COETZEE LE PIEU
ENTERRÉS FIN 2016, LES BOKS S’OFFRENT UN RETOUR AU PREMIER PLAN. QUE LEUR SÉLECTIONNEUR SAVOURE À LA HAUTEUR DES CRITIQUES DONT IL FUT L’OBJET.
Allister Coetzee s’était assis derrière la table de la conférence de presse, devant le drap floqué des partenaires, et ne masquait pas son plaisir. À Durban, samedi dernier, son équipe venait non seulement d’enregistrer une deuxième victoire face à la France. Cette fois, en plus, l’adversité était au rendezvous. Et ses Boks y avaient mis la manière.
Après qu’il ait confié sa satisfaction, les questions revenaient très vite sur 2 016. Comme une manière de tourner définitivement la page d’une année lourde en défaites. Et en critiques. « Mais c’est vous qui avez besoin de clôturer ce chapitre. Pour nous, c’est une étape sur notre chemin. Qui nous a servis. Mais nous n’y pensons plus. On regarde désormais devant. »
Coetzee, en fait, a gagné son pari quand il y a deux mois, sa tête était mise à prix à la tête des Springboks. Ses gamins lui rendent désormais toute la confiance qu’il a placée en eux. Lui, savoure. « Je n’ai aucune critique à formuler sur le traitement dont j’ai été la proie, parce que je n’ai aucune preuve à faire à personne. Seul dieu peut me juger. »
LA RENAISSANCE D’UNE GRANDE NATION
Le sélectionneur des Springboks, désormais plus confortablement installé dans son costume, a poursuivi cette semaine en conférence de presse. Devant un parterre un rien médusé. « Je me bats pour une seule chose, pour un seul partie : celui du tout-puissant. J’ai signé un contrat de quatre années avec la Fédération sud-africaine de rugby. Chaque sélectionneur de la planète sait les sacrifices que cela implique et je les ai consentis. Mais les extérieurs n’ont jugé qu’une partie de mon travail : les résultats.» Comme à son habitude, ce petit bonhomme de 54 ans s’est exprimé dans ce ton posé, cette voix susurrée et portée sur les aiguës qui fait sa spécificité. Et il a de nouveau répété son envie de tourner la lourde page de 2016. Définitivement. « Ce don je suis le plus fier, c’est que le souvenir de 2016 est désormais mort et enterré. […] L’année dernière à Durban, nous étions conspués par notre public en sortant du terrain (défaite face à la Nouvelle-Zélande 57-15, N.D.L.R.). Moins d’un an plus tard, les mêmes supporters nous ont acclamés. Le crédit en revient aux joueurs. » Il a insisté, une dernière fois, sur ce point. Se dédouanant des louanges quand il avait choisi de jouer les paratonnerres, en temps de crise. « Ces jeunes gens se sont investis sans égoïsme dans le projet que je leur proposais. Nous disposons de leaders de jeu fabuleux. Ces mecs méritent simplement du confort dans leur travail. Parce qu’ils travaillent vraiment dur. » Et visiblement, cela paie.