SOUVENIRS BERJALLIENS
BOURGOIN LES ANCIENS DE 1997 SE SONT RETROUVÉS DÉBUT JUIN À BOURGOIN, POUR FÊTER LES VINGT ANS DE LEUR QUALIFICATION POUR LES TROIS FINALES. POUR CULTIVER LE SOUVENIR ET QUESTIONNER LE PRÉSENT.
Cette fois, la bringue a duré moins longtemps qu’il y a vingt ans. En 1997, après le dernier match de la saison, la finale du championnat de France perdue le 31 mai contre Toulouse, la dernière disputée au Parc des Princes, les libations avaient duré quarante-huit heures, selon la version officielle communément colportée. « Plus longtemps même, sourit le deuxième ligne, Yves Théron, un des artisans des retrouvailles des héros de 1997, avec Gilles Cassagne, maître de cérémonie ou encore Dominique Mazille ou Julien Frier. Mais nous étions plus jeunes ! » En ce samedi soir de début juin, à la veille de la finale du Top 14, après un apéro et un repas organisés à la salle polyvalente, pour se rappeler au bon souvenir d’une époque où le rugby s’initiait à peine aux joies du professionnalisme, les Berjalliens sont restés plus sages et sont allés se coucher plus tôt. Les traits ont vieilli, forcément, les ventres ont souvent épaissi et le caillou s’est parfois dégarni, mais la passion reste intacte à l’évocation de cette belle aventure.
AVEC MARC CÉCILLON
Il y a vingt ans, le CSBJ avait réussi une performance rare, et unique surtout, emmené par son capitaine, Marc Cécillon, présent en cette soirée, créant un petit événement dans l’événement. Il s’était hissé en finale des trois compétitions disputées cette saison-là : le Challenge européen, le Challenge Yves-duManoir, et le championnat de France donc. Las, une seule finale avait été remportée, la première, disputée au coeur de l’hiver, contre Castres, à Béziers. Ensuite, Pau avait anéanti les chances de triplé avant que Toulouse ne douche à nouveau les espoirs des Isérois de décrocher le Brennus. Soutenu par toute une région - « de Gap à Saint-Claude, jusqu’à Lons-le-Saunier et la Saône-et-Loire », rappelle l’ancien président, Pierre Martinet - le CSBJ voyaient les supporters affluer et les jeunes joueurs de talent débarquer à Pierre-Rajon. Quelques semaines après cette dernière défaite, deux gamins, Lionel Nallet et Sébastien Chabal, débarquaient en Isère. D’autres voyaient peut-être naître leur vocation, à l’image du troisième ligne Bogdan Leonte, présent samedi soir, 11 ans à l’époque, licencié alors à l’école de rugby chez les voisins viennois et souvent présent dans les tribunes de Pierre-Rajon…
De ce triplé inachevé, il a surtout été question, finalement, de cette dernière défaite contre Toulouse. Dans les conversations sur cette saison fantastique, c’est ce dernier match qui reve-
nait, le plus souvent, dans les mémoires. « Il manquera toujours le titre, soufflait
Michel Couturas, sans avoir besoin de préciser lequel. Les gens ne se souviennent que du nom du vainqueur. Tout le monde a oublié qui était en finale. Qui s’en souvient à Bègles ou à Bayonne ? Ils se rappellent que Toulouse était champion. Bien sûr, nous en avons gagné une, la finale européenne, mais elle n’a pas la même résonance. J’ai le regret de ne pas avoir aidé ce groupe à être champion de France. »
«IL FAUT AIDER LE CLUB»
Il ne lui en a pas tenu rigueur. Tous n’étaient pas là, dont Stéphane Glas, Alexandre Péclier ou Pierre Raschi, mais tous les présents avaient insisté pour que leur entraîneur soit présent, quand il a manifesté quelques réticences à venir. Tous se sont bien évidemment prêtés au jeu de la photo souvenir, posant devant l’équipe alignée au Parc des Princes.
Et il n’avait qu’à voir avec quelle déférence et quel respect ils l’ont écouté parler sur la scène pour comprendre les liens qui les unissaient tous. « Notre force était le collectif, rappelait Yves Théron. Il n’y avait pas une tête qui dépassait. » Il faut dire que le vieux sorcier a toujours les mots justes et l’analyse fine. Passé sur scène juste après son président de l’époque, Pierre Martinet, tout heureux de vivre un tel événement pour sa première année de présidence, il n’a pas manqué de faire quelques références à la situation présente du CSBJ. À quoi servirait le passé s’il ne permettait pas de comprendre le présent et de construire l’avenir ? Le présent le fait souffrir et il espère un avenir plus radieux. « Depuis que je suis arrivé on m’a souvent dit que c’était mieux avant, et c’est vrai, nous étions alors plus jeunes, commença par rire l’ancien professeur d’EPS avant d’appeler les Berjalliens à s’unir. Il faut arrêter de vous plaindre et aider le club. » Et de rappeler, encore une fois, que c’est le collectif qui avait fait la force de l’équipe, pas les individualités. C’était déjà le cas il y a vingt ans, et cela le sera encore sûrement dans vingt ans…
« Notre force était le collectif. Il n’y avait pas une tête qui dépassait. » Yves THÉRON
Ancien deuxième ligne de Bourgoin