COMMENT ÉVITER LE PIÈGE ?

CELA PEUT SEMBLER PARADOXAL MAIS SI LES BLEUS SE FONT SI SOUVENT ROSSER FACE AUX NATIONS DU SUD, C’EST EN FOURNISSANT À CES DERNIÈRES DES OCCASIONS DE LE CONTRER.

C’est l’histoire d’une équipe valeureuse, qui tient le ballon jusqu’à l’épuisement, avant de se faire corriger en contre. Cela ne vous rappelle rien ? À nous, si… Celle trop souvent constatée du XV de France en tournée. Lequel, moins affûté physiquement (entre manque de préparation et fatigue de fin de saison) finit systématiquement par se faire corriger par les sélections du Sud, en faveur desquelles tourne toujours le rapport de force… Nouvelle-Zélande en 2013, Australie en 2014, et désormais l’Afrique du Sud en 2017. En quatre ans, lors de toutes ses tournées chez les grands du Sud, les Bleus auront connu leur lot de déculottées aux ressorts identiques, du célèbre « three turnovers, three tries » de PSA aux « essais trop faciles à zéro passe » déplorés par Guilhem Guirado. Évoquer le hasard ? Ce serait décidément mal connaître le rugby. La preuve absolue est d’ailleurs survenue le week-end dernier, puisque les Afrique du Sud-France des grands comme des moins de vingt ans se sont achevés par des scores similaires de 37-15, et surtout des scénarios strictement jumeaux. « Les deux matchs étaient assez semblables, confirmait le jeune demi de mêlée Antoine Dupont, témoin privilégié. Dans les deux matchs, les Français ont tenu le ballon plus longtemps que les Sud-Africans, qui ont très bien défendu et se sont servis des ballons de récupération pour nous punir. Parce qu’ils sont capables d’être plus tranchants que nous sur certaines actions, et sont mieux préparés que nous à répondre présents sur des séquences très longues. »

GUIRADO : « ARRÊTER DE FAIRE DES CADEAUX »

Alors quoi ? Faut-il se résigner ? Le capitaine Guirado n’était en tout cas clairement pas de cet avis, appelant de ses voeux un léger revirement tactique. « Il faut désormais trouver le bon équilibre entre la nécessité de tenir le ballon et le fait d’être un peu plus pragmatique, en arrêtant de faire aux Springboks des cadeaux dont ils n’ont pas besoin. »

En clair ? Cesser de tenir le ballon stérilement ou de chercher des passes après contact impossibles, pour mieux assurer les libérations (notamment par le biais d’un travail avant et après contact différent des porteurs de balle, qui ne devront pas hésiter à viser les hanches et travailler davantage au sol) et d’imposer davantage de pression, notamment par le biais du jeu au pied. Quitte à en abuser ? Et pourquoi pas ! Le but étant simplement de fournir le moins possible d’occasions aux Springboks de provoquer des turnovers, eux qui ne sont jamais aussi heureux que lorsqu’ils n’ont qu’à défendre et contrer. Et qui sait, les faire céder à l’impatience pour les prendre à leur propre piège…