À ALL L’ÉCOLE DES BLACKS
REPORTAGE EXCLUSIF SUR LA LA FORMATION DES JEUNES RUBYMEN NÉO-ZÉLANDAIS. PAR OÙ COMPRENDRE LA FORMIDABLE RÉUSSITE DES ALL BLACKS.
Si la majorité des clubs du Top 14 ou de Pro D2 a repris l’entraînement, les Bleus de Guilhem Guirado sont, eux, partis en vacances… avec le cul rougi. La faute à la triple fessée infligée par l’Afrique du Sud, rendue plus douloureuse encore par la mise en perspective des performances enchaînées au bout du monde par les All Blacks et les Lions britanniques.
Il n’en fallait pas davantage pour provoquer une vague de réactions variant entre déception et colère, comme en témoignent les nombreux courriers parvenus cette semaine à la rédaction. Rien d’étonnant : on le sait, les lendemains de défaite(s) sont cruels et il faut souvent prendre de la hauteur pour tirer les véritables enseignements de ces échecs… Pourtant, dès dimanche Bernard Laporte n’a pas résisté à la tentation de plonger dans la mêlée, lui qui, depuis son élection, s’était tenu à un discours fédérateur, soutenant même ouvertement Guy Novès…
Les masques sont donc tombés. Après s’être attaqué successivement à la Ligue, aux étrangers, aux joueurs français qui péteraient dans la soie, Laporte met la pression sur le sélectionneur. Les Bleus doivent gagner trois de leurs quatre prochains tests, en novembre, sans quoi le président tirera les enseignements qui s’imposent…
Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que la tête de Novès est désormais placée sur le billot, suspendue à l’impossible défi imposé au XV de France qui affrontera l’Afrique du Sud, le Japon et deux fois la Nouvelle-Zélande ! Le feuilleton de l’automne pourrait tourner court en cas d’échec dès le premier test, face aux Blacks. Parce que l’on voit mal les Bleus redresser la barre trois jours plus tard, qui plus est avec une équipe « B » (les deux nations seraient d’accord pour changer une bonne partie de leur effectif d’un match à l’autre)…
Si le message est sans appel, il interpelle. A quoi joue donc Laporte ? A-t-il le mal du terrain ? Estce seulement là une opération de communication pour surnager -personnellement- aux difficultés et protéger la candidature française à l’organisation du Mondial 2023 ? Possible, évidemment. C’est surtout le moyen d’entamer l’image et l’autorité d’un coach qu’il n’a pas choisi.
La stratégie n’est pas sans risque. En s’accrochant de la sorte au classement mondial comme à une bouffée d’orgueil, le président de la FFR pourrait s’offrir une crise majuscule et projeter plus en avant la vitrine du rugby français dans la difficulté. Car si Novès et son staff doivent assumer leur part du bilan tricolore déficitaire, ils ne sauraient être tenus pour uniques responsables. La ficelle est trop grosse… Les maux Bleus sont plus profonds. Autrement plus graves et complexes à résoudre. Liés, on le sait bien, à la réussite de ce staff autant qu’aux qualités des joueurs, à la profondeur du réservoir et au cadre général offert par un calendrier surchargé, aux principes de formation des gamins ou à la guerre de tranchées du Top 14.
Notre conviction est profondément ancrée : une telle révolution à deux ans de la Coupe du monde japonaise ne ferait que précipiter l’équipe de France vers la difficulté sachant que le calendrier international continuera de l’envoyer se frotter aux meilleurs plutôt qu’à la Roumanie, le Canada ou les USA qui ont si souvent permis aux précédents sélectionneurs de s’asseoir sur des bilans favorables… Sachant, en outre, que la révolution amorcée cet été ne portera que de maigres fruits d’ici à l’automne. Sachant, enfin, que le messie proclamé, Galthié, n’est pas disponible malgré la déclaration d’intention en forme de bluff signée Mourad Boudjellal. Mais tout cela, Bernard Laporte le sait parfaitement…