LA BATAILLE DU TERRITOIRE
LES GIRONDINS ONT GAGNÉ AVEC BEAUCOUP DE PRAGMATISME ET CE N’EST PAS PÉJORATIF. LES RÉSULTATS DU CANEVAS POSÉ PAR LE NOUVEAU STAFF ?
C’est curieux, cette dictature du « beau jeu », serpent de mer du rugby qui vient ternir des après matchs qui devraient être marqués par le soulagement. Le match UBB-Stade français ne fut paraît-il pas extraordinaire aux yeux de certains esthètes, le président Marti dut même se justifier là-dessus. On a un peu souffert pour lui sur le coup parce que mettre 30 points à un rival direct, ça n’arrivera pas tous les jours. Du point de vue des supporteurs bordelais, il fut tout simplement reposant, reposant parce que les Bordelais l’ont maîtrisé quasiment de bout en bout. Ils ont toujours mené au score et ils ont concédé vraiment peu de situations chaudes aux Parisiens. Bordeaux a même gratifié son public d’une belle leçon de pragmatisme, un rugby fait de beaucoup de jeu direct, du bon pilonnage sans fioriture dans l’axe sans craindre d’insister, adapté à la molesse parisienne du jour. Justement, ce que l’UBB ne savait pas vraiment faire auparavant. Il faut dire que le recrutement a été pensé dans ce sens, Mahamadou Diaby en étant la figure de proue et la première grosse satisfaction. « Il fallait vraiment insister dans l’axe. Nous avons tout de suite senti que cette équipe de Paris défendait très large et en plus, Rory Teague nous a fait tout de suite passer le message : « Faite du pick and go. Ils vont se resserrer et les espaces vont s’ouvrir. Finalement, le premier essai que vous avez trouvé si joli, il vient de là, » analysait Clément Maynadier. Rory Teague, justement est au coeur du changement du schéma de jeu de l’UBB, il l’assume sans problème. « Oui, les défenses du Top 14 sont trop hermétiques pour se passer d’un jeu direct de qualité. Je le pense vraiment. Mais à la différence du match de Castres, où pourtant, nous avons fait une bonne première mitemps, nous avons eu des libérations rapides. »
DES « SORTIES-TERRAIN » SI IMPORTANTES
Avec Jeremy Davidson, il passe pour avoir mis sur pied un canevas très précis destiné à ne surtout pas se disperser dans ses propres trente mètres. On appelle ça les « sorties terrain » une expression sans charme pour un aspect fondamental du jeu. Rory Teague a rappelé que son équipe voulait particulièrement soigner cet aspect du jeu méconnu du grand public. Il ne s’estimait pas tout à fait satisfait du bilan bordelais, pourtant nous avons trouvé au contraire que l’UBB s’en était globalement bien tirée de ce côté-là. Elle a subi peu de temps forts parisiens près de sa ligne, elle s’est débarrassée assez facilement de la pression adverse. Par exemple, elle est sortie souvent gagnante des parties de « ping-pong rugby » et ses dégagements furent plutôt bien préparés. Résultat, Bordeaux a gagné la bataille du territoire. « J’entends dire que nous avons remporté une victoire pragmatique, c’est vrai. Nous la devons entre autres grâce à notre bonne occupation au pied et à des sorties bien plus propres et plus organisées qu’à Castres », détaillait Jean-Baptiste Dubié, valeur sûre de l’effectif (de plus en plus sûre au regard de son début de saison, nous avons noté qu’il fut préféré au Fidjien Naqalevu, c’est un signe). « Et il me semble que nous avons marqué chaque fois que nous nous sommes approchés de la zone de danger. Quand nous sommes allés chez eux, nous sommes repartis deux fois sur trois avec des points. Notre ratio de point marqués par rapport à notre présence dans les zones de marque a été très bon. Et à mon avis, plus élevé que celui de l’an dernier. » Le rapport technique de Clément Maynadier, ingénieur dans le civil, dit tout, avec sobriété des ressorts de cette victoire.