LE PROBLÈME JANTJIES
DÉPOSITAIRE DU JEU DES BOKS, L’OUVREUR SUD-AFRICAIN A ÉVOLUÉ DANS UN FAUTEUIL LORS DES DEUX PREMIERS TESTS. UN PEU TROP, D’AILLEURS.
Le garçon a inscrit pas moins de 37 points en deux matchs, soit la moitié du total de son équipe face au XV de France. Rien d’étonnant, nous direz-vous, puisque Elton Jantjies, ouvreur de la province des Lions de son état, est actuellement avec 148 points le meilleur marqueur du Super Rugby, juste devant son compatriote (et international U20) Curwin Bosch. N’empêche que, depuis deux matchs, les Bleus ont permis à Jantjies de franchement briller franchement, pour la première fois de sa courte carrière internationale (13 sélections pour 9 titularisations) et seraient bien inspirés d’offrir à ce dernier moins d’occasions de se mettre en valeur… Comment ? Tout d’abord, et tout simplement, en cessant de commettre autant de fautes stupides que celles recensées lors du premier test. Troisièmes lignes détachés de la mêlée fermée, joueurs devançant la ligne de hors-jeu sur touche, avants partis en avance sur un coup d’envoi, en-avant repris devant… Au vrai, les Bleus ont effectué samedi dernier un récital de tout ce qu’il faut absolument éviter de faire sur un terrain, qui plus est au niveau international. D’autant plus face à un ouvreur qui, malgré une préparation des moins académiques et une coupe de cheveux à rendre jaloux un footballeur anglais, conserve une patte gauche redoutablement fiable dans l’art du tir au but…
UN MAESTRO À SECOUER
Toutefois, au-delà de ne pas offrir à Jantjies des occasions de scorer, c’est surtout dans le jeu que l’on attend les Bleus au tournant. Et notamment en défense, où la pression imposée sur l’ouvreur des Lions s’est avérée bien trop faible. « On avait repéré une certaine lenteur dans sa gestuelle et, sans qu’il s’agisse d’établir un plan à son propos, nous avions prévu de monter sur lui beaucoup plus fort qu’à Pretoria, avouait l’entraîneur des trois-quarts tricolores Jeff Dubois. D’autant plus qu’il est gaucher exclusif… Le problème, c’est que nous n’y sommes jamais parvenus, et qu’il a pu s’exprimer à sa guise durant l’intégralité du deuxième test. » Au point de faire valoir une technique individuelle au-delà de tout soupçon, à commencer par une étonnante faculté à masquer jusqu’au dernier moment ses intentions. L’ouvreur des Lions état capable, pour être clair, de feinter un long dégagement pour déposer au dernier moment un petit coup de pied par-dessus, ou mimer à la perfection la préparation d’une passe sautée pour alerter un partenaire à hauteur. Autant de gestes décisifs qui ont pu surprendre la défense française, mais n’auraient pu être rendus possible si la troisième ligne et son vis-à-vis étaient parvenus à lui imposer une pression suffisante. Autrement dit, en vue de ce troisième test, l’enjeu pour les Bleus consistera à secouer autant que possible le meneur de jeu des Boks, dans le but de le faire renouer avec les démons de l’inconstance qu’on lui prête en son pays. Afin d’empêcher Jantjies de s’enflammer et de causer une nouvelle fois mille maux au XV de France, qui plus est dans son habituel jardin de l’Ellis Park…