Midi Olympique

« Ça peut être mon dernier match... »

FABRICE ESTEBANEZ - Centre des Barbarians

- Propos recueillis à Durban par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Une question stupide, pour commencer. Disputez-vous ce vendredi le dernier match de votre carrière ?

Peut-être… Honnêtemen­t, je ne le sais pas moi-même. À l’origine, je voulais continuer une saison à Grenoble, ce qui ne s’est pas concrétisé dans les tous derniers instants. Du coup, je me suis mis sur la liste des joueurs sans club, et j’attends qu’une opportunit­é se présente. Si ce n’est pas le cas, et bien tant pis, j’aurai disputé mon jubilé ce week-end…

Comment s’est terminé votre histoire avec le FCG ?

On m’avait proposé quelque chose, mais rien n’avait été signé. Certaines décisions ont tardé à être prises, j’ai fait confiance à la parole qu’on m’avait donnée, et on m’a signifié au dernier moment que le club avait changé d’avis. Voilà à peu près comment cela s’est passé. Cela s’ajoute au sentiment de gâchis de cette saison conclue par une relégation, car nous avions un groupe de grande qualité. Mais le début de saison a été cauchemard­esque, entre les blessures des uns et des autres, certaines grosses erreurs d’arbitrage qui nous ont plongé la tête sous l’eau. Après, une fois ce retard pris, il était difficile de le combler. C’est d’autant plus dommage que le groupe n’a rien lâché, en terminant à la sixième ou septième place sur la phase retour. Cela prouve qu’il y avait du caractère et de la qualité…

Vous aviez terminé la saison blessé à la voûte plantaire. On imagine qu’il ne se serait pas agi de la sortie dont vous auriez espéré…

Je m’étais blessé contre Toulon, c’est ça… À l’époque, je n’imaginais pas que cela pouvait potentiell­ement être mon dernier match ! Cela aurait été trop dommage de finir comme ça… Heureuseme­nt que les Barbarians m’ont appelé au dernier moment ! Même si je sais qu’à cet instant de l’année il va m’être très dur de trouver un nouveau club, j’espère montrer que je suis encore au niveau et peut-être en convaincre certains. J’ai très envie de faire encore une saison, je me sens bien physiqueme­nt. Cela dit, à reprendre en altitude après trois mois sans jouer, peut-être que ce match va me contredire ! (rires)

Du coup, préparez-vous ce match comme s’il était le dernier ?

C’est étrange… Oui, je me dis que cela peut être le dernier, en espérant que non. Mais si c’est le cas, je veux finir sur une bonne note.

L’histoire est d’autant plus improbable que vous auriez dû la semaine dernière jouer votre rôle de dirigeant fédéral, et avez bénéficié de la suspension de Pierre Aguillon…

C’est ça ! Il était prévu que je parte en Géorgie pour promouvoir France 2023 le week-end du 17 et du 18… Et les Barbarians m’ont appelé le mardi, juste avant de s’envoler pour l’Afrique du Sud ! Il a fallu que je m’organise en vitesse, notamment pour faire garder les petits… Je suis désolé d’avoir laissé Claude Atcher tout seul, mais l’argument des Baa-Baas était très fort (rires). Et je sais qu’il le comprend.

Au sujet de la rencontre de cet vendredi, craignez-vous la montée en puissance des Emerging Boks ? D’autant que, traditionn­ellement, les deuxièmes matchs d’une tournée du BRC sont beaucoup moins aboutis que les premiers…

Tout le monde connaît l’ambiance d’une tournée des Barbarians, le rythme de croisière peut être parfois fatigant. Mais il y a eu tellement de frustratio­n après le premier test que je suis persuadé que nous pouvons faire quelque chose de bien. La fierté est énorme, pour tous les membres du groupe, de côtoyer des joueurs emblématiq­ues de notre sport comme Fred Michalak. Fred, je ne le connaissai­s pas avant cette tournée, mais il m’a confirmé ce que je pensais déjà de lui : comme toutes les grandes stars dans tous les sports, c’est un mec simple, abordable, un grand homme avant d’être un grand sportif. Tout le monde a envie de lui rendre hommage et de se hisser à la hauteur de ce qu’il a pu réaliser lors du premier match. D’être aussi précis, rigoureux et inspiré que lui. Si j’y parvient, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas l’emporter…

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