TONNERRE À L’OUEST !
LES DEUX ÉQUIPES SE RETROUVENT À PERTH DANS UN CONTEXTE TRÈS TENDU À CAUSE DE LA DISPARITION DE LA WESTERN FORCE. A SE DEMANDER SI LE PUBLIC NE VA PAS SOUTENIR LES VISITEURS.
C’est dans une atmosphère très lourde que les Wallabies affronteront les Springboks samedi à Perth après le rejet du recours en justice de la fédération d’Australie Occidentale pour maintenir la Western Force dans le Super Rugby. Le dernier recours est tombé, le prochain Super Rugby se jouera donc avec une équipe de moins (lire en page « cris et chuchotements »). Malgré les appels d’anciens internationaux pour soutenir l’équipe, il est fort probable que les Wallabies se produisent devant une foule qui, si elle n’est pas hostile, devrait largement montrer son mécontentement. Elle pourrait porter la couleur bleue de la Western Force ou bien noire pour marquer le deuil de l’équipe de Perth, sacrifiée sur l’autel d’une réforme que les Australiens n’ont pas digérée. Ils se sentent les cocus de l’histoire après avoir appris que deux franchises sud-africaines allaient jouer en ligue celte.
AMBIANCE NÉGATIVE ?
Les dirigeants de la Fédération australienne (ARU) devront avoir des nerfs solides pour affronter les quolibets et autres sifflets qui accompagneront leur moindre mouvement. Du coup, on se demande si les Sud-Africains ne vont pas se présenter avec un avantage massif, eux qui jouent soi-disant à l’extérieur mais qui sont traditionnellement supportés par des milliers de compatriotes exilés dans ce coin de l’Australie. Il y aura de toute façon une atmosphère très particulière samedi à Perth. Espérons pour Cheika et ses hommes que cette atmosphère ne viendra pas polluer le niveau de jeu offert à Dunedin face aux All Blacks il y a 15 jours, malgré la défaite 35-29 (cinq essais partout). Ils devront jouer en plus sans leur talonneur Stephen Moore, empêché pour des raisons familiales (ceci dit, il ne fut pas à son zénith lors des deux dernières rencontres). Il est sûr qu’offensivement parlant, les Wallabies peuvent monter dans les nuages. Mais Cheika n’a pas fait mystère des lacunes qui « plombent » encore cette équipe. En premier lieu, la mêlée. Elle a beaucoup subi face aux Blacks, même si, derrière une reculade, Genia a su percer pour amener l’essai de Foley. Le trio Sio, Moore, Alaalatoa, mal soutenu par Simmons et Arnold, a déçu. Mais les rentrées de Polota-Nau et de Kepu avaient amélioré la donnée en deuxième période. Face à la mêlée des Springboks qui a dominé sa rivale argentine, Michael Cheika devra aligner ses meilleures armes en première ligne.
Les Australiens ont aussi montré des faiblesses sur les renvois. Dès le début du match, ils se sont retrouvés sous pression après avoir manqué la réception du coup d’envoi de Beauden Barrett. À la 77e minute, après l’essai de Beale, rebelote alors qu’il suffisait d’assurer la réception du ballon pour enchaîner quelques phases de jeu. On vit alors Rodda et Folua se percuter en vol et Read détourner le ballon dans son camp. Un manque de sangfroid dans les moments importants vraiment criants. À Dunedin, les Australiens ont concédé cinq essais et 35 points et Nigel Owen a justement refusé deux autres essais aux All Blacks. Michael Cheika a souligné dans la semaine que les Wallabies avaient manqué autant de plaquages que lors du premier match du Rugby Championship où son équipe avait pris un 54-34 (et huit essais encaissés). On insiste, reste à savoir si, ballon en mains, les Australiens sauront produire la même intensité à Perth face à une foule hostile qu’à Dunedin.