Son ascension vue par Franck Azéma
«Dans nos discussions de début de saison avec Xavier (Sadourny, entraîneur des buteurs, en charge de la formation et des «skills»), nous avions anticipé le fait que Damian aurait plus de temps de jeu. Au point d’enchaîner autant ? Peut-être pas... On l’a laissé un peu plus tranquille en septembre. Trois mois plus tôt, il avait disputé la Coupe du monde des moins de 20 ans et n’avait donc pas pu passer son Bac. Il fallait qu’il le passe en septembre... Ensuite, il est revenu avec nous.»
«Quand il était plus jeune, Damian n’avait pas la nécessité de beaucoup travailler. Il était naturellement au-dessus des autres, ça lui suffisait. Mais depuis son arrivée, les anciens du groupe sont après lui. Ils ne l’ont pas lâché de septembre à janvier, le pourchassant sur son obligation de plus travailler. En janvier, il a basculé. La blessure de Wesley (Fofana,) a naturellement accéléré son processus. Un début de carrière se fait souvent sur la blessure d’un plus vieux. Quand Damian a compris qu’il aurait des chances d’enchaîner, son comportement a évolué. Il a notamment compris l’importance de la préparation, en semaine. Il avait tendance à ne se focaliser que sur le match. Là, il s’est mis à réfléchir à son avantmatch, sa récupération et sa réhabilitation, à la mise en place d’une stratégie et tout ce qui touche le travail des skills. Il a compris que le rugby professionnel, ce n’était pas qu’un match le samedi.»
«Ça ne m’a pas vraiment surpris. D’abord, j’écoutais ce que Xavier Sadourny me disait de lui depuis un an. Il est toujours de bons conseils… Ensuite, je voyais ce que Damian faisait à l’entraînement. Quand un gamin est capable de créer des écarts face à Rougerie, Stanley, Fofana ou Lamerat, il peut le faire face à n’importe qui. Sa qualité de base, je la connaissais donc. Le doute venait plutôt de son comportement. J’avais besoin de voir s’il se prendrait au jeu de la compétition, s’il pourrait être un moteur à sa manière ou s’il se contenterait de rester sur le portebagages. Il a eu cette « gnac ». Il fallait aussi que je vois comment il gérait la pression dans les matchs de plus grande importance. Damian est quelqu’un de très décontracté pendant la semaine mais à l’approche d’un grand match, on peut prendre du stress. Sur tous ces points, il a répondu favorablement.»
«Il a d’abord été dans les groupes des premières phases finales, celles de Coupe d’Europe. J’avais besoin de l’investir pour qu’il prenne de l’expérience. À chaque fois, ses entrées en jeu ont été positives : très peu de déchet et des actions déterminantes. Je l’ai ensuite pensé apte à démarrer sur les phases finales de Top 14. L’avantage, c’est que je m’assurais la présence d’un leader frais, « Roro », sur les fins de match. C’est d’ailleurs lui qui le premier m’a dit :
« fais débuter le gamin ». Aurélien, il est comme ça. La classe… Il avait compris que Damian allait participer à impulser l’équipe et créer une histoire différente sur la fin de saison.»
«Damian est dans une période euphorique, où tout lui sourit et où ses adversaires ne le connaissent pas encore très bien. Il surprend tout le monde, en permanence. Ça ne va pas durer. Bientôt, il va être étudié et surveillé. Il devra trouver d’autres solutions. Il va aussi commencer à intéresser tout le monde, à l’extérieur, et chacun donnera son avis. « Il ne fait pas assez de passes, ne court pas assez vite, ne défend pas assez fort». Souvent, ce sont des conneries mais les joueurs s’y perdent. Il va lui falloir digérer cette période. (il marque une pause) C’est un gamin qui a du mental. Il va y arriver.»