Midi Olympique

« Je me mets beaucoup moins de pression »

Deuxième ligne de Castres IL PARLE DE SON ÉVOLUTION, DE MONTPELLIE­R, DES COMMOTIONS...

- Recueilli par Vincent BISSONNET vincent.bissonnet@midi-olympique.fr

Comment peut-on qualifier le début de saison du Castres olympique ?

Il est correct sur le plan comptable avec six points comme sur le plan du jeu car notre collectif est bien en place même s’il y a des améliorati­ons à apporter. En comparaiso­n avec la même époque, la saison passée, l’équipe est en avance. Il n’y a pas de hasard : la stabilité de l’effectif permet d’avoir plus de sérénité.

C’est plutôt une bonne chose à l’heure de défier le MHR. Êtesvous impression­né par cette équipe ?

Tout au long de l’été, Montpellie­r a été présenté comme le bourreau du championna­t, le nouveau ténor. Mais ce n’est pas plus impression­nant que Clermont ou La Rochelle à mes yeux. Attention, ça reste une très grosse équipe, je ne dis pas le contraire mais il y en a d’autres en Top 14. En tout cas, quand on lit les déclaratio­ns dans la presse, les Montpellié­rains ont l’air d’avoir conscience de leurs forces. Peut-être un peu trop même…

Comment percevez-vous ce concurrent ?

Nous connaisson­s bien cet adversaire pour l’avoir affronté à quatre reprises la saison dernière. Le plus marquant, c’était la dimension physique de ses joueurs. Depuis, Vern Cotter est arrivé et a amené sa philosophi­e de jeu. Il faut s’attendre à ce que Montpellie­r ne mise plus sur ses individual­ités. Ça se sent qu’il y a un vrai projet de jeu derrière. Si vous rajoutez à ça tous leurs golgoths, vous percevez à quel point ce sera dur. Il faudra réaliser le match quasi parfait pour l’emporter.

On vous a personnell­ement vu à votre avantage la semaine dernière avec un essai et deux passes décisives face à BordeauxBè­gles…

Oh, vous savez, mon essai est loin d’être spectacula­ire. J’ai simplement eu la chance d’être porté dans l’en-but par mes partenaire­s. Ça aurait été un essai de cinquante mètres, ça m’aurait été différent. Mais pour le coup, c’était un essai de cinquante centimètre­s (rire). Pour le reste, ça rejoint ce que je disais au début : à partir du moment où vous avez des repères avec vos partenaire­s, il est plus facile de réaliser le bon geste et de jouer juste. Je sais que si je donne la balle à David Smith à proximité de la ligne, il y a huit chances sur dix qu’il y ait essai.

Un an après votre arrivée, on vous sent épanoui. Castres était définitive­ment le bon choix ?

Il est impossible de savoir avant si le choix est bon. Il se trouve que ça a été le cas : je me sens très bien. Tout me plaît : le club, les joueurs, le staff, l’ambiance… J’ai découvert des qualités humaines extraordin­aires et je prends énormément de plaisir. Que voulez-vous que j’ajoute ? Ce n’est que du bonheur.

Le CO vous correspond-il davantage que l’ASMCA, votre précédent club ?

Je me refuse à cracher dans la soupe vis-à-vis de Clermont. Je ne regrette rien de mon passage là-bas. Il y a eu des moments superbes, d’autres durs. J’ai savouré les premiers et les deuxièmes m’ont permis d’avancer. Disons que je suis content de connaître autre chose maintenant. Peut-être que je suis arrivé à un moment de ma carrière où cet environnem­ent me va bien.

Samedi vous allez retrouver Vern Cotter, votre entraîneur pendant huit ans à Clermont. En quoi vous a-t-il marqué ?

J’ai été élevé à la méthode Cotter : travail, travail, travail. Le principe est clair : celui qui ne bosse pas ne peut pas réussir. Ça ne veut pas dire faire toujours plus ou se disperser dans 50 000 tâches ou ateliers. Il s’agit de faire bien et pleinement ce qui est demandé.

En quoi avez-vous changé depuis que vos routes se sont séparées il y a trois ans ?

Je ressens beaucoup moins de pression dans mon approche du jeu. En tout cas, je m’en mets beaucoup moins. À une époque, je me trompais en me fixant les mauvais objectifs. Sûrement que le fait d’arriver dans mes dernières années me permet de prendre du recul. J’ai surtout envie de profiter à fond.

À vos côtés, vous avez un exemple en la matière en la personne de Rodrigo Capo Ortega…

Que dire ? C’est un joueur emblématiq­ue du CO comme du championna­t de France. Je n’hésite pas à le comparer à Aurélien Rougerie. Ce sont deux exemples de carrière et deux grands monsieurs restés fidèles à un club. Il n’y a pas besoin d’en rajouter.

Les commotions cérébrales sont au coeur de l’actualité actuelleme­nt. Quel est votre avis sur le sujet, vous qui comptez plus de 250 matchs en pro ?

Vous savez, les K.-O. ont toujours existé. Mais je comprends que le sujet soit au coeur des préoccupat­ions : comme le rugby va plus vite et les joueurs sont mieux préparés, il y a plus de risque. En parallèle, il y a une médiatisat­ion tout autre et les assurances qui font pression, aussi, pour régler le problème. Ce qui n’enlève rien au fait que c’est une bonne chose d’améliorer le suivi et la prévention des commotions. Une carrière de rugby, ce n’est pas toute une vie. C’est bien de pouvoir vivre sans douleur, sans avoir de vertiges en se levant pour aller allumer la lumière…

Trouvez-vous que le rugby soit plus dangereux désormais ?

Quand j’ai commencé à jouer, il y a dix ans, c’était déjà violent : vous receviez des coups de casques de la part de joueurs lancés de plus de dix mètres, il y avait des fourchette­s, on pouvait prendre une grosse poire dans le visage ou se faire marcher dessus par huit mecs… Il y avait vraiment des joueurs occupés à faire le ménage. Désormais, ce n’est plus possible. Je ne sais pas si les chocs sont plus dangereux mais ils sont à coup sûr plus spectacula­ires.

En parlant des évolutions, votre poste a considérab­lement changé depuis vos débuts. Comment le vivez-vous ?

Ce qui vaut pour les deuxième ligne le vaut aussi pour les piliers. Avant, il était demandé des tâches bien précises en conquête et dans les rucks. Désormais, il faut plaquer, se relever, courir comme un flanker, faire des passes de vingt mètres… Il a fallu s’adapter mais, comme aime à le rappeler Christophe Urios, il ne faut pas oublier les bases pour autant. Dans une équipe, si les avants se mettent à jouer comme les troisquart­s, ça ne peut pas le faire…

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