Midi Olympique

DURBAN, 24 ANS APRÈS…

- Par Nicolas ZANARDI, envoyé spécial nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Kobus Wiese est un colosse. C’était déjà le cas du temps de sa splendeur, lorsqu’il jouait le rôle de portefling­ues des Springboks champions du monde en 1995 aux côtés de Mark Andrews ou Hannes Strydom. Mais aujourd’hui, quand plus de vingt ans se sont écoulés et qu’autant de kilos - au très bas motse sont agglutinés autour de la carcasse déjà imposante, on vous laisse imaginer... Eh bien, figurez-vous que lorsque pareil individu vous fonce dessus au détour d’un entraîneme­nt des Springboks auquel vous n’étiez pas forcément invité à assister, vous ne faites pas nécessaire­ment le malin. Et lorsque celui-ci vous accoste de sa voix rauque « You French, guy ? » (« Tu es Français, mec ? »), les jambes tremblent un peu, et le mensonge devient impossible…

Alors, soyez rassuré pour l’auteur de ces lignes, l’interpella­tion n’était finalement qu’amicale. C’est que Kobus Wiese, devenu homme de télévision influent, avait seulement été interpellé par un nom de l’effectif tricolore, et souhaitait en avoir le coeur net. « Ce Damian Penaud qui joue à Clermont, c’est le fils d’Alain, l’ancien ouvreur? » On peut ici vous assurer, après notre réponse par l’affirmativ­e, avoir vu tout un pan de passé refaire subitement surface dans les yeux du colosse. « Ouah, ça me ramène 24 ans en arrière… J’ai joué contre son père, vous vous rendez compte ? C’était ma première sélection, ici à Durban. Il avait marqué un drop, d’ailleurs. Les Bleus nous avaient contraints au match nul, et j’avais été viré de l’équipe pour le deuxième test. Les avants français nous avaient tellement mis à mal que j’avais ensuite mis quasiment deux ans à retrouver ma place chez les Springboks... »

TAOFIFENUA, NTAMACK, ROUMAT ET LES AUTRES...

Ainsi s’écrit l’histoire. Quasiment 24 ans jour pour jour après son père, Damian Penaud foulera la pelouse du Kings Park Stadium de Durban pour y affronter les Springboks. À l’époque, évidemment, celui-ci n’était même pas né. Et le contexte était évidemment tout autre, puisque les Bleus de Pierre Berbizier luttaient alors, durant leurs tournées d’été, les yeux dans les yeux avec les cadors mondiaux, remportant cette série de tests en Afrique du Sud avant de récidiver l’année suivante en Nouvelle-Zélande. Depuis, de l’eau a passé sous les ponts, bien sûr. Et si le rugby français a incontesta­blement perdu de sa superbe, il n’en compte pas moins sur sa nouvelle vague pour redorer son blason.

Le nom de Penaud fait évidemment figure de symbole.Tout comme celui de Romain Taofifenua qui honorera sa première sélection sous l’ère Novès et dont le père, quelques semaines avant ce test de Durban, avait perdu la finale la plus injuste de l’histoire du championna­t de France, avec Grenoble contre Castres.Vingt-quatre ans après donc, une nouvelle génération arrive aux affaires pour participer au grand renouveau du rugby français, en attendant Alexandre Roumat, Romain Ntamack (ce dernier ayant fraîchemen­t été invité sur la liste « élite ») et leurs copains des moins de vingt ans. À Damian, dès samedi, de leur montrer le chemin.

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