PROVENCE RUGBY, L’ARBRE DEVANT LA FORÊT
LE SONDAGE RÉALISÉ AUPRÈS DES ENTRAÎNEURS A CONSACRÉ L’ÉQUIPE DE PROVENCE RUGBY COMME GRANDE FAVORITE POUR LA MONTÉE. MAIS LES LEÇONS TIRÉES DE L’AN DERNIER LES INCITENT AUSSI À BEAUCOUP PRUDENCE…
Alors que débutera, ce week-end, la première journée de cette poule d’accession passionnante, qui avait réservé tant et tant de surprises la saison dernière au moment de sa mise en place, les entraîneurs des équipes engagées dans cette deuxième édition, ont maintenu leur confiance aux paramètres rationnels de la réussite. L’équipe de Provence Rugby, qui présente l’effectif censément le mieux équipé du championnat, a été plébiscitée comme la grande favorite pour le gain de la montée en Pro D2. Albi, le relégué du Pro D2, a été désigné son dauphin naturel. Budgets élevés et effectifs gonflés, les entraîneurs se sont rangés derrière les arguments massifs pour jouer avec notre sondage, et donner à lire par leurs voies multiples ainsi rassemblées, ce qui peut apparaître comme l’évidence. Mais tous le professent, et la réflexion de l’un d’entre eux résume leurs pensées et l’incertitude que génère cette compétition : « Cette poule apparaît encore beaucoup plus homogène que la saison dernière, et bien malin celui qui aura donné les bons noms dans les bonnes cases. » Valence-Romans, classé dernier à l’issue du dernier exercice, a été cité à cinq reprises pour la participation aux demi-finales. Les revanchards ont eu leur plébiscite. La qualité des promus de Rouen et de Strasbourg, qui s’appuient sur des projets solides élaborés de longue date, la dynamique chambérienne, la constance des Bressans, ou le renouveau tarbais, sont autant d’obstacles qui incitent aux commentaires prudents. Provence Rugby et Albi, déclarent-ils, mais dans leur pensée, ils le disent du bout des lèvres. L’expérience de la saison dernière a laissé des traces…
L’EXEMPLE DE MASSY
Le phénomène de groupe qui permet la sublimation des effectifs, personne n’est en mesure de le pronostiquer, et l’analyse de la première saison de cette poule d’accession, l’a élevé au rang de paramètre primordial dans la réussite d’un projet. Qui avait parié sur la réussite éclatante des Massicois la saison dernière ? Même pas eux, à vrai dire, qui se positionnaient davantage comme une équipe capable de monter en Pro D2 sur la surprise des phases finales. « Notre état d’esprit nous a portés jusqu’à un niveau de défense très élevé, qui a soutenu notre deuxième partie de championnat, et nous a permis d’enchaîner les succès même dans les moments difficiles », revient en arrière Stéphane Gonin, l’entraîneur des trois-quarts franciliens. Le lauréat de l’an dernier, en produisant un début de championnat canon en Pro D2, a montré tout l’intérêt qu’on pouvait tirer d’une préparation à rallonge, en évitant la participation aux phases finales. Si la montée en Pro D2 est recherchée par tous, la première place est le Graal. Ce championnat exige un niveau de constance très élevé pour l’obtenir. Puisqu’elle propose moins de rencontres que le marathon du Pro D2, cette course de demi-fond au rythme plus soutenu, implique qu’il faut très vite piocher, dès lors qu’une foulée est mal négociée, pour remonter la file des prétendants qui déjà s’éloignent. Provence Rugby a connu cette mésaventure la saison dernière de ne pas savoir se mobiliser sur la durée quand il le fallait. Nevers aussi. Bourg-en-Bresse également. Ils ont lâché un peu de lest, Massy est parti, et dans la frénésie de la fin de championnat où chacun défendait âprement ses intérêts, personne ne s’est montré en mesure de rattraper l’échappé. S’il faut se concentrer sur les deux favoris établis par notre sondage, ils ont déjà préparé leur équipe à conquérir cet état d’esprit qui leur permettra sur la durée de se départager pour toucher la montée directe. Arnaud Méla à Albi dit que son rôle de manager implique la nécessité de faire en sorte que les relégués du Pro D2 « ne se voient pas trop beau ». C’est pourquoi il a décidé de nommer Romain Barthélémy capitaine, avec comme suppléants Mathieu André et Tunufai Tavalea, ce qui fait un trident de trois trentenaires très expérimentés qui devront guider leur groupe pour éviter les chaussetrappes. À Provence Rugby, la leçon de la saison dernière a été si bien comprise, que Patrick Pézery l’entraîneur des avants, a botté en touche devant ce sondage : « Un favori ? Il n’y en a pas, et surtout pas nous. » Ils ont nommé là-bas trois capitaines à égalité dans leur niveau de responsabilité - Carrat, Cibray, Béal - une décision qui dit que personne n’est installé, et que chacun devra se montrer totalement compétitif sur la durée des vingt rencontres. C’est le prix à payer pour le confort grand luxe de l’accession directe. Feu, c’est parti !
Limoges et Bourgoin visés pour la dernière place
En ajoutant aux deux entraîneurs qui n’ont pas souhaité participer à notre sondage, ceux qui se sont déclarés incapables de dire lesquels de leurs adversaires leur semblaient les plus fébriles, on obtient une majorité de six votes blancs. « C’est trop tôt pour se prononcer », expliquait l’un de ceux qui ont brandi leur joker. Les autres qui se sont déclarés, ont tous porté leur vote sur Limoges et Bourgoin. Logique. La fessée reçue par les Limougeauds en match amical contre Bourg-en-Bresse (19-61) a laissé flotter comme un doute, tandis que la reconstruction tardive entreprise à Bourgoin par Jean-Henry Thubert, laisse supposer que l’équipe aura du mal se hisser immédiatement au niveau de la compétition. « Je le comprends, a commenté Thubert sans s‘offusquer. Les indices ne parlent pas pour nous. Nous partons de loin. Ce qui ne nous empêchera pas de tout faire pour faire mentir ces pronostics… »