Midi Olympique

« Mon frère m’envoyait de l’argent »

- Propos recueillis par Léo FAURE, envoyé spécial leo.faure@midi-olympique.fr

Comment ressentez-vous le fait d’affronter l’Afrique du Sud, votre pays, avec le maillot de l’équipe de France ?

Bien sûr qu’il y aura des émotions. C’est bizarre, certes, mais je le vis comme une fierté. Je suis vraiment fier de revenir en Afrique du Sud en portant les couleurs de la France. Ça fait tout de même dix ans que je vis en France, j’en ai pris la nationalit­é. Ce n’est pas rien. L’Afrique du Sud, c’est mon pays de naissance donc les émotions seront forcément spéciales au moment d’entrer sur le terrain. Mais il faut laisser tout cela de côté. Il y a un match et c’est le plus important. Surtout après notre performanc­e de la semaine dernière.

Est-ce un discours de façade ou parvenez-vous vraiment à mettre ces émotions de côté ?

C’est forcément délicat pour moi. (il marque une pause, ému) Revenir ici dix ans après pour affronter les Springboks pour la première fois, ça a une significat­ion énorme. Je me revois encore à mon arrivée en France. Ma famille a fait des efforts énormes pour moi, mon frère m’envoyait de l’argent pour boucler mes fins de mois. Ce sera une immense émotion que de jouer ici, à Durban, où j’ai évolué deux saisons quand j’étais plus jeune. Surtout sous les yeux de ma famille, qui a toute effectué le déplacemen­t.

Sans exception ?

Oui, tout le monde sera là : mes parents, mes trois frères et soeurs, mes neveux et nièces, également mon épouse et mon fils. Mon petit Clermontoi­s… (il

sourit) Quand je vous dis que la France m’a beaucoup donné, cela va au-delà du rugby. C’est en France que j’ai grandi en tant qu’homme, c’est là que j’ai fondé une famille. Je suis très fier de mon parcours, très fier de porter ce maillot français. Je n’échangerai­s aucune de mes sélections en Bleu contre le moindre match avec les Springboks.

Pour ce deuxième test, la France doit-elle gagner ou, au moins, rivaliser ?

Il y a l’envie de mieux faire, c’est évident. On a été dominés dans tous les secteurs, il ne faut pas se le cacher. Il manque des joueurs, d’accord, la saison a aussi été longue. Mais ces excuses ne sont pas suffisante­s pour justifier la prestation. Nous aspirons à être une grande équipe du concert internatio­nal. On le répète et on l’affirme. Mais ça ne colle pas avec ce que nous avons montré. Il nous faut élever le niveau dans tous les secteurs.

Quel secteur avez-vous ciblé cette semaine à l’entraîneme­nt ?

Tous et aucun en particulie­r. Parce que, comme je le disais, nous avons été battus dans tous les secteurs ! On sait aussi que le challenge sera plus dur encore, parce que les Springboks ont engrangé de la confiance après le match de la semaine dernière. Notre défi, c’est celui du physique. Nous n’avons pas le choix. Si on ne rivalise pas dans le combat, il n’y a rien à construire derrière. La priorité est là.

Les Springboks sont-ils, à vos yeux, de retour sur le devant de la scène ?

Calmons-nous, ils ont gagné un match et contre une mauvaise équipe de France ! Mais l’Afrique du Sud est une nation fière, je suis bien placé pour le savoir. Je sais qu’ils ne veulent pas s’arrêter là. Leur année dernière a été extrêmemen­t pauvre et ils ne peuvent en rester là. Les Springboks seront de nouveau une grande équipe, je ne me fais pas de soucis pour eux. Leur potentiel intrinsèqu­e, je ne suis pas là pour le juger. Mais leur confiance en eux va revenir. Dès lors, oui, ils seront de retour parmi les meilleures sélections du monde. Il faut nous en inspirer.

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Photo Icon Sport Scott Spedding, le plus bleu des Sud-Africains, jouera devant sa famille.

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