Midi Olympique

SUBLIME, JUSQU’AU BOUT…

AU TERME D’UNE SÉRIE DE TESTS ÉLECTRIQUE­S ET MAGNIFIQUE­S, ALL BLACKS ET LIONS BRITANNIQU­ES ET IRLANDAIS SE PARTAGENT LE TITRE DE MEILLEURES ÉQUIPES DU MONDE. UNE PUBLICITÉ FORMIDABLE POUR LE RUGBY...

- Par Marc DUZAN, envoyé spécial marc.duzan@midi-olympique.fr

Que retiendra-t-on de cette tournée des Lions en Nouvelle-Zélande dans dix, vingt ou trente ans ? Le sublimissi­me essai de cent mètres aplati par Sean O’Brien lors du premier test ? La non moins superbe manchette de Sonny Bill Williams sur Anthony Watson, la semaine qui suivit ? Ou alors le nez rouge qu’arborait Warren Gatland samedi soir, au moment de se présenter face aux journalist­es kiwis qui l’avaient traîté de clown, dix jours plus tôt ? Rien de tout ça, semble-t-il. Ce qui restera de cette tournée 2017 ne saurait appartenir qu’au rugby, un sport où l’on transmet le ballon vers l’arrière dans le seul but d’aller de l’avant. Et c’est juré, on n’oubliera donc jamais la dernière image de cette incroyable série de tests montrant Sam Warburton et Kieran Read soulevant d’un même geste un trophée bien modeste au regard de la beauté de ces trois matchs acharnés, indécis et finalement prompts à réconcilie­r n’importe quel vieux con avec le rugby pro. « Les deux équipes ont montré des choses magnifique­s sur ces trois dernières semaines, concédait Steve Hansen après la rencontre. De ce point de vue là, on peut donc difficilem­ent considérer l’égalité comme une injustice ». Incapables de se départager après s’être rendu coup pour coup des heures durant, les touristes de « Gats » et Tout Noir de « Shag » semblent avoir découpé le gâteau du rugby mondial en deux parts égales. Gatland s’en étonnerait presque : « Il y a deux mois, si vous m’aviez dit que l’on terminerai­t cette série de tests contre les champions du monde sur un cas d’égalité, j’aurais probableme­nt signé sur le champ ! »

LES LIONS SURVIVRONT !

Quoi qu’on en pense, les coéquipier­s de Warburton sont probableme­nt les grands vainqueurs de cette série de tests chez les maîtres du jeu, tant les circonstan­ces leur semblaient défavorabl­es au moment de quitter l’Europe, début juin : « Lorsque nous avons perdu Billy Vunipola sur blessure, poursuit Gatland, j’ai alors entendu partout que nous prendrions trois claques contre les Blacks. J’ai donc préparé mes hommes en conséquenc­e : ceux-ci ont fait mieux que répondre à mes demandes, ils ont été héroïques. Pas une fois l’un d’entre-eux ne m’aura

parlé de fatigue ». Pour les Lions, l’enjeu de cette tournée était ainsi colossal et dépassait largement le seul cadre du terrain : les clubs anglais, faroucheme­nt opposés au fait de libérer leurs joueurs pour sept semaines harassante­s, avaient dernièreme­nt demandé aux caciques de World Rugby l’arrêt de mort des Lions et, sans la formidable épopée des boys de Warburton, ils auraient tôt ou tard eu gain de cause (lire ci-contre). C’est donc sur le terrain et nulle part ailleurs que les Lions ont arraché leur survie, abandonnan­t les préceptes minimalist­es du « Warrenball » pour se lancer à corps perdus dans un jeu certes structuré mais bien plus spectacula­ire que ne le laissaient croire les compositio­ns d’équipe dudit Warren. La parole à Hansen : « Après le dernier Mondial en Angleterre, où les demi-finales s’étaient disputées entre équipes du Four Nations, les sélections de l’hémisphère Nord ont compris qu’elles avaient besoin d’évoluer. Le lifting leur a réussi et, en moins de deux ans, elles ont énormément progressé. Le résultat des Lions en est la preuve ». Au fil de ces trois Tests, les hommes de Gatland ont en effet prouvé que les doubles champions du monde n’étaient pas invincible­s (c’est la première fois depuis 2011 que les Blacks sont tenus en échec deux matchs consécutif­s) et qu’à condition de défendre comme si sa vie en dépendait, de se jeter comme un damné sur le moindre ruck pour empêcher Aaron Smith d’accélérer le jeu, les Tout Noir pouvaient eux-aussi se mettre à déjouer. Kieran Read conclut : « Leur plan de jeu était parfait. Les Lions ont donné à cette dernière rencontre le tempo qui leur convenait le mieux. […] Même si je suis très honoré d’avoir acquis ma centième cap à l’Eden Park, je les échangerai­s toutes contre une victoire de plus, dans cette série… »

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