Midi Olympique

« Si on ne doute pas là... »

- Propos recueillis à Durban par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

On imagine la frustratio­n terrible qui doit vous animer après une telle rencontre, et une telle stérilité offensive…

Oui, c’est dur. Parce qu’autant sur le premier match on pouvait se reprocher des choses dans l’engagement, autant cette fois-ci, personne n’a triché. Nous avons réussi à trouver quelques solutions sur les extérieurs, puisque nous marquons deux essais, plus un qui est justement refusé, et qu’on réussit à les franchir à plusieurs reprises… Mais globalemen­t, encore une fois, l’équipe a péché dans la finition. Il n’y a rien qui voulait marcher. Les Sud-Africains ont mis un énorme coeur en défense, ont réussi à récupérer pas mal de ballons en attaquant tous les regroupeme­nts. Et leur efficacité sur ces ballons-là a fait la différence.

Une fois de plus, l’inefficaci­té du XV de France dans les zones de marque s’est avérée terrible…

C’est cela. Que voulez-vous que je vous dise ? On se répète match après match, mais il n’y a rien d’autre à dire. Sinon travailler et travailler encore jusqu’à ce que nous trouvions des solutions.

Pourtant, tout avait débuté comme dans un rêve, avec un essai de tableau noir sur cette combinaiso­n que vous répétez depuis votre arrivée en Afrique du Sud…

C’est ça, nous commençons très bien avec ce joli mouvement et cet essai de Scott. Mais après, dans ces moments où il faut être très rigoureux, l’équipe n’est pas parvenue à ressortir proprement de notre camp, et nous nous sommes fait contrer. Lorsqu’ils ont de bons ballons de turnover à jouer, les Springboks les manquent rarement… Nous avons parfois manqué de soutien, pas toujours eu non plus les meilleures attitudes au contact ou au sol. Et nous l’avons clairement payé cash.

L’essai de Kolisi, concédé sur intercepti­on, constitue-t-il le tournant du match à vos yeux ?

On a essayé de tenter des choses… Oui, cette intercepti­on fait mal, on ne va pas se mentir. Comme lors du premier test, les Sud-Africains n’ont pas eu besoin de grand-chose pour marquer des essais, sur des ballons que nous leur offrons. Mais si nous leur offrons, c’est peut-être aussi parce qu’à un moment donné, on a essayé de tenter des choses impossible­s, parce qu’on se sentait impuissant.

Des tribunes, on avait tout simplement le sentiment que les Springboks étaient tout simplement plus forts que vous, plus toniques, plus costauds. Le partagez-vous ?

Plus forts, oui, ils le sont. Ils nous ont mis à mal dans le jeu au sol, ils ont réussi à nous coincer debout. Ils sont plus costauds que nous, c’est une certitude.

De ce point de vue, la sortie de Louis Picamoles, l’un des seuls joueurs Français à soutenir la comparaiso­n dans l’épreuve de force, a dû vous faire d’autant plus mal…

Mais en équipe de France, on ne doit pas dépendre d’un seul joueur ! Lorsqu’un truc comme ça arrive, on doit pouvoir y faire face. Bien sûr que Louis est important dans notre dispositif, mais l’équipe doit tout de même pouvoir tourner lorsque Louis Picamoles et Guilhem Guirado ne sont pas là. On doit pouvoir s’adapter à toutes les situations.

Après un pareil match, l’équipe ne risque-t-elle pas de sombrer dans le doute en vue du troisième test ?

Le doute s’est installé, bien sûr. Quand on est compétiteu­r, que l’on prend deux fois 37 points, en ayant le sentiment de ne pas pouvoir faire mieux, c’est normal de douter. Si on ne doute pas là, c’est qu’on n’est pas un joueur de haut niveau. Et c’est énervant… Parce que nous nous étions bien remontés toute la semaine, parce que nous pensions vraiment pouvoir hisser notre niveau à hauteur du leur, et qu’au final nous ne retiendron­s que ce sentiment d’impuissanc­e. Le dégoût, il y est, l’amertume et l’énervement aussi. Les mots sont durs, mais je sais ce que je dis. Je suis dégoûté, parce que l’on s’entraîne à 200 % toute l’année, qu’on fait d’énormes sacrifices -même si attention, je ne m’en plains pas car je l’ai choisi- mais les résultats ne sont pas là. Donc, on va devoir bosser deux ou trois fois plus dur pour atteindre leur niveau, parce qu’ils ont deux bras et deux jambes comme nous, mais ils sont deux fois plus forts. Donc, c’est énervant. On va faire le dos rond un petit moment, mais on va surtout continuer à bosser et j’espère que l’on reviendra plus fort. On se remettra en question jusqu’à ce que cela veuille enfin nous sourire.

 ?? Photo IS ?? Pour le trois-quarts centre tricolore, le constat est inquiétant.
Photo IS Pour le trois-quarts centre tricolore, le constat est inquiétant.

Newspapers in French

Newspapers from France