Meilleurs voeux
Le soleil cogne, les migraines du premier de l’an ne sont encore qu’une vague promesse de « plus jamais ça » et pourtant, on se laisserait déjà aller à quelques voeux. Des désirs, glissés entre le souffle stéroïdé des FourNations et les demi-finales de la Coupe du monde féminine. Avec son lot d’espoirs, le Top 14 revient, douze semaines après. Pour ceux qui se rendent au stade pour y rire, pleurer ou simplement se retrouver, ce fut une éternité. Alors, chouette, c’est la rentrée ! Une fois au moins, on l’aura osé. Quelques remarques, tout de même, qui sont elles bien de saison. Dans cette perpétuité du rugby, douze mois par an, l’été offre une bulle d’ailleurs. Le temps de confirmer que ce qui se fait loin de notre nombril devrait aussi nous inspirer quelques envies, bien plus que du dénigrement. Le Super rugby qui s’est achevé début août confirme la tendance née il y a bientôt deux ans, à l’aube de la dernière Coupe du monde : le rugby est un sport de vitesse, de technique et d’intelligence. Sans discréditer le combat, essentiel. Mais celui-ci est à nouveau un moyen, un socle, jamais un couronnement. Le Four nations fraîchement débuté ne dit pas autre chose et la Coupe du monde féminine, à son échelle, livre des enseignements similaires. Au rayon des doléances pour notre Top 14, il y aurait donc celle-ci : pourrait-on s’épargner ce spectacle répétitif et souvent étriqué, où l’enjeu flingue le jeu, où on se mesure l’hormone au kilo de plus, rarement à la passe de plus ? Une idée, qui persiste. Exigeants ? Nous ? Certainement. Mais la boucherie de la dernière demi-finale Toulon-La Rochelle, celle quasi-identique de la finale Clermont-Toulon ont accouché de plus de commotionnés que d’essais. Sans rire. Tous les airs d’un gâchis, eu égard aux qualités des joueurs sur la pelouse.
En clair, on rêverait désormais d’un Top 14 où le meilleur gagne, pas toujours le plus fort. Les raisons d’y parvenir sont réelles et nombreuses. L’été qui se prolongera encore quelques semaines et offrira des conditions plus propices au jeu de mouvement en est une, le retour aux affaires d’entraîneurs estampillés « spectacle » en est une autre. L’obsession du maintien moins prégnante par le changement de formule, la nécessité pressante de ce rugby pétillant pour le bien des Bleus, notre vitrine, et la prise de conscience qui se fait lentement chez les acteurs de notre affaire complètent le tableau. Le défi est immense mais il en va de l’image de ce sport, de son attrait sur les jeunes, au regard des mères de famille qui n’osent plus envoyer leur rejeton sur les stades, cognant lourdement sur le nombre de licenciés. S’il accomplit cette mission, le Top 14 ne sera alors pas loin d’être le meilleur championnat du monde, comme il en revendique déjà les attributs. Car pour le reste, il est déjà le plus dense qui soit avec douze équipes crédibles dans la course à la qualification. Ça donne envie.