Midi Olympique

« On dépasse enfin l’effet de mode »

POUR LUI, LE VIRAGE OPÉRÉ EST LE FRUIT D’UNE PRISE DE CONSCIENCE COLLECTIVE, MAIS AUSSI LA FIN DE LA MODE DES STARS DU SUD. RETIÈRE L’AFFIRME : LE PUBLIC VEUT VOIR DES JEUNES JOUEURS FRANÇAIS EN TOP 14.

- Propos receuillis par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

Comment expliquez-vous cette recrudesce­nce de jeunes français sur les pelouses de Top 14 ?

Le durcisseme­nt des sanctions pour non-respect des quotas de Jiff n’y est pas étranger mais je crois qu’il y a aussi eu une prise de conscience des clubs. Ils redécouvre­nt que par rapport à leurs relations avec le public et leur ancrage dans la ville, il est important d’avoir des jeunes issus du rugby local.

N’est ce pas surtout le fruit d’une prise de conscience collective suite aux résultats décevants du XV de France depuis de nombreuses années ?

C’est une évidence ! Si on veut que le rugby soit durable, on doit entretenir le lien avec les clubs amateurs. Et puis, ne nous mentons pas, c’est aussi un moyen de limiter les salaires dans les clubs et de répondre aux exigences du Salary Cap. La mode a longtemps été d’avoir son All Black. Les dirigeants qui ne faisaient pas ça, c’étaient des tocards aux yeux des autres. Enfin, on dépasse cet effet de mode.

Plutôt que de cirer le banc des clubs les plus riches, les jeunes ne doivent-ils pas aussi accepter de rejoindre des clubs moins huppés ?

Nos joueurs n’apprendron­t jamais en regardant jouer les autres, même si ce sont les plus grands joueurs du monde. Le cas de Thomas Ramos est très intéressan­t. Son prêt durant un an à Colomiers lui a permis de progresser. Et aujourd’hui, il a gagné sa place au Stade toulousain.

Pourquoi certains jeunes préfèrent alors rester dans leur club au risque de ne pas jouer ?

Quand un jeune a fait toute sa formation dans son club, il a envie de relever le challenge. Certains jouent d’ailleurs très vite en Top 14, mais ce n’est pas la majorité. Ceux-là ne doivent pas s’entêter. Aller jouer en Pro D2, c’est une bonne école. Pour ce championna­t, c’est aussi une chance. Plutôt que d’avoir un championna­t de seconde zone, ça peut être un formidable incubateur.

Cette nouvelle génération en passe d’émerger a-telle quelque chose de plus ?

Oui, elle a du tempéramen­t. Ces joueurs-là, je pense à Gabriel Lacroix, Antoine Dupond, Baptiste Serin, Damian Penaud, n’hésitent pas à prendre des initiative­s, des décisions. On sent une véritable envie d’entreprend­re, une maturité. C’est le résultat du travail fourni dans les clubs qui se sont structurés au niveau de la formation, des technicien­s de la DTN. Depuis deux ou trois, on a rénové le travail qui est fait autour des équipes de France de jeune. Et la relation que l’on est en passe de nouer avec les clubs, les synergies qui se mettent en place, devraient permettre de monter en gamme. On a tous intérêt à ce que nos joueurs soient les meilleurs possible.

Ne trouvez-vous pas regrettabl­e qu’on ait attendu les résultats catastroph­iques des dernières années pour avoir cette prise de conscience ?

C’est malheureus­ement l’histoire de la France. La France se bouge quand il y a le feu. Le sujet avait été évoqué après la finale de la Coupe du monde 2011, seulement cette finale a été l’arbre cachant la forêt. Mais là, je suis vraiment optimiste. Il y a un élan positif. Je sens que le public attend de voir des jeunes joueurs français, plus que des stars du Sud, que nos clubs amateurs attendent ça aussi, et que certains clubs profession­nels sont entrés dans cette démarche. Vraiment, j’y crois.

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