DUCUING, PREMIÈRE
REMPLAÇANT D’HUGET, BLESSÉ, LE BORDELAIS HONORERA SA PREMIÈRE TITULARISATION CE SAMEDI.
Nans Ducuing n’a ni les cannes de Bryan Habana, ni la percussion de Julian Savea. Mais il a séduit le sélectionneur sur l’état d’esprit. Un joueur qui vend son corps à la science et à la bonne cause. Pour l’équipe. Ce que Novès place au-dessus de tout et qu’il a pu apprécier, sur l’essai de Oosthuizen lors du deuxième test. A un mètre de la ligne, Ducuing n’a certes pas arrêté le pilier sud-africain de 130 kg, lancé. Mais il s’est mis en travers. « Au risque de laisser la santé et de finir sur un fauteuil roulant. Je ne suis pas certain que beaucoup l’auraient fait. Et je m’inclus dedans. Ce genre d’état d’esprit me plaît », appréciait le sélectionneur ce jeudi. Le joueur raconte l’action : « On s’est mis sous pression tout seul. A l’approche de la ligne, je vois Scott (Spedding, N.D.L.R.) monter dans la ligne, donc j’assure la couverture en fond de terrain. On est en place, donc je ne m’attends pas franchement à prendre un mec lancé. Sauf qu’il arrive. Sur le coup, je ne vais pas me la péter, mais je n’ai pas envie de faire le toréador. Je porte ce maillot, ce n’est pas pour rien. Donc je me lance dans ses genoux. » Pour rien ? « Je savais bien que je n’allais pas le stopper si proche de la ligne. Mais je me suis dit que sur un malentendu, il pouvait lâcher le ballon. »
« PAS LE PINGOUIN DU XV DE FRANCE »
Voilà qui justifie, aux yeux du sélectionneur, de remplacer Yoan Huget dans le XV de départ, lui-même remplaçant de Noa Nakaitaci dans l’esprit du staff. « Je sais que j’ai bénéficié d’un concours de circonstance pour être ici ». Ducuing, c’est l’homme que l’on n’attendait pas. Sans lui manquer de respect. Le garçon est d’ailleurs charmant, se livre dans une sincérité rare dans le rugby de haut niveau. Et il rebondit. « Le fait d’entendre ça, que je suis la surprise, ça me galvanise. Je n’ai pas envie d’être le pingouin du XV de France. Si je suis là, je le mérite un peu aussi ! Mais il faut désormais le prouver. Je bosse, je me donne les moyens. Après, je n’ai pas fait les choix. Pour le coup, j’en profite. » Samedi à Johannesbourg, il aura l’occasion de vraiment en profiter. Et de bien vivre sa première titularisation, comme une surprise qu’il concède aussi. « Clairement, je ne me donnais pas d’objectif sur cette tournée. J’avais juste lu que tout le monde aurait sa chance sur cette tournée, donc j’espérais. Mais je ne réclamais rien. » A lui, désormais, d’en profiter et de se lâcher. Le XV de France ne pourra pas regretter un peu de fraîcheur mentale.