UN MÉDECIN AU CHEVET DE L’ÉQUIPE
LA NOUVELLE CAPITAINE IRLANDAISE JONGLE ENTRE SA CARRIÈRE ET SON BOULOT DE MÉDECIN... À L’ÉTRANGER.
Quand un policier défaille, il ne reste plus qu’à appeler un médecin. Ce n’est pas le moindre des charmes de cette Coupe du Monde féminine que de pouvoir désigner les joueuses par la profession qu’elles pratiquent. Le coup de jouvence est même particulièrement jouissif. On se croirait revenu dans les années 70 quand JPR Williams, star du pays de Galles maniait lui aussi le stéthoscope ou que Jean-Pierre Bastiat était agent d’assurances. Claire Molloy a donc été désignée capitaine pour remplacer l’icône Niamh Briggs. A 28 ans, cette troisième-ligne aile exerce la profession de médecin au… pays de Galles, mais joue en Angleterre, à Bristol. Inutile de dire que son emploi du temps est parfois échevelé. Elle laisse dire qu’elle est la cliente la plus connue des employés de l’aéroport de Cardiff tant elle multiplie les aller-retours entre la Principauté et Dublin. Elle est originaire de Galway, où elle a longtemps pratiqué le football gaëlique, jusqu’à jouer une finale nationale avant d’opter pour le rugby quand elle déménagea au pays de Galles pour intégrer la faculté de médecine locale. En fait, elle doit sa carrière formidable à… une mauvaise note en mathématiques au baccalauréat (ou son équivalent). Ceci lui a fermer les portes des facs de son pays. Cardiff n’était qu’une solution de repli et comme il n’y avait pas vraiment de foot gaëlique au pays de Galles, elle s’est mise au rugby par défaut.
UN CHOIX SURPRENANT
Sa rapidité et son agressivité lui ont permis de brûler toutes les étapes et elle a vite trouvé sa place en sélection jusqu’à compter 57 capes à ce jour, dont les Coupes du Monde 2010 et 2014. Lors du grand Chelem historique de 2013, elle préparait en même temps ses matchs et ses examens de fin d’études : deux défis parallèles qui en auraient épuisé plus d’une. « En 2013, j’ai bossé mes examens finaux en passant tous mes week ends, de janvier à avril, à l’extérieur du pays où j’habite et je travaille. Et j’ai fini par le match du grand Chelem en Italie que j’ai vécu en hypothermie, tellement il faisait froid. Ca valait le coup car depuis, quand on me croise avec des vêtements siglés IRFU, on ne me demande plus si je suis supportrice, mais on croit me reconnaître comme joueuse. »
Elle a même commandé l’équipe nationale de sept aux championnats du monde de 2013. « C’est l’une des joueuses les plus expérimentées du groupe et avec deux Coupes du monde au compteur, elle sait ce que ça représente que de mener son pays pour négocier matchs à haute pression », a commenté Tom Tierney. Ceci dit, le choix a quand même surpris dans la mesure où lors du dernier Tournoi c’est la numéro 8 Paula Fitzpatrick qui avait été désignée pour remplacer Niamh Briggs, déjà blessée aux adducteurs. Mais Tierney a fait un autre choix : « Je suis très heureuse d’avoir été choisie pour ce rôle. Mais je sais que je ne serai pas seule, je serai entourée de beaucoup de partenaires de talents et d’expérience. C’est ma plus grande chance », a-t-elle déclarée. A vrai dire, sur le terrain, sa condition de médecin ne se voit pas trop car elle est une plaqueuse-gratteuse qui ne guérit pas l’adversaire, loin de là, qui le perturbe plutôt comme le légendaire Ken Kennedy en son temps.