DES FAUVES ENFIN LIBÉRÉS ?
PAS FRANCHEMENT CONVAINCANTS DEPUIS LE DÉBUT DE LA TOURNÉE, LES LIONS BRITANNIQUES ET IRLANDAIS ONT REGAGNÉ DE LA CONFIANCE EN DOMINANT LES MAORI ALL BLACKS. UN SUCCÈS TOUTEFOIS BÂTI SUR UN RUGBY PRAGMATIQUE VOIRE MINIMALISTE, DONT ON SE DEMANDE S’IL SUFF
Avec seulement deux victoires (étriquées) en quatre rencontres, les Lions britanniques étaient clairement sous pression à l’heure de défier les Maori All Blacks, sélection des meilleurs joueurs possédant une descendance maorie. Déjà vaincus par deux franchises néo-zélandaises (les Blues et les Highlanders), les Lions n’avaient plus vraiment de temps à perdre, d’autant que le premier vrai test face aux Blacks avance à grand pas : après une dernière répétition générale à Hamilton mardi face aux Chiefs, les hommes de Warren Gatland croiseront le fer avec les Blacks à l’Eden Park d’Auckland. Ajoutez à cela de la pluie, un ballon glissant et un sélectionneur qui a toujours prôné un rugby axé sur le défi physique, et vous obtiendrez le cocktail fatal à tous les esthètes de ce jeu.
GATLAND : « NOUS LES AVONS ÉTOUFFÉS »
Dans ce contexte hostile, la colonie britannique n’a pas fait dans la dentelle. Elle s’est appuyée sur un plan de jeu ultra-simple pour s’imposer : un pack de fer, jeu direct avec des avants dominateurs et des colosses au centre du terrain (Te’o puis Roberts en suivant) et des chandelles. Beaucoup de chandelles, tapées par Conor Murray et Jonathan Sexton sur l’arrière James Lowe qui fut clairement identifié comme cible prioritaire par les Lions. Mais pourquoi donc ? Le joueur des Chiefs a marqué onze essais en treize apparitions avec sa franchise… Problème, son manager Dave Rennie l’utilise à l’aile et Lowe n’avait pas disputé la moindre minute au poste d’arrière avant ce match. Résultat, le futur joueur du Leinster a été sous pression, et a commis bon nombre
de bévues, laissant les Lions faire le siège du camp des Maoris. La suite, vous la connaissez. Un pilonnage en règle, dans lequel les Kruis, M. Vunipola, Itoje, O’Brien, Faletau, Furlong et George ont usé les Maoris, qui ont fini par accumuler les fautes que Leigh Halpenny s’empressa de convertir en points. Vingt, au total pour l’arrière gallois. À la fin de la rencontre, le sélectionneur Warren Gatland ne cachait pas sa satisfaction : « C’était pas mal non ? Si vous regardez les chiffres de l’occupation et de la possession, nous avons dominé. Nous avons réglé quelques détails à la mi-temps, mais j’ai trouvé que nous avons joué un bon rugby, et que nous avons maîtrisé le match. En clair, nous les avons étouffés. » SUFFISANT POUR VAINCRE LES BLACKS ?
Rivalité ancestrale oblige, les propos du sélectionneur suintaient même l’autosatisfaction : « Dans les précédents matchs, nous avons trop joué entre les lignes des dix mètres, et nous sommes retrouvés sous pression. Ce soir, nous avons trouvé de l’avancée, tout en défendant correctement. En définitive, ils ne nous ont jamais vraiment mis sous pression. Même l’essai qu’ils ont marqué est
chanceux. » Gatland n’a pas tort. Supérieurs dans bien des secteurs, ses Lions n’ont jamais vraiment été inquiétés. Mais dès lors, une question se pose : est-ce que ce jeu minimaliste et pragmatique suffira à vaincre les Blacks ? Peut-être. Mais pour cela, il faudra que le pack britannique muselle son homologue comme il l’a fait contre les Maoris. Ugo Monye, l’ex-ailier anglais devenu consultant pour les médias anglais se voulait optimiste : « Sur la dimension physique, la conquête, la vitesse de ligne et le jeu au pied, ces Lions peuvent vaincre les Blacks. Seulement, ils devront encore élever leur jeu de 10 à 20 % pour espérer le faire. » Les Lions seront-ils capables de le faire ? Réponse samedi soir. ■