L’IMPÉTUEUX PHÉNOMÈNE
ARRIVÉ SAMEDI SUR LA RADE, CHRIS ASHTON EST L’ATTRACTION DE LA PRÉ-RENTRÉE TOULONNAISE. RÉPUTÉ ARROGANT, L’AILIER BRITANNIQUE POURRAIT POURTANT RAPIDEMENT CONQUÉRIR LE COEUR DU VOLCANIQUE PUBLIC VAROIS.
Ils ont adoré le détester, pourtant les supporters toulonnais pourraient bien devenir complètement fadas de Chris Ashton. Recrue phare du mercato varois, l’international anglais est d’ores et déjà l’attraction de l’intersaison toulonnaise. Le sera-t-il tout au long de la saison ? Mourad Boudjellal en est intimement convaincu. « Quand on signe Chris Ashton c’est comme si à l’époque un club avait signé Gerd Müller (footballeur allemand, ballon d’or en 1970). On pouvait se dire « on a tant de buts garantis ». Bah, Ashton c’est un peu ça. […] Puis il fait partie des joueurs qui créent du spectacle. Désormais, quand on ira voir jouer Toulon, on espérera toujours voir une action ou deux de Chris Ashton. » Comprenez que l’ailier anglais sera, à n’en pas douter, l’un des facteurs X du RCT lors des trois prochaines saisons. Mais comment Mourad Boudjellal a-t-il fait pour attirer dans ses filets le double champion d’Europe en titre, accessoirement meilleur marqueur d’essais (37) de l’histoire de la Coupe d’Europe ? « Tout s’est joué autour d’un dîner organisé dans le plus grand des secrets à Londres. J’avais trouvé face à moi un garçon impétueux, comme je les aime. » Impétueux donc, et non pas simplement arrogant comme s’amusent à le caricaturer les supporters tricolores. « Il n’avait pas hésité à me balancer deux-trois vannes sur le club. J’avais passé une excellente soirée et c’est à partir de ce moment que j’ai compris qu’il était définitivement taillé pour le RCT. » Trois ans après avoir déjà sondé une première fois le joueur, Mourad Boudjellal comprend donc que Chris Ashton est cette fois prêt à rejoindre la rade. « Il m’a expliqué vouloir découvrir autre chose et vivre une expérience complètement différente. Je lui ai répondu « ça tombe bien, viens à Toulon, ici tout est différent ». » La seule prérogative, pleine de second degré, du président toulonnais ? « S’il ne fait pas son plongeon en marquant on pourrait résilier son contrat. C’est une clause importante pour nous. Signer Ashton sans le plongeon, c’est comme si j’avais signé Chabal sans la barbe. »
NE PLUS COURIR APRÈS SA 40E SÉLECTION
À 30 ans, Chris Ashton quitte donc son Angleterre natale pour la première fois de sa carrière. Conséquence directe : le meilleur marqueur en activité du XV de la Rose - 19 essais en 39 sélections - n’est officiellement plus sélectionnable. Pourquoi officiellement ? Car officieusement il n’a plus été appelé depuis juin 2014 et affirme ne pas entrer dans les plans d’Eddie Jones. En rejoignant le RCT, le sulfureux ailier a donc fait le choix de ne plus courir désespérément après une 40e sélection. « J’avais besoin de changement. C’était une occasion en or pour ma famille et pour moi de découvrir autre chose », à commencer par l’été azuréen. « Depuis mon arrivée, je suis allé une seule fois à la plage. Résultat ? J’ai pris un coup de soleil », s’esclaffe le néotoulonnais.
Le cagnard varois et la peau particulièrement laiteuse d’Ashton ne feraient donc pas bon ménage. Son nouveau président s’en amuse : « On craint qu’il fasse une insolation et soit hospitalisé. Il fait 35 degrés à Toulon et je ne suis pas sûr qu’il soit habitué. On lui a donc demandé de se protéger et je vais lui acheter une casquette. » Toujours est-il qu’audelà de la blague Mourad Boudjellal compte tout particulièrement sur son ailier pour retrouver la route du succès et ainsi marquer un nouveau pan de l’histoire du RCT. De plus, comme les frères Armitage, Richard Cockerill ou bien évidemment Jonny Wilkinson par le passé, Chris Ashton aura la lourde responsabilité d’entretenir l’héritage « so british » du RCT. Un rôle d’ambassadeur que l’impétueux phénomène semble prêt à endosser.