L’INCONNU DU STADE
MAIS QUI EST DONC CE NÉO-ZÉLANDAIS QUI COMPTE DÉJÀ UN ESSAI POUR UNE SEULE TITULARISATION ? RENCONTRE AVEC TONY ENSOR.
Face à La Rochelle, le stade Jean-Bouin a découvert Tony Ensor. Première titularisation avec les Soldats roses, premier essai pour ce jeune néo-zélandais arrivé durant l’été dans le plus grand anonymat, Et pour cause. Le parcours de ce kiwi n’est pas banal.Au contraire. À 26 ans, le natif de Balclutha, petite bourgade de 4 000 habitants coincée entre Dunedin et Invercagill, tout en bas de l’Ile du Sud, n’avait jamais imaginé un jour se retrouver à jouer au rugby à Paris. « Si on m’avait dit ça un jour, je ne l’aurai pas cru. »
Comme tous les gamins néo-zélandais, Tony Ensor ne rêve que du maillot à la fougère. À 5 ans, il suit ses copains et débute le rugby au sein du club local, gravit les échelon. En 2010, après le lycée, il rejoint Dudenin, « la grande ville », sourit-il. « Pour moi, c’était déjà un sacré changement. » Il porte les couleurs du club de Kaikorai, poursuit ses études d’éducation physique et sportive à l’université d’Otago. Il n’a que 21 ans quand il débute en ITM Cup (devenue la « Mitre 10 Cup). « C’était en 2012, raconte-t-il très tranquillement assis dans une loge du Stade Jean-Bouin. Ma première saison a été très bonne, j’ai donc intégré les Highlanders dès la saison suivante pour participer au Super Rugby. » Le rêve prend forme. Las,Tony Ensor va déchanter. « Tout se passait bien jusqu’à ce que je me blesse lors d’un match de pré-saison, se souvient-il. Durant cette saison 2013-2014, je n’ai pas été très chanceux. Je me suis d’abord pété l’épaule : six semaines d’absences. Puis, lorsque j’ai repris, je me suis « fais » le genou et j’ai été absent durant six mois. C’étaient mes deux premières blessures. » Sa dernière saison avec les Highlanders. « Ça a été un moment difficile. Mais j’ai essayé de positiver. Je pensais que j’aurais d’autres opportunités. » La relance, il y croit lorsque son téléphone sonne. À l’autre bout du fil, Gordon Tietjens. L’emblématique entraîneur de l’équipe de Nouvelle Zélande à VII lui propose un contrat d’un an. « Pour moi, c’était un honneur de représenter mon pays. J’ai tenté l’expérience, mais je n’ai disputé qu’un seul tournoi. » La faute à une cascade de blessures, encore une fois.
RETOUR CASE DÉPART
En 2015, retour à la case départ. Il reprend ses études et obtient son « bachelor » d’éducation physique et sportive. En parralèle, il évolue en « Mitre 10 Cup », se met souvent en évidence. C’est de cette façon que Greg Cooper, mandaté alors par Thomas Savare pour trouver un joueur susceptible de remplacer Hugo Bonneval, le remarque. « Je le connaissais déjà, je savais quel était son potentiel, assure le successeur de Quesada. C’est un joueur doué, porté sur l’attaque qui correspond à la philosophie du jeu du Stade français. » « La proposition est arrivée au bon moment, sourit Ensor. Pour moi, c’était une opportunité extraordinaire pour découvrir un autre rugby, une autre culture. Je ne m’y attendais pas. » Aller-retour express en plein mois de janvier pour visiter les installations et parapher un contrat de deux ans. À Paris, il a donc débarqué avec sa fiancée, mais sans fox terrier « Tiki » qui lui manque terriblement, dans l’ombre de ses compatriotes Aron Cruden (Montpellier) ou Tawera KerrBarlow (La Rochelle). Il ne s’en émeut pas lorsqu’on lui dit qu’en France, personne n’avait jamais entendu parler de lui. « J’espère que ce sera un nouveau départ pour moi. Ici, je découvre une nouvelle culture, un nouveau jeu. » Et de souligner combien il a été impressionné par le combat qui règne en Top 14. « C’est la principale différence. Ici, les avants sont vraiment plus gros », ce qui le fait rire. Ses objectifs ? « Je veux être plus consistant que les saisons précédentes. En raison de différentes blessures, j’ai manqué de constance. J’ai envie de prouver que je peux jouer au plus haut niveau. » Samedi à Bordeaux, il aura la possibilité de le démontrer en évoluant à l’arrière en raison de la blessure de Djibril Camara.