ÉCOEURANT !
MÊME DES SPRINGBOKS EN PROGRÈS N’ONT RIEN PU FAIRE CONTRE LA FACILITÉ DES ALL BLACKS. À FORCE D’HUMILIER LEURS ADVERSAIRES, ILS VONT FINIR PAR ENLVER TOUT INTÉRÊT AU « QUATRE NATIONS ».
Il nous restera de ce match un geste sidérant. À la 21e , sur une interception au long cours, Nehe Milner-Skudder jugea qu’il ne pourrait pas aller au bout tout seul, il ralentit sa course pour servir Beauden Barret en soutien. Celuici refusa d’aller directement à l’essai pour fixer les deux derniers défenseurs adverses (Skosan et Kriel) et retrouver Milner-Skudder d’une chistera presque désinvolte. Un geste plein de facilité digne d’un match « gigot haricots », qui résume la supériorité écoeurante de ces All Blacks, toujours plus efficaces, toujours plus rapides, toujours plus inspirés et toujours aussi cruels.
Car, les Springboks n’ont pas été si nuls en première mi-temps, ils ont compté 61 pour cent de possession à la 25e minute, ils passaient par le centre des rucks pour trouver des espaces, ils se faisaient plaisir en mêlée, ils ne reculaient pas à l’impact... et puis, ils ont regagné leurs vestiaires à 31-0.
Les Néo-Zélandais avec une seule vraie séquence construite dans les 22 adverses, leur avaient inscrit quatre essais. Sur le premier, il suffit d’une seule idée d’Aaron Smith : jouer vite une pénalité et transmettre le ballon au pied à Rieko Ioane, sept points en moins de quatre secondes. Ce fameux Ioane, 20 ans à peine, fut également brillantissime sur une relance de 80 mètres qui aboutit à l’essai de Brodie Retallick après relais supersonique de Coles.
VICTOIRE RECORD FACE AUX SPRINGBOKS
Nous nous arrêterons là pour les descriptions, les Springboks ont avalé huit essais sans se procurer une seule occasion franche. Ils ont même fini la partie avec une mêlée totalement aux abois. De toute façon, la deuxième période fut à l’opposé de la première, les Noirs dominaient en termes de possession et d’occupation comme quoi ils peuvent s’imposer dans toutes les conditions. Jamais les All Blacks n’avaient infligé une correction aussi sévère aux Sud-Africains. Au petit jeu des transpositions, on se demande bien le sort qu’auraient subi les Bleus, eux-mêmes surclassés par les Boks d’Eben Etzebeth.
Les All Blacks sont en train d’enlever tout intérêt à ce tournoi des Quatre Nations, c’est le triste constat qui s’est imposé à nous après cette rencontre ahurissante. Mais si nous devions vraiment chercher une explication tactique à ce score fleuve, nous nous tournerons, vers la charnière sud-africaine : Hougaard et Jantjes ont peut-être voulu trop élargir les débats en première période. Derrière des avants dynamiques et pénétrants, mieux valait garder les ballons au chaud au lieu de les balancer au grand large. Allister Coetzee a préféré rester positif (si, si c’est possible) après cette déroute historique : « Nous avons juste été surclassés par une équipe extraordinaire, mais je le reconnais, notre conquête a été décevante. Mais revoyez les trois premiers essais, nous ne sommes pas dépassés en défense. Nous prenons par exemple un essai sur une passe au pied, mais ce n’est pas comme si nous n’avions eu personne à la réception, le ballon a juste rebondi dans leurs mains… Voilà coment nous nous sommes retrouvés menés 21-0 en un rien de temps. » Steve Hansen n’avait que l’embarras du choix pour distribuer les
bons points : « Notre trident a été très à son aise après des débuts un peu nerveux. Ioane a été extraordinaire, Milner-Skudder a su prendre les opportunités qui se sont offertes à lui. Quant à Damian McKenzie, il fut un peu… imprévisible. Il a relâché une chandelle, il a fait une faute de main gratuite mais il s’est amélioré, il a même fait preuve de plus en plus de maîtrise à mesure que le temps passait. Ce n’est pas si mal pour un jeunot qui découvre les exigences du rugby international… »