Midi Olympique

« Gagner le respect »

17 ANS APRÈS AVOIR BATTU LES BLACKS SOUS LE MAILLOT AUX NUANCES DE BLEU, LE MANAGER DU LOU EST DEVENU, AVEC JACQUES DELMAS, L’ENTRAÎNEUR DES BARBARIANS. IL LIVRE ICI SES ATTENTES AVANT LE TEST DE VENDREDI FACE AUX EMERGING BOKS.

- Propos recueillis à Durban par Nicolas ZANARDI

On imagine que vous êtes particuliè­rement ravi de participer à cette tournée en compagnie de votre ancien acolyte du RCT Jacques Delmas…

(il sourit) Lorsque Denis Charvet m’a contacté pour me proposer de diriger les Barbarians, mon premier réflexe a été de lui demander quelques instants de réflexion, le temps de prévenir mon club. Je n’avais pas été consulté mais lorsque j’ai su qu’il s’agissait de travailler avec Jacques Delmas, j’en étais d’autant plus heureux, en effet. Ce n’est pas anodin, après ce que nous avons vécu ensemble avec le RCT. Ça l’est d’autant moins que nous travaillon­s de manière très rapprochée avec le XV de France.

On a cru comprendre que vous travaillez depuis quinze jours à l’élaboratio­n d’un petit projet de jeu, ce qui dénote dans l’univers Baa-Baas…

L’état d’esprit du BRC existe, il faut qu’il perdure. Après une saison de onze mois, aussi stressante, tout le monde aspire à retrouver un peu de liberté dans ce qu’il entreprend. Tout ce que j’ai fait, c’est de proposer un cadre très libre avec seulement quelques repères, quelques lancements. Juste un document de quelques feuillets pour que tout le monde puisse se retrouver assez vite et se préparer pour un match de très bon niveau.

Pour vous le perfection­niste, on imagine que cette expérience en tant qu’entraîneur des Barbarians doit être enrichissa­nte…

Vous me connaissez, je n’aime pas trop l’à-peu-près et le fait de laisser certaines choses au hasard. Pour moi, c’est donc une bonne expérience, même si les joueurs ne sont pas stupides et savent bien qu’un minimum de cadre est nécessaire. Tout ce qu’on leur demande, c’est de vite switcher par rapport aux à côtés et de répondre présent sur le terrain, où la seule consigne que nous leur donnerons sera de prendre du plaisir.

Justement : comment concilier l’état d’esprit du BRC avec l’obligation de résultat, du moins de comporteme­nt, qu’implique son intégratio­n au calendrier internatio­nal ?

Je vais vous répondre franchemen­t : pour les Barbarians, dans ce grand pays de rugby qu’est l’Afrique du Sud, il s’agira en premier lieu de gagner le respect de l’adversaire. Pour m’intéresser beaucoup au Super Rugby, je peux vous assurer qu’il y aura des joueurs de très grande qualité en face de nous, tous susceptibl­es d’être appelés par les Springboks en cas de blessure.

À ce titre, les joueurs sont-ils tous dans les mêmes dispositio­ns en termes d’état d’esprit ?

En fait, dans notre effectif, il cohabite trois catégories de joueurs. Ceux qui sont proches de l’équipe de France, et qui ont tout intérêt à tirer leur épingle du jeu par rapport aux Bleus tout en restant dans le cadre du collectif. Ceux qui sont là en récompense de leur très bonne saison, sans plus d’espoir que cela par rapport aux Bleux. Et des joueurs comme Fred Michalak, Clément Poitrenaud, Arnaud Mela ou Fabrice Estebanez, qui disputent les derniers matchs de leur carrière. C’est d’ailleurs par rapport à ces joueurs-là qu’il est important de véhiculer l’esprit Barbarians. Car c’est autour d’eux que pourra naître une cohésion, cet état d’esprit si particulie­r qui fait qu’en trois jours on peut réaliser des miracles.

Vous avez été joueur sous le maillot des Barbarians…

(il s’anime) J’ai eu la chance de porter le maillot des Baa-Baas, à Lens en 2000, face à la Nouvelle-Zélande. Et nous l’avions emporté (23-21, N.D.L.R.). Quand je vous dis qu’une équipe peut faire des miracles avec trois jours de préparatio­n, c’est que je l’ai vécu. Cela reste d’ailleurs un des grands moments de ma carrière de joueur. Battre les All Blacks après une semaine comme celle-là, c’était juste magique. En tant qu’entraîneur, battre cette belle équipe des Emerging Boks aurait la même saveur.

Dans cette optique, vous avez reçu des renforts inattendus, comme ceux de Fabrice Estebanez ou Clément Poitrenaud, sans oublier Jonathan Danty et Anthony Jelonch, membres de la tournée du XV de France…

Certaines choses avaient été prévues, d’autre moins… Le fait est que Danty et Jelonch devaient initialeme­nt faire partie de notre liste, et ont finalement été intégrés à celle du XV de France. Avec les Bleus, il y a un échange permanent, notamment entre Guy Novès et Thomas Lombard ou Denis Charvet. Tout le monde a seulement envie de voir évoluer ces joueurs dans le contexte d’un test-match, donc nous avons dû nous adapter. Et rien ne dit que la semaine prochaine, en fonction des blessures, ce n’est pas le XV de France qui fera un geste en faveur des Barbarians.

Vis-à-vis de votre groupe, cela ne pose-t-il pas de problème ?

Nous l’avons expliqué aux joueurs, bien sûr, qui ne sont pas bêtes et comprennen­t les contrainte­s d’une tournée. Ils ont bien compris que l’intérêt général état celui du XV de France mais que si nous avions quelques blessés, les Bleus nous dépannerai­ent. Honnêtemen­t, tout ce qui se passe cet été en Afrique du Sud va dans l’intérêt du rugby français, puisqu’il s’agit de faire acquérir un maximum de temps de jeu à des espoirs du poste.

Plusieurs joueurs abattront une carte importante par rapport au XV de France, puisque c’est dans les rangs du BRC que Guy Novès viendra piocher d’éventuels remplaçant­s. Le rythme de vie d’une tournée des Barbarians est-il conforme à cette attente ?

Quand on s’engage avec le BRC, il faut bien sûr profiter, mais aussi de responsabi­liser individuel­lement. J’ose espérer que les joueurs susceptibl­es d’être appelés par le groupe France auront eu l’intelligen­ce de s’être bien comportés en semaine… ais l’essentiel est qu’ils répondent présent sur le terrain.

 ?? Photos Icon Sport ?? Pierre Mignoni à l’entraîneme­nt, entouré des Barbarians qui défieront l’Afrique du Sud A, ce vendredi à 16h45, au Moses Mabhida Stadium de Durban. À droite, Jonathan Danty et Anthony Belleau.
Photos Icon Sport Pierre Mignoni à l’entraîneme­nt, entouré des Barbarians qui défieront l’Afrique du Sud A, ce vendredi à 16h45, au Moses Mabhida Stadium de Durban. À droite, Jonathan Danty et Anthony Belleau.
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