Midi Olympique

ILS AURAIENT DÛ FAIRE MIEUX

LES MARITIMES NE SE CACHAIENT PAS DERRIÈRE LE RESULTAT. ILS ONT VECU CE SUCCÈS À L’EXTÉRIEUR COMME UNE DÉCEPTION. LEUR SUPÉRIORIT­E MANIFESTE AURAIT DU DÉBOUCHER SUR UN BONUS.

- Par Jérôme PRÉVÔT, envoyé spécial jerome.prevot@midi-olympique.fr

La supériorit­é des Rochelais en termes de rugby pur était tellement évidente samedi soir que personne ne se cacha derrière des faux-semblants dans les discours d’après-match. Cette victoire par cinq points d’écart, c’était le minimum que les joueurs devaient aux supporters qui avaient fait le déplacemen­t. Mieux encore, beaucoup ne se cachaient pas pour regretter que La Rochelle n’ait pas ramené le point de bonus offensif de ce périple. Avec une deuxième victoire à l’extérieur en quatre matchs qui met déjà le club dans le rythme d’un pensionnai­re du top 6, le bilan est largement positif mais, visiblemen­t, le manager Patrice Collazo n’avait pas digéré certaines munitions gaspillées par ses attaquants au fil d’attaques galvaudées par une forme de légèreté, voire d’individual­isme.

« La réalité du Top 14, ce n’est pas ce que nous avons vécu la semaine passée contre Clermont, c’est ce que nous avons vu ce soir. Je trouve même que ce match contre Agen est plus intéressan­t que notre victoire contre l’ASM sur laquelle nous avons surfé. Notre victoire d’aujourd’hui a même plus de valeur que celle du 9 septembre. À Agen, pendant soixante-quinze minutes, nous avons manqué d’humilité, à ne pas transforme­r toutes nos occasions, et tout ça a failli se retourner contre nous. Je pense par exemple à un « cinq contre un » que nous avons trouvé le moyen de gâcher. Voilà ce qui arrive quand on veut se faire plaisir avec des excès d’individual­isme et des péchés de gourmandis­e et qu’on croit qu’on a le temps de marquer. En rugby, on a jamais le temps de marquer ! » Il fallut donc se contenter de ces deux essais de Barry et de Murimuriva­lu pour les supporters rochelais, là où il y aurait dû y en avoir quatre. Quelques joueurs reconnus se feront sûrement rappeler à l’ordre dans la semaine (Lacroix ?).

UNE SÉANCE DE PICK AND GO… DÉCISIVE

Mais que signifiait ce chiffre de soixantequ­inze minutes ? Car dans les cinq dernières minutes, La Rochelle n’a pas marqué de points. Surprise ! Par ces temps où tout le monde se sent obligé de réclamer du jeu, toujours du jeu, encore du jeu pour une débauche de spectacle, ils ont été félicités pour une longue action de jeu à une passe, une séquence de conservati­on pure, des pick and go destinés à priver l’adversaire de ballon. Nous l’avons revue, elle dure quatre minutes et douze secondes et fut riche de 29 temps de jeu, permit de remonter près de quarante mètres et déboucha sur le coup de sifflet final. C’était l’antithèse du match du 9 septembre assurément. Mais c’était ce qu’il fallait faire dans ce contexte, avec un Agen qui, soudain, se disait qu’il pouvait gagner sur un coup du sort. À travers cette action, le staff tint à rendre hommage à ses remplaçant­s et plus particuliè­rement à deux quasi-débutants, le demi de mêlée Jean-Victor Goillot et le talonneur Pierre Bourgarit.

Ce Jean-Victor Goillot n’a que 19 ans, il s’est retrouvé aux commandes du camion pendant douze minutes avec en plus un ouvreur de fortune à ses côtés puisque c’est Alexandre Balès qui occupait ce poste à la place d’un Broke James sorti sur coaching. Ce demi de mêlée poids plume nous a répondu avec un large sourire, il savait qu’il serait jugé sur son sang-froid et son applicatio­n et surtout pas sur d’éventuels coups de folie : « Je suis de Chalon-sur-Saône, je suis arrivé à La Rochelle il y a deux ans. J’ai découvert le Top 14 l’an passé contre le Racing. Aujourd’hui, c’était mon cinquième match et j’ai déjà débuté une fois, contre Brive cette saison. C’était la première fois que je vivais un moment comme ça. J’avais mission de tenir le ballon, gérer ces dernières minutes en ne rendant surtout pas le ballon à l’adversaire. Pas question pour moi d’avoir peur car si le numéro 9 a peur, vous imaginez ce que vont ressentir les avants. » Pierre Bourgarit le talonneur débarque tout juste de Fédérale 1 où il portait les couleurs d’Auch. Il vivait à Agen son deuxième match de Top 14. Il a eu dix-sept minutes pour taper un encore peu plus dans l’oeil de ses coachs.

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Photo Icon Sport Murimuriva­lu a marqué un essai et réussi une passe décisive. Mais les Rochelais auraient pu mieux faire.

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