AUX AMBITIEUX LES MAINS VIDES
MALGRÉ UN XV DE DÉPART REMANIÉ, LES PARISIENS AVAIENT CHOISI DE JOUER. SAUF QUE, LIMITÉS PHYSIQUEMENT ET TECHNIQUEMENT, ILS ONT RENDU BEAUCOUP TROP DE BALLONS POUR L’EMPORTER.
Huit franchissements, un seul essai inscrit. Les Toulousains, eux, ont breaké neuf fois. Et marqué sept essais ! À elle toute seule, cette statistique résume le match du Stade français à Ernest-Wallon. Avec ce moment comme illustration parfaite : bien que menés 27-9 à la pause, les Parisiens avaient effectué une très bonne entame de deuxième période, durant laquelle ils étaient parvenus à mettre la main sur le ballon et avaient franchi la ligne d’en-but toulousaine trois fois en neuf minutes. Sauf que seulement un essai leur était accordé, celui de Terry Bouhraoua à la 54e. Sur les deux autres, Julien Arias avait mis le pied en touche et commis un en-avant, comme l’ont confirmé les appels à la vidéo effectués par M. Charabas. Symptomatique de la partition jouée par les joueurs de la capitale ce week-end, dans un clasico qui n’en avait plus que le nom…
Ambitieux dans le jeu, les Parisiens se sont montrés trop limités physiquement et techniquement pour véritablement inquiéter les Toulousains. Et même s’ils sont revenus à dix points peu avant l’heure de jeu (27-17), ils n’ont jamais semblé dangereux. En cause : la domination de leurs adversaires dans le défi physique (seul Macalou et O’Connor avançaient à l’impact, totalisant respectivement deux et trois franchissements). Mais ils ont aussi et surtout payé un déchet considérable. À Toulouse samedi, Paris a concédé vingtquatre turn-overs. Pas étonnant mais rageant pour le troisième ligne Antoine Burban : « Nous avions déjà perdu beaucoup de ballons contre Lyon. À Bordeaux aussi, et même lors de notre victoire contre La Rochelle. Nous avons dépensé beaucoup d’énergie à récupérer des balles, nous avons créé des décalages, des breaks, mais nous avons rendu trop de munitions. On sait que Toulouse est réputé pour très bien jouer en contre et forcément, on est moins structuré en défense quand il s’agit d’une contre-attaque. »
DUPUY : « UN EFFECTIF PAS ASSEZ COSTAUD »
Face à la puissance et surtout à la vitesse des Toulousains, les joueurs de la capitale ont souvent semblé surclassés. Un problème physique ? « Ils ont beau être costauds, ce n’est pas le problème. Il vient plutôt de ces ballons perdus dans les rucks, en touche, sur des en-avant… », assurait le capitaine Alexandre Flanquart. Le XV de départ, grandement remanié, est-il en cause alors ? Les deuxième et troisième ligne Steevy Cerqueira et Bakary Meïte jouaient leur premier match de Top 14, Gurthrö Steenkamp, Craig Burden et Jimmy Yobo connaissaient leur première titularisation sous le maillot du Stade français, Sekou Macalou n’avait jamais été aligné en numéro 8 auparavant ou Terry Bouhraoua figurait dans le groupe pour la première fois… Jules Plisson ne le croit pas pour autant : « Collectivement, les mecs se sont bien trouvés sur le terrain et ne semblaient pas perdus. Ce sont des erreurs personnelles qui nous coûtent cher. » Même constat pour Alexandre Flanquart : « Même si l’équipe avait été modifiée, on est ensemble et on s’entraîne ensemble depuis des mois alors ce n’est pas ça qui est en cause. »
C’est peut-être une question de niveau individuel, alors. L’entraîneur des trois-quarts Julien Dupuy ne le cachait pas au sortir des vestiaires : « C’est cher payé, je n’ai pas le sentiment que Toulouse ait tant dominé que ça. Mais nous avons eu des problèmes pour scorer […] Il y a une différence de talent entre certains joueurs, c’est clair. Nous comptons dix-sept blessés et notre effectif n’est pas assez costaud pour l’instant. Il y a de nombreux jeunes. Il faut faire le dos rond. » Dans ces conditions, était-il opportun d’envoyer autant de jeu ? Le problème, c’est que les Parisiens étaient aussi dominés physiquement et dans la guerre des rucks… Ils n’avaient alors pas beaucoup d’autres solutions que de jouer. Pour le résultat que l’on connaît… À Toulouse, le Stade français ne semblait vraiment pas avoir les armes pour se battre. Si son équipe type a une sacrée gueule, il paye un recrutement un peu timide, qui ne lui permet pas de disposer de deux équipes compétitives, surtout quand l’infirmerie se remplit. En attendant, il compte seulement quatre points en quatre journées. Et ne s’affole pas encore même si, comme le reconnaît Jules Plisson : « il y aura urgence en cas de défaite contre Toulon à la maison la semaine prochaine. »