Midi Olympique

À quitte ou double

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

Nous n’attendrons pas pour sabrer le champagne. Même si l’affaire doit être officialis­ée le 15 septembre, la France va obtenir l’organisati­on des Jeux Olympiques 2 024. Après deux échecs précédents, le dossier parisien a enfin trouvé les moyens d’imposer sa force. Los Angeles, l’ultime concurrent, s’est rangé à l’idée de patienter quatre ans et d’empocher encore plus d’argent de la part du Comité internatio­nal olympique (on parle d’un milliard et demi). Chacun ses priorités. Le rugby n’est certaineme­nt pas étranger au succès français, qui verra les Jeux revenir dans la capitale un siècle après leur précédent passage. Notre discipline n’avait pas survécu à ces fameux JO de 1924, jugée alors trop violente. Cent ans plus tard, elle est devenue un atout pour Paris et ses dirigeants qui ont surfé sur la vague du rugby à 7, autour d‘un homme clé : Bernard Lapasset. On devait déjà à l’ancien président de la FFR et de World Rugby d’avoir permis à la France d’organiser la Coupe du monde en 2007 avant d’ouvrir les portes des JO au « 7 ». Bénéfices collatérau­x : le rugby se développa comme jamais dans notre pays et débuta par ailleurs son ascension vers l’universali­té.

On pourrait croire que Lapasset a les clés du succès ; avec lui, Paris a gagné. Sa recette ? Une fine science politique et un sens aigu du lobbying. En coulisses, il a toujours su avancer ses pions avec maîtrise, pour défendre ses intérêts en éviter les pièges tendus par ses adversaire­s… Et ces derniers se sont régulièrem­ent brisé les dents sur sa carapace.

S’il a longtemps regardé du coin de l’oeil la candidatur­e de la FFR pour l’organisati­on du Mondial 2023, craignant qu’elle fasse de l’ombre à son destin olympique, Bernard Lapasset pourrait désormais oeuvrer en coulisses afin d’aider à la victoire de Bernard Laporte, et plus encore de son ami Claude Atcher ? Un renvoi d’ascenseur, vers la victoire…

Officielle­ment, rien ne permet d’affirmer que la victoire de Paris 2 024 est un atout pour le rugby. N’empêche, le succès de Paris avant la -datelimite laisse le champ libre à France 2 023 qui va intensifie­r sa campagne de séduction, en surfant sur la vague parisienne. Ce front commun pourrait être un atout supplément­aire, à l’image de celui qui avait fait gagner le Brésil et le Japon ces dernières années. C’est bien connu, le succès appelle le succès.

Mais la France du rugby se gardera bien de crier victoire trop rapidement. Car ses adversaire­s ne vont pas manquer d’insister sur l’omniprésen­ce française et l’embouteill­age assuré. Face aux 400 millions d’euros garantis à World Rugby par France 2023, l’Irlande va notamment mobiliser ses puissants réseaux à travers le Monde et les institutio­ns pour imposer une idée différente de la Coupe du monde, loin du fric et plus proche de l’authentici­té. En 2011, la Nouvelle-Zélande ne s’y était pas prise autrement pour obtenir son Mondial que l’on présentait alors comme le dernier du genre, avant l’ère du business…

Dans cette optique, et sans minimiser la puissance du Trèfle, nous serions enclins à considérer que l’Irlande, ainsi coincée entre le Japon (2 019) et sans doute l’Argentine (2 027), ne tombe pas au meilleur moment… À l’image de Los Angeles, elle pourrait même avoir intérêt à passer son tour pour mieux réussir le jackpot quatre ans plus tard, après que la France ait copieuseme­nt garni les caisses de World Rugby. Qu’en dites-vous, Bernard ?

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