LE CHÊNE EN OR
LE CAPITAINE DE LA ROUMANIE A ENTAMÉ SA TROISIÈME SAISON AVEC LE CLUB HAUT-GARONNAIS. L’OCCASION DE REVENIR SUR SON PARCOURS ET SON ASCENSION QUI N’EST SANS DOUTE PAS TERMINÉE.
Et les travées du stade Bendichou ont rugi de plaisir. À la 17e minute du match face à Bayonne, dimanche dernier, l’arrière argentin de l’Aviron bayonnais Martin Bustos Moyano a croisé le chemin de Mihai Macovei. Le troisième ligne auteur d’un plaquage offensif tout en puissance n’a pas fait échapper le ballon au capitaine de l’Aviron mais nul doute que le joueur a mis un certain temps à retrouver ses esprits. Le genre d’actions redevenu une habitude depuis janvier 2017. Depuis que Mihai Macovei a retrouvé les terrains après sa première grosse blessure, une rupture des ligaments croisés du genou droit survenu le 22 mai 2016 à Carcassonne. Une blessure qui le priverait de la fin de saison en apothéose du club haut-garonnais conclu par une défaite avec les honneurs en demi-finale sur la pelouse de Jean-Dauger face à… Bayonne. Depuis, le solide troisième ligne (1,94 m, 108 kg) a repris du poil de la bête.
TAILLÉ POUR DURER
Contraint de souffler, chose qu’il n’avait pas faite comme le reconnaissait Olivier Nier, qui l’a découvert avec Serge Laïrle et l’a appelé pour la première fois sous le maillot de la Roumanie en 2010 avant de le faire signer en 2014 à Massy après une première saison en France du côté de Saint-Nazaire : « Sa Coupe du monde en 2015 en Angleterre avait été énorme comme en témoigne son match face au Canada où il avait mis deux essais (victoire de la Roumanie 17-15). Il avait fait une très grosse saison avec Colomiers juste avant sa blessure. C’est un coup très dur au moment où il se blesse, il a manqué à son équipe pour la demi-finale. » Avec notamment ses belles dispositions dans le jeu que
détaille l’actuel entraîneur de la Suisse : « Il a un pouvoir de pénétration incroyable, c’est un joueur très rugueux et qui a en plus de cela une capacité à reprendre ses appuis dans le contact. C’est très rare parce que les joueurs qui secouent à l’impact n’ont pas forcément cette aptitude. Mihai a lui compris très vite qu’il fallait qu’il soit fort sur ses appuis pour pouvoir enchaîner sur du jeu debout et pas du jeu au sol. Il sait faire jouer derrière lui. Pour un entraîneur c’est intéressant car il est travailleur et il a aussi une réflexion sur le jeu. »
TONITA, LE MODÈLE
Des qualités évidentes qui ont tapé dans l’oeil de Bernard Goutta, à l’occasion d’un Colomiers-Massy en Pro D2. L’ancien entraîneur des avants columérins- friand de ce genre de joueurs, à l’état d’esprit exemplaire n’a pas hésité une seule seconde au moment de l’engager à l’été 2015. Il a en a fait un des fers de lance des banlieusards toulousains à l’image d’un Ovidiu Tonita qu’il avait eu sous ses ordres à Perpignan. Tonita, « un modèle et un exemple » pour Macovei qui reconnaît « avoir beaucoup appris à ses côtes ». Désormais, c’est lui qui, à Colomiers, joue le rôle de modèle auprès de jeunes compatriotes comme le deuxième ligne Marius Antonescu, débarqué de Tarbes cette saison.
Loué pour sa générosité dans le combat, et « sa richesse humaine » que découvre son nouveau manager Olivier Baragnon, le joueur de 30 ans, aux 75 sélections avec les Chênes, surnom de la sélection roumaine dont il est le capitaine depuis 2011 -
« tout saut un hasard » note Baragnon- est désormais en pleine possession de ses moyens.
Son retour à la compétition le 20 janvier dernier pour la réception d’une Usap revancharde (Colomiers avait gagné le match aller à Aimé-Giral) a marqué les esprits comme s’en souvient le capitaine de la Colombe, Aurélien Beco : « Il nous a fait une première mi-temps comme s’il avait enchaîné tous les week-ends précédemment. C’était assez bluffant. C’est quelqu’un qui colle à ce qu’on attendait de lui. Il s’implique à 200 %. Dès qu’il est arrivé il nous a montré qu’il rendait vraiment hommage à ses origines. » L’homme, justement originaire de la ville de Gura Humorului, nichée dans les Carpates et passé par l’équipe de Baia Mare, avec laquelle il fut trois fois champion de Roumanie reconnaît se sentir bien à Colomiers et apprécier sa vie française après cinq ans d’acclimatation. Râleur, « il n’aime pas trop se faire
chambrer » glissent Aurélien Beco et Olivier Nier, ce proche du troisième ligne d’Oyonnax, Valentin Ursache, qui fut son témoin de mariage espère désormais vivre de beaux moments en club
et en sélection nationale. Serein, il confiait cette semaine : « Il y a la Coupe du monde en 2019 avec la Roumanie évidemment où nous espérons nous qualifier lors du prochain Tournoi des 6 Nations
B. » sans oublier « Colomiers où il aimerait connaître sa première
phase finale ». Des rêves qui ne demandent qu’à être réalisés.