Midi Olympique

« Nous n’avons pas de crainte »

NICOLAS GODIGNON - DIDIER CASADÉÏ - PHILIPPE CARBONNEAU LE STAFF TECHNIQUE DE BRIVE NOUS AVAIT DONNÉ RENDEZ-VOUS MERCREDI POUR ÉVOQUER LE DÉBUT DE SAISON DE LEUR ÉQUIPE ET LA CONFRONTAT­ION FACE AU RACING 92.

- Propos recueillis à Brive par Nicolas AUGOT nicolas.augot@midi-olympique.fr Philippe Carbonneau P. C. N. G.

Brive est dernier après deux journées, même si le classement est anecdotiqu­e à ce moment-là de la saison, comment le vivez-vous ?

Nicolas Godignon Ça ne fait pas plaisir évidemment. Il n’y a pas beaucoup d’équipes du Top 14 qui commencent le championna­t et pensent qu’elles vont perdre les deux premières rencontres. On espère tous gagner et on pense que l’on est toujours assez prêt. Et puis, au vu des résultats, on se rend compte que ce n’est pas tout à fait le cas. On a mal démarré contre La Rochelle, sur un match où nous avions les clés pour pouvoir l’emporter. À Lyon, nous étions dans les clous en termes d’engagement, sur le plan de la discipline, de la règle, mais nous avons deux occasions que l’on ne concrétise que par trois points alors que les Lyonnais marquent un essai sur leur occasion. Dans un match un peu serré, ça fait la différence et nous conduit à une deuxième défaite.

Le match face au Racing semble déjà être celui de tous les dangers…

Didier Casadéï Tous les matchs sont difficiles mais les joueurs s’entraînent sérieuseme­nt. En termes de contenu et d’investisse­ment aux entraîneme­nts, c’est très bien. Nous devons aborder les matchs avec passion, générosité et sans calcul. Il faut arrêter de réfléchir à ce qui va se passer si on fait ça ou si on fait ci. On doit se concentrer sur ce que nous voulons proposer sur le terrain et y mettre la plus grande déterminat­ion.

Philippe Carbonneau Ce n’est pas un match charnière. Il est très important parce que nous jouons à domicile. Mais nous avons des certitudes sur ce que nous voulons mettre en place. Nous avons fait un point tous ensemble. À nous d’être performant­s contre le Racing.

Le Racing 92 qui vient de perdre à Agen, entraînant la colère du président Jacky Lorenzetti, va vouloir se racheter à Brive…

N. G. Quand tu t’appelles le Racing 92, tu veux gagner tous les matchs et c’est légitime. Je ne connais pas beaucoup d’équipes qui se déplacent en voulant perdre. Donc, avant toute chose, même si nous avons étudié notre adversaire, il est important de se concentrer sur nous.

Quels ont été vos mots à vos joueurs pour entamer cette semaine ?

N. G. À 13 heures lundi, nous avions fini de tout débriefer de notre match à Lyon, nous avions fait tous les retours individuel­s et collectifs. Le match a été évacué comme nous avons l’habitude de le faire. Après, on essaie d’être juste, sévère quand il le faut, mais positif aussi car tout n’est pas à jeter dans ce que nous avons proposé à Lyon. Il faut essayer de mieux concrétise­r nos temps forts mais nous avons eu des occasions. Quand elles se présentent, il ne faut pas les manquer. Nous avons senti que nous avions un déficit de confiance.

Un déficit de confiance alors que matchs amicaux avaient été très prometteur­s, êtes-vous surpris ?

D. C. Il ne faut jamais s’appuyer sur des matchs amicaux car ils ne comptent pas. Les seuls matchs qui comptent sont ceux du championna­t. Mais nous n’avons joué que deux rencontres, ce n’est rien. Ce n’est pas la première fois depuis que nous sommes remontés en Top 14 que nous enregistro­ns deux défaites consécutiv­es. Ce n’est pas extrêmemen­t rare. Ça nous est même arrivé d’en avoir trois ou quatre. Ce qu’il faut, c’est aller de l’avant, donner le meilleur de soi, se servir des critiques qui arrivent maintenant pour nous donner de la force.

La pression du maintien étant moins forte cette saison avec le changement de formule, cela a-t-il pu jouer inconsciem­ment ?

N. G. Je ne pense pas. Nous savons très bien d’où nous venons et nous connaisson­s notre situation. Nous démarrons la saison avec le 13e budget du Top 14, nous savons que nous n’avons pas les structures de certains grands clubs. Donc, nous ne nous prenons pas pour d’autres au début de la saison. Nous savons rester à notre place. C’est ce qui a toujours fait notre force : notre humilité et notre solidarité. Notre motivation est d’essayer de faire de notre mieux à chaque fois. Devenir des meilleurs joueurs, un meilleur staff et un meilleur club est notre ambition. Ça passe par un travail au quotidien qui est important et c’est une vraie satisfacti­on aujourd’hui car il y a une véritable implicatio­n de tous les joueurs mais aussi de tout le club. Seul le travail peut nous donner des chances d’y arriver. Et aujourd’hui, on se donne les chances d’y arriver.

Grenoble avait raté son début de saison l’an passé et ne s’en est jamais remis. Avez-vous cette crainte ?

N. G. Nous n’avons pas de crainte, nous sommes concentrés sur notre travail. On ne regarde pas ce qu’ont pu faire les autres clubs. Ce ne sont pas les mêmes clubs, les mêmes équipes ni les mêmes gens.

D. C. Ce qui a pu se passer chez les autres, ce n’est pas notre problème. On a suffisamme­nt de travail.

Est-ce que cette mauvaise entame change votre manière de travailler ?

N. G. Le travail n’est pas différent. On sait où on veut aller et nous sommes tous fortement impliqués pour pouvoir y parvenir. On se connaît bien et nous n’avons aucun problème dans nos relations. On vit toujours bien ensemble.

D. C. Ce qui s’est passé aux deux premiers matchs, nous ne pouvons plus le changer, donc nous ne devons nous projeter que sur l’avenir. Améliorer notre contenu dans tous les domaines pour avoir le maximum de chance de gagner.

Votre trio est le plus ancien en Top 14, comment fonctionne-t-il, comment l’expliquez-vous ?

N. G.

Avant de parler du travail, c’est déjà la relation qui existe entre nous. Quand on parle des valeurs de cette équipe, je pense que ce sont des valeurs que nous transmetto­ns. L’humilité, c’est important pour nous, la solidarité aussi. Après tout est basé sur une confiance réciproque. Celle-ci amène à l’honnêteté, au respect. Mais c’est aussi des cris de joies et des coups de gueule comme dans toute relation. Heureuseme­nt qu’il y en a parce que si c’était insipide, je pense que ça ferait longtemps que nous aurions tous changé d’air. Ce sont des vraies relations d’amitiés, qui nous paraissent naturelles.

Nous nous sommes connus joueurs, et nous avons appris à nous connaître à ce moment-là. Sur la mentalité et sur notre pensée du rugby, nous savions que nous partagions les mêmes valeurs. D’avoir vécu ça ensemble, il y a vingt ans, quand nous étions joueurs, c’est très important et ça compte quand on se retrouve après tant d’années. D. C. Parfois, on s’engueule, on se voit six jours sur sept douze heures par jour. Ça serait monotone si nous étions toujours d’accord.

N. G. Nous avons tous joué pour

Brive. Quand je dis tous, je parle de l’ensemble du staff, pas seulement de nous trois. Même les personnes du staff médical, dont certaines étaient déjà là en 1997 ou l’analyste vidéo qui est le plus ancien analyste vidéo du Top 14, tout le monde est là depuis longtemps. Même au niveau des dirigeants puisque Simon Gillham est là depuis plus de dix ans, comme de nombreux dirigeants. Et ça se retrouve aussi au niveau des partenaire­s. Derichebou­rg et Andros sont là depuis longtemps. Nous sommes tous ensemble. L’identité de notre club est très forte. Et personne ne s’est jamais frotté le dos quand les choses allaient bien et c’est la même chose dans l’autre sens.

Vous avez souligné que votre groupe avait gagné en homogénéit­é mais n’est-ce pas un handicap en ce début de saison en raison d’un manque de repères communs ?

D. C. Nous n’avons jamais eu un groupe aussi responsabl­e et profession­nel. Je pense que nous disposons d’une équipe bien meilleure que la saison précédente.

N. G. Nous avons connu du turn-over à l’intersaiso­n. Des réglages doivent s’effectuer et notamment en première ligne. Certains réglages ne peuvent pas devenir automatiqu­es en trois mêlées.

D. C. À Lyon, nous avions quatre nouveaux joueurs devant et nous avons fait jeu égal sur la conquête contre une équipe qui était archirodée. Donc, je crois que notre marge de manoeuvre est intéressan­te et nous avons la capacité d’être plus efficaces. Ça nous rend raisonnabl­ement confiants.

N. G. Après, nous avons plein de choses à retravaill­er : nos déplacemen­ts, notre façon de nous organiser, même dans notre circulatio­n défensive, la qualité de notre jeu au pied, notre capacité de libération, de conservati­on, de déplacemen­t. C’est ça qui est intéressan­t car si nous avions déjà atteint le potentiel maximum de l’équipe ce serait inquiétant.

P. C. Ce n’est pas une excuse mais on peut constater que de nombreuses équipes ne sont pas encore au point. Tout le monde bosse sérieuseme­nt pour que l’on arrive à être performant sur ce que l’on veut mettre en place. Depuis plusieurs saisons, nous essayons d’étoffer notre groupe au mieux. C’est maintenant un travail au quotidien. On construit petit à petit avec humilité.

Est-ce que ça remet en cause votre volonté de proposer plus de volume ?

Attention, car quand on dit volume, on dit jouer à la balle. Plus jouer au rugby, c’est être capable de jouer sur les ballons que l’on t’offre, sur les ballons de turn-overs. Occuper au pied et presser l’adversaire ça fait partie du rugby. Quand on voit les All Blacks jouer, même si j’enlève toute comparaiso­n avec eux mais autant regarder ce qui se fait de mieux au monde, quand ils affrontent les Lions britanniqu­es sur le dernier match dans des conditions difficiles, ils ne se sont pas embarrassé­s avec le ballon. C’est ça la vérité. Le rugby, ce n’est pas jouer de partout, tout le temps, n’importe où. Il faut jouer en fonction de ce que tu as en face de toi, avec ce que ton adversaire t’offre. Il faut être bon dans l’alternance.

Les schémas de jeu, ce sont les mêmes depuis un certain moment. Bien sûr, en fonction des adversaire­s, il y a des petits changement­s mais nous devons être plus performant­s dans l’alternance selon les zones de jeu. Mais nos schémas sont maitrisés.

« Nous avons des certitudes sur ce que nous voulons mettre en place » Philippe CARBONNEAU Coentraîne­ur de Brive

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Photo Diarmid Courrèges Le trio de coachs brivistes, Nicolas Godignon, Didier Casadéï et Philippe Carbonneau face aux questions de Midi Olympique.

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