Commandos pour le Top 14
IMMERSION DANS LES PRÉPARATIONS DE BORDEAUX, TOULOUSE, OYONNAX OU CASTRES POUR DÉCOUVRIR LES SECRETS DES STAGES D’AVANT SAISON ET MESURER LEURS VÉRITABLES INTÉRÊTS…
Quel est actuellement le point commun entre Toulon, Brive, Massy et Rouen ? Chacun de ces clubs a, en fonction de ses propres moyens, programmé un stage de préparation au cours de l’intersaison : pour le RCT, il consiste en un séjour de deux semaines en Argentine avec des confrontations face aux Pumas développement ; les Corréziens se sont, de leur côté, donné rendez-vous pendant une semaine sur l’Ile de Ré ; dans l’anonymat, les promus de Pro D2 et l’ambitieux pensionnaire de Fédérale 1 s’octroieront quelques jours du côté de Bugeat ou Cognac, façon colonie de vacances. À chacun son stage, à chacun son univers.
À la mer ou à la montagne, à une poignée de kilomètres ou à distance, pour quelques milliers d’euros ou plusieurs dizaines : la délocalisation momentanée de l’entraînement constitue une figure imposée, ou presque, de l’agenda estival. En Top 14, à l’exception de la Section paloise, tous ont cédé à la tentation. La raison ? Un manager ne peut rêver d’un cadre de travail plus propice : les joueurs sont entièrement à sa disposition et le planning peut être organisé, selon son bon vouloir, entre préparation physique, répétition de gammes et activité extrasportives. Ces parenthèses suscitent ainsi une forte attente sur les plans sportifs comme humains. Ils sont censés marquer le premier jour d’une aventure collective alors promise à la réussite. Cette volonté de vivre temporairement dans une bulle n’est pas née avec le professionnalisme. À l’époque du rugby amateur et ce, à tous niveaux, la pratique existait. Elle a simplement évolué pour s’adapter à l’air du temps : toujours plus de précision, de minutie et de réflexion sur le pourquoi du comment dans le choix des ateliers, des infrastructures et des séances.
DES STAGES À L’INTERNATIONAL, LA NOUVELLE TENDANCE
La principale nouveauté en la matière tient dans l’exportation du concept. La saison dernière, le RCT avait programmé un séjour au Japon avec, en toile de fond, une opération communication grandeur nature. Mourad Boudjellal l’avait reconnu : « C’est une véritable opération de promotion du RCT et de la ville de Toulon. » Avec Ayumu Goromaru en tête d’affiche, les Rouge et Noir avaient prévu une rencontre de gala devant 50 000 personnes, un dîner de gala, une conférence… Le projet avait été abandonné pour des raisons à la fois logistiques et économiques. Cet été, les Varois ont opté pour l’Argentine. Avec succès cette fois. Et sans débourser de sommes folles. Toutes les dépenses liées à ce séjour sont prises en charge par une société argentine. Le souci de travailler à l’abri des regards et l’envie d’ailleurs, arguments avancés par Fabien Galthié, servent, au passage, les intérêts du club varois, désireux de s’installer comme un club phare à l’échelle internationale. Ou comment allier l’utile à l’agréable… Paris, passé sous pavillon allemand au printemps, va imiter le RCT en se rendant à Heidelberg, du 7 au 11 août prochain. Le but avoué de Robert Mohr, le directeur sportif du club de la capitale ? « Attirer l’attention sur le Stade français dans un marché émergent comme l’Allemagne. »
De là à imaginer le rugby marcher dans les pas de son cousin du ballon rond ? Pour les géants européens du football, l’organisation de stages à l’international, avec une préférence affichée pour l’Asie et l’Amérique du Nord, marché si prometteur, est devenue une arme de promotion massive. Sur la planète ovale, les Anglais ont déjà pris une nette longueur d’avance en s’exportant régulièrement outre-Atlantique. Les Etats-Unis, peut-être la prochaine cible de Mourad Boudjellal ou Jacky Lorenzetti.