REVOILÀ LE CHAMPION
CORRIGÉ À LA ROCHELLE IL Y A UNE SEMAINE, LES CLERMONTOIS ONT FAIT PAYER LA NOTE À BRIVE. ET L’ADDITION FUT SALÉE. MAIS LES AUVERGNATS NE S’EN CONTENTENT PAS.
De retour aux affaires après sa fracture d’un tibia début mai, Sébastien Vahaamahina a eu vite fait de rappeler à tous pourquoi il est, aux yeux du sélectionneur Guy Novès, un incontournable du XV de France. Et le deuxième ligne des Bleus, excellent face à Brive, son ancien club, ne se contentait pas de la rouste qu’il venait d’infliger avec ses coéquipiers au voisin briviste. « C’est bien, on a fait le boulot. Mais dans le vestiaire après le match, personne ne parlait de ce match. On a déjà la tête au Racing, et les discours n’évoquaient déjà que ce prochain match ». Parce que les Clermontois, finalement, n’ont fait que justifier enfin leur statut de champions de France, samedi, en atomisant une équipe de Brive en perdition au Stade Marcel-Michelin. « Il faut qu’on enchaîne. Si on continue à faire le yo-yo comme depuis le début de la saison, ce match ne servira à pas grand-chose ». Le match ? Une démonstration, comme on pouvait s’y attendre. Surtout en deuxième mi-temps, que les Clermontois ont survolé (42-0). « Sans manquer de respect aux Brivistes, on connaît leur situation et leur niveau actuel. Il faut tout de même relativiser l’ampleur de cette victoire », appuyait Franck Azéma. « Nous n’avons pas besoin d’une victoire probante. Nous avons besoin d’enchaîner plusieurs matchs de haut niveau. Dès la semaine prochaine, face au Racing ».
PENAUD, GOURMAND ET FASCINANT
Dans cette rencontre aux enseignements limités, si ce n’est que la rouste rochelaise a bien engendré la réaction attendue, on notera tout de même des satisfactions individuelles. Celles d’une équipe qui se rapprochait franchement de celle alignée en finale du Top 14, il y a trois mois, où les cadres justifient leur statut. Alivereti Raka est bien le phénomène physique déjà entrevu la saison dernière. Certes, les Brivistes ne se faisaient plus bien mal aux épaules en défense, mais le deuxième essai de son triplé, où il passa six défenseurs en revue, fut un exploit de premier plan. Damian Penaud concède encore trop de péchés de gourmandise, mais son coup de reins a tout pour fasciner la planète rugby dans les années à venir. Fritz Lee a démontré pourquoi Wesley Fofana dit de lui qu’il est « le joueur le plus complet que j’ai croisé, capable de réaliser tous les gestes du rugby à tous les endroits du terrain ». Sa passe sur un pas, pour le dernier essai de Raka, en est la démonstration.
QUAND PARRA VA, TOUT VA
Et puis, il y a Parra. Le demi de mêlée clermontois n’est pas le plus rapide à son poste. Il n’a ni le raffut d’Antoine Dupont, ni le démarrage d’Arthur Retière. Mais l’ancien Berjallien a, à la différence de ses cadets, une science du jeu incomparable. Une intelligence tactique et une lecture des équilibres attaque-défense dont tous ses jeunes comparses devraient s’inspirer. Surtout, avec le temps et l’âge, Parra a appris la sagesse que sa fougue lui a longtemps refusée. Lui aussi tenait, après le match, un discours de mesure. « Il faut regarder notre début de saison avec réalisme. On ne s’attendait pas à se rater de la sorte. On perd à Bordeaux-Bègles au terme d’un match très moyen, avec une deuxième mi-temps très insuffisante. On explose à La Rochelle et surtout, on lâche le match, ce qui n’est pas acceptable. Et même notre victoire à la maison face à Toulon est en demi-teinte. Les Toulonnais nous ont bougés et sans leurs deux cartons jaunes, je ne suis pas sûr qu’on s’en serait sortis. Alors, oui, cette large victoire face à Brive fait du bien. Mais elle n’est pas suffisante ». Dans le viseur du champion, désormais, le Racing la semaine prochaine et, à moyen terme, les débuts de cette Coupe d’Europe qui lui tient tant à coeur. Et croyez-le, arrivée de Laidlaw ou pas, Parra abordera ces rencontres en chef de file.