COHÉSION SOCIALE DÉLOCALISÉE
LE CLUB EST PARTIE PRENANTE D’UN PLAN DE RELANCE DU QUARTIER DE LA GRANDE BORNE À GRIGNY, MIS EN PLACE UN AN APRÈS L’AGRESSION ICI DES FORCES DE L’ORDRE.
Si le club de Massy avait déjà poussé son activité au-delà de la frontière sportive, sur le plan local, en devenant un partenaire privilégié de sa municipalité dans sa politique de cohésion sociale — Massy est le seul club de France de rugby qui a fait inscrire comme objet dans ses statuts une activité spécifique dans ce domaine — son activisme vient de dépasser ses frontières naturelles. Son représentant, le secrétaire général de l’association Jacques François, a signé samedi 11 septembre une convention de partenariat avec le maire de Grigny Philipe Rio, dans laquelle sont impliqués la préfecture de l’Essonne, l’Etat, l’Education nationale, et la Communauté de communes. Son objet : créer une école de rugby à Grigny. La racine de ce projet : l’agression de plusieurs policiers en octobre 2016 dans le quartier de la grande borne, attaqués dans leur voiture au cocktail Molotov. L’un d’eux avait été grièvement brûlé. Cet incident à la résonance nationale, qui avait déclenché une manifestation rare des forces de l’ordre, avait provoqué une décision conjointe de tous les pouvoirs publics de désenclavement de cette zone violente, repliée sur elle-même, connue depuis plusieurs décennies pour concentrer les trafics en tous genres. « Julien Dray travaillait déjà sur cette question lorsqu’il était député au milieu des années 80. J’habitais tout près à l’époque », relate Jacques François. Il est donc devenu le référent du club sur ce dossier, sur lequel l’expertise massicoise a été directement sollicitée par la préfet de l’Essonne Josiane Chevalier.
UN PLAN SUR 5 ANS
Juste après l’agression sur les policiers, les pouvoirs publics réunis avaient immédiatement décidé d’un plan d’action global à Grigny, mêlant notamment le développement des transports et des associations. Le rugby a été jugé adéquat comme activité de rassemblement et créatrice de lien social. Fort de son expérience dans les quartiers, le club de Massy avait été sollicité. Depuis un an, ses responsables spécialistes des interventions dans les écoles, ont travaillé sur un plan, validé officiellement par la signature de ce partenariat. « L’idée, c’est d’intégrer le monde scolaire pas à pas pour l’orienter vers une école de rugby traditionnelle, explique Jacques François. Nous sommes en train de créer en ce moment dans le collège Sonya Delaunay une classe de 6e spécialisée rugby. À partir de ce groupe, nous ajouterons une classe de 5e l’année prochaine, et puis une de 4e l’année suivante, jusqu’à la troisième. Conjointement, nous allons intervenir dans les écoles primaires dont les directeurs seront volontaires. D’ici 5 ans, quand cette organisation sera rodée, une école de rugby indépendante sera créée et pourra être Photo DR alimentée. Massy n’a pas grandi autrement. Et cela ne servirait à rien d’intégrer l’école si nous ne devions pas créer de club. Une action sans suite avait déjà été menée dans ces quartiers. Les enfants se perdent trop vite. Il faut un plan d’action de plusieurs années et une structure associative porteuse. » De grands mouvements ont été opérés sur ce dossier. Lalaina Razafin, une professeur d’EPS et ancienne joueuse de Massy, a été mutée au lycée Sonia Delaunay pour aider à sa concrétisation. Antoine Gomez, l’ancien joueur de Massy époque Jeff Dubois en Pro D2, parti jouer à Limoges il y a deux ans, et qui a mené là-bas une action dans les quartiers, a été rapatrié pour diriger l’action avec Alex Navarro, l’ouvreur d’Orsay et ancien Massicois. Des compétences ont été réunies, et le club de Massy créant un club à Grigny, au nom des pouvoirs publics locaux et de l’État, le rugby est devenu officiellement un bras de l’action politique.