JELONCH BLEU BAA-BAAS
CONVOQUÉ INITIALEMENT AVEC LES BLEUS, LE TROISIÈME LIGNE DE CASTRES AURA FINALEMENT DISPUTÉ LES DEUX RENCONTRES AVEC LES BARBARIANS, FACE AUX EMERGING SPRINGBOKS (AFRIQUE DU SUD A). À CHEVAL ENTRE LES DEUX, MÊME POUR CE QUI EST DES ENTRAÎNEMENTS. PAS BANA
Anthony Jelonch attendait là, un peu paumé, lundi. Posé sur un rond-point à proximité de l’annexe du Kings Park, seul, là où les Bleus avaient été terrassés deux jours plus tôt par l’Afrique du Sud (37-15). « Ça va Anthony ? Qu’est-ce que tu fais là ? » « J’attends les Barbarians. » Seul, donc, attendant que le bus des Baa-Baas ne pointe son nez et déverse le reste des joueurs qui affronteront les Emerging Springboks (Afrique du Sud A) vendredi, au Soccer City de Soweto.
DES ENTRAÎNEMENTS EN DEUXIÈME LIGNE
Ce qu’il y a, c’est que Jelonch fait partie initialement du groupe France. Il a décollé avec la première fournée, fin mai, a connu l’escale dans l’Océan indien et les dix premiers jours d’entraînement avec les Bleus. Lors desquels il a pu vite se rendre compte qu’il n’aurait peut-être pas sa chance avec cette équipe, en tout cas dès cette tournée, malgré sa première convocation à 20 ans seulement. En l’absence de Romain Taofifenua et Paul Jedrasiak, restés en France pour disputer la finale du Top 14, Jelonch s’était entraîné en deuxième ligne. Pour faire le nombre, à la poussée lors des exercices de mêlée. Jamais bon signe pour la suite.
Cette tournée des Bleus, de toute façon, n’avait pas de quoi être une fin en soi pour le Castrais. C’était même une sacrée, surprise, à laquelle il ne s’attendait franchement pas. « J’étais avec des amis, dans une fête d’un petit village du Gers, juste à côté de chez moi (il vient de Vic-Fezensac, N.D.L.R.). J’ai reçu un coup de téléphone de Christophe Urios. Quand j’ai vu son nom apparaître à cette heure-là, je me suis demandé ce qu’il se passait. Puis il m’a annoncé la bonne nouvelle. Ce qui est drôle, c’est que quand je l’ai dit à mes potes, ils ne m’ont pas cru ! Ils croyaient à une blague… En fait, ils savaient que je partais avec les Barbarians mais ne s’attendaient pas à l’équipe de France. Moi non plus d’ailleurs », comme il le confiait fin mai dans nos colonnes. Un épilogue qui tenait déjà du conte de fées. « Au début de la saison, je pensais jouer deux ou trois matches avec le CO, profiter des doublons, grappiller la moindre minute, rien de plus. »
DUPONT : « C’EST UN ZEN »
Ce retard à l’allumage n’a donc rien d’une infamie pour le jeune troisième ligne castrais. « L’idée avec ces jeunes, c’est avant tout de les intégrer au groupe, qu’ils y prennent leurs marques, qu’ils assimilent le projet de jeu et les règles de vie. Pour que, quand on fera appel à eux, ils soient prêts » prévenait Guy Novès avant le départ. Jelonch, donc, s’inscrit dans cette logique. Et depuis deux semaines, c’est avec les Barbarians qu’il fait ses grands débuts à l’échelon international.
Ça n’a pas l’air de franchement le tracasser. Anthony Jelonch prend les choses comme elles viennent, et se satisfait bien de son sort. « C’est un zen, un mec qui ne se pose pas trop de questions », confirme Antoine Dupont, son coéquipier à Castres et dans toutes les équipes de France de jeunes, où les deux étaient régulièrement surclassés. « Certains disent qu’il est ensuqué, nonchalant. Mais quand il est sur le terrain et que le match commence, même sans trop réfléchir, il est capable de faire de grandes choses, des trucs qu’il est seul à maîtriser. Il compense par son naturel. » Dupont se souvient alors : « Déjà en moins de 20 ans et même en moins de 19 ans, il était surclassé et pourtant il traversait souvent le terrain. Je n’ai jamais été inquiet pour son passage chez les professionnels. Ni pour la suite. » Qui passera un jour du bleu Baa-Baas au bleu de France. À n’en pas douter.