Midi Olympique

« Bismarck, c’est mon maître étalon »

C’ÉTAIT À L’HÔTEL DES SPRINGBOKS. RÉVÉLATION ET HOMME DU MATCH LORS DU PREMIER TEST, IL S’ÉTAIT PRÉSENTÉ À NOUS D’UN TIMIDE « ENCHANTÉ, JE M’APPELLE MALCOLM ». AVANT DE LEVER LE VOILE SUR LA DRÔLE D’HISTOIRE QUI L’A MENÉ AU STATUT D’ENNEMI PUBLIC NUMÉRO 1

- Propos recueillis à Durban par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Vous constituez, aux yeux du public français, la révélation sud-africaine de cette tournée. Pouvez-vous rapidement vous présenter ?

Je suis né à Germiston, dans la lointaine banlieue de Johannesbu­rg. J’ai commencé le rugby lorsque j’avais une dizaine d’années, puis j’ai intégré la King Edward School, où sont aussi passés des joueurs comme Bryan Habana et Joe van Niekerk. Ensuite, j’ai eu assez de chance pour percer dans le rugby…

Vous avez tout de même reçu le titre de joueur de l’année à l’université de Johannesbu­rg, avez été le plus jeune avant à jamais disputer un match de Varsity Cup, avez été élu meilleur joueur sud-africain la saison dernière… Difficile d’invoquer seulement la chance !

Il y a tellement de bons joueurs en Afrique du Sud qu’on ne peut pas se permettre de se reposer sur ses lauriers. Vous savez, lorsque Adriaan Strauss (ancien talonneur et capitaine des Boks, qui a quitté la sélection après l’année 2016 catastroph­ique vécue par les Springboks) a annoncé sa retraite internatio­nale, jamais je n’ai pensé aux Springboks. Ma seule préoccupat­ion, c’était de sécuriser ma place dans le squad des Lions en Super Rugby. Chaque année est nouvelle, avec de nouvelles opportunit­és et de nouveaux joueurs qui émergent. Je pars du principe que rien n’est acquis. Je savais juste qu’il me faudrait travailler dur pour apporter la plus grosse plus-value possible à mon équipe.

La rumeur raconte que vous jouiez troisième ligne, lorsque vos entraîneur­s ont décidé de vous orienter au talonnage…

La rumeur dit vrai ! (rires) À la King Edward School, de nouveaux entraîneur­s sont arrivés, qui voulaient imposer un rugby plus ambitieux que celui pratiqué jusqu’alors. Ils ont alors pensé que je pouvais faire un bon numéro deux, ce qui permettait d’avoir trois troisième ligne sur le terrain. Et puis, ils m’ont aussi dit qu’ils me trouvaient trop petit pour jouer flanker…

Qu’a-t-il été le plus dur à réapprendr­e ? La touche ou la mêlée ?

Honnêtemen­t, les deux sont difficiles. Lorsqu’on a toujours poussé en troisième ligne, se trouver pris en plein coeur de la mêlée et ressentir les poussées de tous les côtés, c’est assez déstabilis­ant. Il faut un certain temps pour en comprendre les subtilités… Quant à la touche, c’est un travail de longue haleine, qui n’est jamais acquis. J’ai eu des difficulté­s à mes débuts, je me suis accroché. Mais parfois encore, cela peut déraper.

Pourtant, vous avez été capable de trouver facilement le fond de touche contre les Bleus. Notamment lors du premier test, sur cette combinaiso­n en touche avec Whitley pour l’essai de Cronjé…

C’est un mouvement que nous faisons quelquefoi­s avec les Lions. C’est vrai que c’est assez confortabl­e d’avoir, en sélection, quelques repères supplément­aires avec des joueurs que l’on connaît très bien. Même si, sur certains points, les systèmes de jeu demeurent différents.

Les médias sud-africains vous ont affublé du surnom de « nouveau Bismarck » en référence à Du Plessis, dont vous avez d’ailleurs pris la place en sélection, puisque Allister Coetzee n’a pas jugé bon de le rappeler, au contraire de François Steyn… Cela vous encombre-t-il ?

Cela me flatte, au contraire. Bismarck Du Plessis a toujours été mon modèle. Comme nous avons un gabarit à peu près similaire, il a toujours été le mec dont j’ai cherché à m’inspirer lorsque je suis passé de la troisième ligne au talonnage. Chez nous, c’est une légende… Je ne souhaite pas le copier, bien sûr, car j’ai bien conscience qu’on atteint son meilleur niveau lorsque l’on est soi-même. En revanche, Bismarck a toujours été mon mètre étalon. Je me disais : ce qu’il peut faire, je dois arriver à le faire.

Avez-vous discuté avec François Steyn de la nouvelle réglementa­tion qui permet désormais à la Fédération sud-africaine de sélectionn­er des joueurs évoluant à l’étranger s’ils comptent plus de 35 sélections ?

Il y a d’excellents joueurs sud-africains qui évoluent en France et ailleurs. Après, honnêtemen­t, je ne sais pas pourquoi la Fédération souhaite en sélectionn­er certains et pas d’autres. Ce sont ses affaires, pas les miennes. En tant que Springbok, je suis heureux que François Steyn puisse de nouveau être sélectionn­é. Tout ce qui compte, c’est de reconstrui­re une équipe nationale aussi forte qu’avant.

Quel rapport entretenez-vous avec le rugby français ?

C’est un rugby que nous aimons beaucoup, nous autres sud-africains, car les Français raffolent du défi physique. J’avais déjà affronté les Bleus en 2012, avec les U18 sud-africains, et l’engagement qu’ils avaient imposé m’avait marqué. C’est la marque de fabrique du rugby français, à mes yeux.

Que votre vis-à-vis incarne particuliè­rement…

Guilhem Guirado est un joueur très rude, capable de plaquer autant qu’un troisième ligne, qui met une agressivit­é extraordin­aire dans son jeu. En conquête, il déplie une énergie énorme, il est très physique. C’est un des meilleurs joueurs du monde à son poste, on sent qu’il guide son équipe par l’exemple. Et je suis sûr qu’il peut arriver à en tirer le meilleur pour ce dernier match. Les Français n’auront rien à perdre. Ce sera leur dernier match de la saison, ils vont tout donner. À nous de rester vigilants et aussi discipliné­s en défense.

 ?? Photo Icon Sport ?? Malcolm Marx, digne successeur de Bismarck Du Plessis.
Photo Icon Sport Malcolm Marx, digne successeur de Bismarck Du Plessis.

Newspapers in French

Newspapers from France