Midi Olympique

PARIS À TOUT PRIX

QUE CE SOIT LE STADE FRANÇAIS OU LE RACING 92, LES CLUBS PARISIENS SONT TOUJOURS CONTRAINTS À L’EXIL POUR ORGANISER LEURS MATCHS AMICAUX D’AVANT-SAISON. POURQUOI ? ET POUR QUELS BÉNÉFICES ?

- Par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

Ily a ceux qui aiment profiter de Paris au mois d’août, de ce calme qui tranche avec la frénésie habituelle. Et puis, il y a les inconvénie­nts d’une ville vidée de ses habitants, plongée dans un profond sommeil. Comme figée pour un mois dans la glace ou le marbre. « Nous étions seuls sur terre

à Paris au mois d’août », chantait Charles Aznavour, en 1966. Et ça n’a pas vraiment changé. La tradition perdure : en août, Parisiens et Francilien­s s’exilent, direction essentiell­ement le Sud de la France, les bords de mer. Le supporter de rugby n’échappe pas à la règle. Voilà donc la première raison pour laquelle les clubs parisiens ne planifient jamais de matchs amicaux à domicile. Les dépenses inhérentes à l’organisati­on d’une rencontre seraient assurément plus élevées que les recettes.

CARTER, ÇA SE PAIE !

Et puis, pour le Stade français, comme pour le Racing 92, s’exporter peut avoir du bon. Ces deux clubs se sont construit une image, un effectif, un palmarès, autant d’éléments qui se monnaient. Recevoir ces clubs-là en match amical dans son enceinte, par-delà l’intérêt sportif, a un enjeu économique. C’est l’assurance de tribunes bien garnies. Accueillir Dan Carter, longtemps meilleur joueur du monde, a donc un prix. Les sommes oscillent en fonction de plusieurs paramètres, mais le RC Toulon, qui accueiller­a prochainem­ent l’ASM Clermont Auvergne, déboursera par exemple 80 000 euros pour affronter les champions de France en titre.

En 2013, le Racing avait participé en Suisse au « Legion Geneva challenge », un tournoi de gala de présaison européen avec les Tigres de Leicester, les Harlequins et Montpellie­r. Si la société Légion Sport Internatio­nal (LSI), organisatr­ice de l’événement, a finalement été mise en faillite, les clubs devaient être rémunérés pour leur participat­ion. Cette année, le club francilien affrontera le Stade toulousain en match amical et sera aussi rémunéré pour cette opposition. C’est « Team One », une société d’évènementi­els, en charge de l’organisati­on de cette rencontre se disputant à Lannemezan, qui réglera la facture, tout comme pour le Stade toulousain. « Effectivem­ent, un montant est alloué aux deux équipes, confirme le manager du Racing, Laurent Travers. Mais, ça ne se passe pas toujours de cette façon. Parfois certains clubs prennent en charge le déplacemen­t et l’hébergemen­t. D’autres proposent un intéressem­ent sur la billetteri­e. Rien n’est établi. »

LE « CHALLENGE HUGO BONNEVAL »

En 2012, le Stade français avait disputé un match amical à Agen gratuiteme­nt. Enfin, presque. Cette rencontre avait été organisée dans le cadre d’un accord entre les deux clubs suite au volte-face de l’arrière Hugo Bonneval. Ce dernier, soucieux d’obtenir du temps de jeu qu’il ne trouvait alors pas dans la capitale, avait paraphé un précontrat en faveur du club lot-et-garonnais. In fine, il avait changé d’avis et accepté une propositio­n de contrat de trois ans avec son club formateur. Pour ne pas avoir à verser d’indemnité, le Stade français avait alors proposé l’organisati­on d’une rencontre amicale de présaison au stade Armandie, s’engageant à se déplacer gratuiteme­nt et à laisser l’intégralit­é de la recette au SUA. Dans l’intimité du vestiaire stadiste, on avait alors ironisé sur cette rencontre, la baptisant : « Le challenge Bonneval ».

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