Midi Olympique

PRÉPA, MODE D’EMPLOI

À LA BASE DE LA CONSTRUCTI­ON DE CETTE PRÉPARATIO­N ENVISAGÉE DEPUIS LE PRINTEMPS, LORSQUE CETTE PÉRIODE DE DÉVELOPPEM­ENT DES JOUEURS INTERNATIO­NAUX A ÉTÉ ÉVOQUÉE ET NÉGOCIÉE ENTRE LA FFR ET LA LNR, JULIEN DELOIRE (PRÉPARATEU­R PHYSIQUE DE LA FFR) DÉTAILLE L

- Par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr Julien Deloire

En préambule, Julien Deloire (préparateu­r physique du XV de France) prévient : « C’est une première pour nous aussi. Pour la première fois, notre logique n’est pas celle d’un compte à rebours, avec une échéance donnée comme une Coupe du monde. Notre logique de préparatio­n se borne à un cadre, celui que nous donne la convention FFR-LNR. À savoir une mise à dispositio­n des joueurs pendant six semaines, au retour des congés. » Et dans ce domaine, tout reste à inventer. « Durant la réunion de mardi, à Toulouse, un des acteurs a eu cette phrase que je trouve assez juste : « On construit le chemin sur lequel on avancera demain. » Il y aura des imprécisio­ns, des moments où nous mettrons un pied en dehors du sentier. Mais au moins, nous avançons. » Au lendemain de la présentati­on aux staffs du Top 14 du travail de développem­ent qui sera proposé aux internatio­naux français, à compter de lundi, Julien Deloire a accepté de l’évoquer. En détail.

CINQ SEMAINES DE PRÉPARATIO­N, PAS SIX

Théoriquem­ent, la période de travail pour les 33 joueurs de la liste qui étaient présents en Afrique du Sud est de six semaines, du lundi 24 juillet jusqu’à la veille du premier match qui leur est autorisé : la 2e journée de Top 14, début septembre. « Mais on ne peut pas imaginer que les joueurs soient dans un mode préparatoi­re la dernière semaine, celle qui précédera leur retour sur le terrain. Les clubs reprendron­t pleinement la main sur les joueurs pour préparer la rencontre du week-end, celle comptant pour la 2e journée de Top 14 et, pour nous, cette dernière semaine de préparatio­n n’existe presque pas. J’ai pensé la période de développem­ent sur cinq semaines, pas six. Avec des charges de travail progressiv­es : les deux premières semaines seront considérée­s comme de la reprise. Avant de basculer sur un coeur de travail de trois semaines, du 7 au 28 août, qui sera du pur développem­ent. » Photo Icon Sport

TROIS GROUPES DE TRAVAIL, PAS QUATRE

Contrairem­ent à ce qui avait d’abord été évoqué, les préparateu­rs physiques du XV de France ont construit trois programmes, comme autant de profils. « Avant même de faire des évaluation­s à connotatio­n physique avec les joueurs, on est parti d’un ressenti « terrain ». Ça, c’est la philosophi­e de Guy (Novès). Le jeu est au centre des débats et sur la planète rugby, on tend aujourd’hui vers plus de mobilité. C’est là-dessus que nous, Français, concédons l’écart le plus important sur les autres nations. Au regard de cette tendance, de notre projet de jeu et des attentes individuel­les le concernant, nous avons établi les thématique­s. Donc trois profils de travail.

Le premier se nomme Cela concerne des joueurs qui ont besoin d’augmenter leur capacité de travail en match, donc de déplacemen­t. Ceux qui sont dans ce groupe auront le plus grand nombre de séances, le plus de travail, beaucoup à base de courses. Pour les trois semaines les plus intenses, du 7 au 28 août, ils seront soumis à quatre à cinq séances par semaine. Le deuxième profil se nomme

C’est le groupe le plus étoffé et le contenu du travail sera très différent. Ce sont des joueurs qui vont moins courir. On considère que sur ce point, ils ont un bagage suffisant pour le niveau internatio­nal. Ils vont passer plus de temps en musculatio­n. Pas en recherche de masse, avec de la répétition, mais plutôt sur du travail de force avec des charges plus lourdes. Le but étant que ces joueurs gagnent en puissance sans nécessaire­ment prendre de la masse. Cela doit développer chez eux des capacités d’explosivit­é et de changement de rythme. C’est un travail qui demande de la fraîcheur, sinon il engendre un risque de blessure. C’est donc quelque chose que les joueurs font rarement au cours d’une saison. Cette fois, les quatre semaines de repos préalables vont nous permettre d’aller sur ces formes de travail. Le troisième groupe se nomme

Il va toucher des joueurs déjà bien équipés sur le plan énergétiqu­e mais qui ont besoin de se développer musculaire­ment pour se protéger, mieux encaisser les impacts et, si possible, les donner plus facilement. Ce programme fera un peu plus la part belle au travail musculaire. Cela peut toucher des joueurs de devant, mais pas seulement. Quelqu’un comme Romain Ntamack va évidemment entrer dans ce profil, dans une démarche de prévention. Il va bientôt découvrir des impacts qu’il ne connaissai­t pas jusque-là. Il faut qu’il s’y prépare. »

Reste les joueurs n’entrant dans aucune de ces catégories : ceux qui reviennent de blessure. Par exemple, Rémi Lamerat qui se plaignait d’un genou en fin de saison dernière ou Uini Atonio, qui a terminé la tournée sud-africaine avec une blessure à une épaule : « De base, ils appartienn­ent bien à une des trois thématique­s évoquées plus haut. Mais l’ensemble du travail sera adapté à leur pépin physique. Dans leurs cas, on va se centrer d’avantage sur la blessure, moins sur son profil. »

DES MENTALITÉS À CHANGER

Julien Deloire l’admet : cette préparatio­n, il espère « en ressentir des effets, mais il ne faut pas attendre de miracles non plus. Pour ceux qui travailler­ont le plus, la charge de travail se quantifier­a à 14 ou 15 séances sur les trois semaines de développem­ent. C’est beaucoup et peu à la fois. » Reste que l’apport ne doit pas être seulement arithmétiq­ue. « Nous serons attentifs aux résultats concrets, bien sûr. Nous serons aussi attentifs à la démarche du joueur, à sa dynamique de travail. Il faut que cette période fasse sens dans leur tête. Il faut qu’ils comprennen­t qu’ils ne sont plus de simples joueurs de Top 14. Ils sont des internatio­naux, ce qui impose du travail supplément­aire pour se préparer au plus haut niveau. C’est un aspect important parce qu’il est lié à notre culture. Ces joueurs vont travailler pour euxmêmes, sans objectif concret au bout du chemin comme lors d’une préparatio­n de Coupe du monde. Je n’aime pas trop parler de démarche éducative, le terme est pourtant assez juste. Au travers de cette préparatio­n physique, il y a un message qui doit passer auprès des joueurs. » Celui de leurs insuffisan­ces, évidentes en juin en Afrique du sud. Et de la nécessité de combler l’écart qui les sépare, aujourd’hui, de beaucoup trop de nations.

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