LA TOURNÉE DU PATRON
Le patron avait donc décidé de remonter les bretelles de ses ouailles. C’est réussi : un point de plus au score final : 37 à 15 au lieu de 37 à 14 ! Ça valait le voyage à Durban ! Au fait, lorsqu’un patron de bar remet la sienne, c’est un moment de générosité, de convivialité, d’échanges et non une attitude menaçante ou contraignante. Mais finalement, ce rugby de petits tas, d’affrontements sur un mètre carré qui en est le porteur ? Qui en a fait son credo ? On s’emmerde ferme en Top 14. Oui on s’emmerde, et aussi pendant cette tournée. Depuis quelques années, on aime le jeu des Ecossais, qui viennent de battre, chez eux, l’Australie grâce à leur qualité de relance et parce qu’ils font vivre le ballon.
Nous, on percute, la passe est quasi interdite et les gros retraités de l’hémisphère Sud sont notre panacée. Tiens, la seule satisfaction de cette triste soirée : Penaud, remarquable, n’a eu du temps de jeu en club et maintenant en équipe de France que du fait de la blessure du talentueux Fofana. Ce qui autorise à une proposition : les jokers médicaux devraient être obligatoirement des espoirs du club, aucune permission externe. Qui est contre cela, à part les agents ? Le french flair était springbok, on est passé de packs rugueux à des antilopes remarquables. Ce numéro 6 (Kolisi) a été prodigieux en défense, en relance et en coup d’oeil. Alors, Messieurs qui nous dirigent, il faudra que vous accédiez, si vous en êtes capables, à un projet utile plutôt que d’adopter des postures dépassées. Vivement le Tournoi des 6 Nations, avec un France - Italie qui se jouera à Marseille, ville peuplée de descendants italiens... Savez-vous, à ce propos, qu’au début de l’autre siècle, 63 % des émigrés étaient d’origine italienne ! Chiffre plus jamais atteint et qui éclaire la médiocrité de toute attitude anti-migratoire...
Stupéfiants commentaires lors du premier essai français ! On était dans la partie, la prophétie présidentielle allait se réaliser ! Quel mépris pour l’autre équipe ! Comme si toutes les équipes ignoraient que le combat est premier. Mais, pour vaincre, il faut jouer, pas aller « péter », jouer comme leur n°6 !
Il va falloir, alors, au risque d’un abandon affectif que les choses changent. Que lors du troisième test, on envoie du jeu de tous les côtés. Si on perd, on s’en fiche : on a déjà perdu. Le risque, c’est le repli au cabanon pour rêver, penser à autre chose. Sans doute, Guy Novès doit s’évader vers sa maison d’été, au bord de l’eau. En se demandant ce qu’il fait là. Nous sommes, à l’orée de grands changements, et c’est le peuple du rugby qui va descendre dans les stades. La Rochelle, cette année, a montré le chemin. Dommage qu’en demie, les Maritimes aient abandonné leur jeu et que la stratégie de cache-cache a faussé le match.
Comment Dupont et Serin ne brillent pas plus ? Même sur les récupérations, on a manqué de tonus. Ce Top 14 de brutes ne serait-il pas épuisant ? Comme beaucoup, j’ai été sidéré par les deux pages de L’Équipe du 15 juin, avec le titre : « Laporte attaque » mais justement, l’équipe de France, elle, n’attaque plus !