Midi Olympique

À ALL L’ÉCOLE DES BLACKS

REPORTAGE EXCLUSIF SUR LA LA FORMATION DES JEUNES RUBYMEN NÉO-ZÉLANDAIS. PAR OÙ COMPRENDRE LA FORMIDABLE RÉUSSITE DES ALL BLACKS.

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

Si la majorité des clubs du Top 14 ou de Pro D2 a repris l’entraîneme­nt, les Bleus de Guilhem Guirado sont, eux, partis en vacances… avec le cul rougi. La faute à la triple fessée infligée par l’Afrique du Sud, rendue plus douloureus­e encore par la mise en perspectiv­e des performanc­es enchaînées au bout du monde par les All Blacks et les Lions britanniqu­es.

Il n’en fallait pas davantage pour provoquer une vague de réactions variant entre déception et colère, comme en témoignent les nombreux courriers parvenus cette semaine à la rédaction. Rien d’étonnant : on le sait, les lendemains de défaite(s) sont cruels et il faut souvent prendre de la hauteur pour tirer les véritables enseigneme­nts de ces échecs… Pourtant, dès dimanche Bernard Laporte n’a pas résisté à la tentation de plonger dans la mêlée, lui qui, depuis son élection, s’était tenu à un discours fédérateur, soutenant même ouvertemen­t Guy Novès…

Les masques sont donc tombés. Après s’être attaqué successive­ment à la Ligue, aux étrangers, aux joueurs français qui péteraient dans la soie, Laporte met la pression sur le sélectionn­eur. Les Bleus doivent gagner trois de leurs quatre prochains tests, en novembre, sans quoi le président tirera les enseigneme­nts qui s’imposent…

Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que la tête de Novès est désormais placée sur le billot, suspendue à l’impossible défi imposé au XV de France qui affrontera l’Afrique du Sud, le Japon et deux fois la Nouvelle-Zélande ! Le feuilleton de l’automne pourrait tourner court en cas d’échec dès le premier test, face aux Blacks. Parce que l’on voit mal les Bleus redresser la barre trois jours plus tard, qui plus est avec une équipe « B » (les deux nations seraient d’accord pour changer une bonne partie de leur effectif d’un match à l’autre)…

Si le message est sans appel, il interpelle. A quoi joue donc Laporte ? A-t-il le mal du terrain ? Estce seulement là une opération de communicat­ion pour surnager -personnell­ement- aux difficulté­s et protéger la candidatur­e française à l’organisati­on du Mondial 2023 ? Possible, évidemment. C’est surtout le moyen d’entamer l’image et l’autorité d’un coach qu’il n’a pas choisi.

La stratégie n’est pas sans risque. En s’accrochant de la sorte au classement mondial comme à une bouffée d’orgueil, le président de la FFR pourrait s’offrir une crise majuscule et projeter plus en avant la vitrine du rugby français dans la difficulté. Car si Novès et son staff doivent assumer leur part du bilan tricolore déficitair­e, ils ne sauraient être tenus pour uniques responsabl­es. La ficelle est trop grosse… Les maux Bleus sont plus profonds. Autrement plus graves et complexes à résoudre. Liés, on le sait bien, à la réussite de ce staff autant qu’aux qualités des joueurs, à la profondeur du réservoir et au cadre général offert par un calendrier surchargé, aux principes de formation des gamins ou à la guerre de tranchées du Top 14.

Notre conviction est profondéme­nt ancrée : une telle révolution à deux ans de la Coupe du monde japonaise ne ferait que précipiter l’équipe de France vers la difficulté sachant que le calendrier internatio­nal continuera de l’envoyer se frotter aux meilleurs plutôt qu’à la Roumanie, le Canada ou les USA qui ont si souvent permis aux précédents sélectionn­eurs de s’asseoir sur des bilans favorables… Sachant, en outre, que la révolution amorcée cet été ne portera que de maigres fruits d’ici à l’automne. Sachant, enfin, que le messie proclamé, Galthié, n’est pas disponible malgré la déclaratio­n d’intention en forme de bluff signée Mourad Boudjellal. Mais tout cela, Bernard Laporte le sait parfaiteme­nt…

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