COLLISIONS À MAÎTRISER
DOMINÉS PAR LES SPRINGBOKS DANS LES ATTITUDES AU CONTACT, LES BLEUS DEVRONT TROUVER LES SOLUTIONS AFIN DE S’EXPOSER LE MOINS POSSIBLE AUX MORTELS TURNOVERS…
C’est un constat, et il est sans appel : sur les huit essais concédés par le XV de France face aux SudAfricains, cinq l’ont été à la suite de ballons de récupération. Pire : lors du deuxième test, ce ratio atteint 75 %, avec l’essai inscrit par Kolisi après interception sur Trinh-Duc, puis celui offert par le troisième ligne springbok à Jantjies après avoir arraché le ballon des mains de Taofifenua, sans oublier celui du pilier Oosthuizen dont l’origine demeure un contre de Marx sur Dupont… Autant de ballons perdus qui n’ont eu de cesse d’alarmer les Bleus, et leur fournir un angle de travail indispensable. « En première période la semaine dernière, nous avons perdu une dizaine de ballons dont six au sol, constatait Bernard Le Roux. C’était beaucoup trop. Il faut féliciter les Springboks, car ils sont parvenus à gratter des ballons dans toutes les parties du terrain, par leurs troisième ligne, leurs centres. Mais en ce qui nous concerne, il faudra avoir moins de déchet. » Un mal pour lequel, selon Yannick Bru, la solution est déjà toute trouvée. « En deuxième mi-temps, juste en demandant aux joueurs de travailler différemment au sol, on a perdu comme par hasard beaucoup moins de ballons, avançait l’entraîneur des avants. C’étaient les mêmes systèmes, les mêmes joueurs. Mais les attitudes étaient différentes. Tout ce que l’on a demandé, c’était d’être beaucoup moins passifs dans les libérations au sol. Au niveau international, tout va plus vite, et on en vient parfois naturellement à s’isoler des soutiens. Dans ces moments, il faut savoir « acheter du temps » pour permettre aux partenaires d’intervenir. »
LE PIÈGE DES PLAQUAGES À DEUX
Toutefois ce n’est pas seulement dans les attitudes au sol que les Bleus devront corriger le tir. Mais bien dans leur manière d’appréhender le contact, face à des Sud-Africains qui n’hésitent pas, un peu à la manière des Irlandais, à se concentrer sur le haut du corps pour empêcher les passes après contact, quitte à
systématiser les plaquages à deux. « On sent que depuis que Brendan Venter a repris en main leur défense, c’est devenu leur dada, appuyait Le Roux. Ils travaillent tout le temps à deux, et le font très bien. » « Toute leur stratégie défensive est fondée sur ces plaquages à deux, prolongeait Bru. Pour y faire face, la meilleure solution consiste à anticiper ce genre de plaquage au moment du contact et observer des attitudes très basses, en attaquant les hanches du défenseur plutôt que le haut du corps. C’est un peu contrenature par rapport à notre philosophie de jouer debout, mais il faut bien s’adapter aux forces de l’adversaire. » Surtout si le fait d’accélérer les sorties au sol face à des plaquages à deux peut permettre, in fine, de trouver des surnombres sur les extérieurs… Là réside, en gros, le plan d’attaque des Bleus. À condition toutefois de rester maîtres du tempo dans les libérations de balle en maîtrisant davantage les collisions que lors du test de Durban…