Midi Olympique

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BERCÉ D’ILLUSIONS APRÈS SA TROISIÈME PLACE LORS DU DERNIER TOURNOI DES 6 NATIONS, LE RUGBY FRANÇAIS A PRIS UN RETOUR DE BÂTON TERRIBLE EN AFRIQUE DU SUD ET MESURÉ SES INSUFFISAN­CES, QUE TOUS LES BEAUX DISCOURS AUX JOUEURS ET AUTRES APPELS À LA RÉVOLTE NE

- Par Nicolas ZANARDI, envoyé spécial nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

À L’IMAGE DE GAËL FICKOU, ICI RAFFUTÉ PAR SIYA KOLISI, LES BLEUS ONT UNE FOIS ENCORE SUBI LA PUISSANCE, LA VITESSE ET LE RYTHME DES SPRINGBOKS. DÉPASSÉ, LE XV DE FRANCE DOIT SAUVER L’HONNEUR.

37-15encoreLe­s deux chiffres sont là, sans ambiguïté aucune, pour symboliser la différence de niveau entre un rugby sudafricai­n convalesce­nt mais

loin de son meilleur état de santé, et celui de France. Un constat d’autant plus fort, et pertinent, que ce score concerne à la fois celui des équipes nationales senior, battue à Durban, et moins de vingt ans, dépassée à Tbilissi. Tout sauf un hasard, si l’on veut bien se souvenir que le premier test de Pretoria avait accouché d’un score aussi sévère que juste (37-14). Alors, si le match des « réserves » des deux nations (Emerging Springboks d’un côté, Barbarians français de l’autre) est là pour nuancer un tantinet le jugement avec un score de 36-28, difficile de nier l’immense chantier qui attend le rugby français. Que ce dernier, bercé par le miroir aux alouettes de sa troisième place dans le Tournoi après son étouffante fin de match face aux Gallois, avait presque fini par oublier... Pour preuve, ces déclaratio­ns en « off » de joueurs français avant le premier test, intimement persuadés de pouvoir battre les Springboks sur les trois tests… Pareille auto-surévaluat­ion ne pouvait décemment pas durer, et les Bleus se sont pris le retour de bâton en pleine figure. D’ailleurs, World Rugby a statué vendredi sur l’affaire opposant les Français aux Gallois, infligeant un « blâme » au XV France pour défaut de communicat­ion, après l’accusation faite par les Diables rouges d’avoir triché sur ses remplaceme­nts. Comme si la réalité avait, en ce week-end symbolique de 18 juin, définitive­ment rattrapé le rugby français...

LAPORTE ET NOVÈS

SUR LA MÊME LONGUEUR D’ONDE

S’en plaindre ? Surtout pas. Au contraire... Ce constat d’échec et d’impuissanc­e, symbolisé par ces longues séquences de jeu stériles des Bleus devant la ligne d’en-but sud-africaine, doit définitive­ment servir de déclencheu­r. Devant l’impératif d’un XV de France fort, les barrières doivent tomber. Les mains tendues entre la LNR et la FFR ? Bien, mais clairement insuffisan­t. Cette guerre d’egos dans l’aréopage des Bleus ? Nul et non avenu. Au vrai, le rugby français semble constituer un intérêt éminemment supérieur pour que le président de la FFR et le sélectionn­eur du XV de France se répondent autrement que par voie de presse. Cela fut d’ailleurs le cas, dans l’intimité de l’hôtel Beverly Hills, où Laporte a conforté Novès et ses choix jusqu’en 2019, l’assurant devant les joueurs de son soutien quant à la gestion du cas de Djibril Camara (qui en avait ému certains...) ainsi que des Rochelais, coupables d’avoir manqué leur train après la demi-finale perdue face à Toulon. « Le discours du président est allé dans la continuité de celui du staff, résumait Jefferson Poirot, un des rares joueurs à avoir existé sur la pelouse du Kings Park. Ce qui est bien et rassurant, c’est que tout le monde tire dans le même sens, on a pu le vérifier à travers ce discours. On a pour nous un staff qui a de la gueule, un président qui aussi de la gueule. Ça va faire avancer les choses. A nous, les joueurs, d’avoir désormais de la gueule. »

DES MENTALITÉS EN QUESTION

Reste que ces derniers ne pourront tout faire tout seul. Car si ces derniers ne sont pas exempts de tous reproches en termes de comporteme­nt hors et sur le terrain, force est de constater que le cadre dans lequel ils évoluent ne les aide pas non plus. Gaël Fickou s’en est ému (lire en page 5), tout comme Jeff Dubois, pour qui le sentiment d’impuissanc­e déploré à Durban doit pour beaucoup au rythme du Top 14. « Il faut qu’il y ait une remise en question de notre championna­t, soulignait l’entraîneur des trois-quarts. Je pense qu’il faut que le Top 14 évolue, pour que nos joueurs internatio­naux s’habituent de plus en plus à cette vitesse d’exécution. On a l’impression d’être dépassé. Mais est-ce que les arbitres peuvent le faire ? Est-ce que les équipes vont adhérer ou non ? Les cultures sont tellement ancrées dans les clubs… Nous, nous sommes persuadés que l’effectif existe, on sait où on veut aller. Mais tout le monde va devoir faire des efforts supplément­aires. » Déjà vu et entendu, ce discours ? Évidemment. Sauf qu’il est définitive­ment temps qu’en plus des structures, ce soient les mentalités qui évoluent. À tous les niveaux, à commencer par les joueurs...

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