne crois pas voir autant de protocoles commotion. C’est bien de le dénoncer mais on ne peut pas être uniquement dans la fatalité. Il y a des règles à respecter et on ne peut plus voir d’escalade permanente. Cet engagement à 200 %, avec des mecs prêts à mettre la santé des autres en danger, est effrayant. Une fois cette violence pointée du doigt, il faut trouver des solutions et cela passe par une grande concertati­on. Par exemple, quand on voit des joueurs se lancer dans les regroupeme­nts tête en avant, c’est à proscrire impérative­ment. Les arbitres doivent être encore plus fermes là-dessus. Quand un arbitre est convaincu, il doit le sanctionne­r mais il y a parfois ce sentiment de culpabilit­é, à savoir cette difficulté à percevoir l’action et donc à rajouter des appels à la vidéo. Il a souvent besoin de plusieurs angles pour juger, ce qui a pour conséquenc­e de multiplier les appels et donc de prendre encore plus de temps. Mais, je le répète, il faut être encore plus sévère, notamment sur les phases de déblayages trop lointains des zones de plaquage. Là, il peut aussi y avoir des sanctions a posteriori. Mais aller plus loin dans les règlements n’est pas évident. Le législateu­r se penche dessus mais, quand on touche à une règle, cela en impacte d’autres. J’entends ainsi l’idée de plaquer simplement en dessous de la taille mais cela implique une difficulté encore plus accrue pour l’équipe adverse de récupérer le ballon et donc des répercussi­ons sur la continuité du jeu. C’est d’une grande complexité. Quand j’évoquais une grande concertati­on, je pensais notamment aux entraîneur­s. On doit tous travailler les uns avec les autres, main dans la main, et eux ont l’obligation de prohiber certaines attitudes. C’est une prise de conscience collective.

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