Midi Olympique

...CE QU’IL LEUR A DIT

RÉPONDANT À L’INVITATION D’ALAIN CARRÉ, PRÉSIDENT DE L’UCPR, MOHED ALTRAD A PRIS LA PAROLE, LUNDI DERNIER, PENDANT PLUS D’UNE HEURE À PARIS. AVEC POUR OBJECTIF DE RÉTABLIR SES VÉRITÉS FACE AUX CRITIQUES, ACCUSÉ D’AVOIR VOULU SE PAYER LAPORTE, LES ARBITRES

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CONSTAT : LE RUGBY ET SON AVENIR

« La profession­nalisation du rugby est en marche. Parce que c’est un sport très populaire, avec une image excellente auprès du grand public. D’après le sondage BVA (novembre 2016), 55 % préfèrent le rugby au football (36 %) et le XV de France a aussi une image positive (87 %), au-dessus de l’équipe de France de football (58 %). » […] Le rugby a suivi l’évolution depuis longtemps engagée par le football sans verser dans la starificat­ion à outrance… Reste à lui faire franchir une nouvelle étape car il n’est pas assez profession­nel. Surtout quand on le compare à ses homologues britanniqu­es et de l’hémisphère Sud. La détection et la formation sont très insuffisan­tes. Les clubs amateurs manquent dramatique­ment d’argent pour l’encadremen­t des jeunes, la rémunérati­on des formateurs, l’achat de matériel, l’entretien des équipement­s. »

LUI ET LES AUTRES PRÉSIDENTS

« En choisissan­t de relayer l’informatio­n (à propos du contrat le liant à Laporte et de l’interventi­on de ce dernier auprès de la

Commission d’appel de la FFR, N.D.L.R.) certains présidents du Top 14 (De Cromières, Pontneau, Tingaud, Merling, Pilaud) en profitent pour régler des comptes, indépendan­ts de cette histoire. Mais, si on se penche sur les déclaratio­ns on voit qu’elles ne dépassent pas le stade de la suspicion […] À côté de cette suspicion, il y en a une autre, générale, confuse, qui porte sur… Altrad […] qui dérégule le marché, offre des salaires trop importants, dissimule sa masse salariale, ne respecte pas l’éthique. »

LE CONTRAT ALTRAD/LAPORTE

« Qu’est-ce qui réellement posait problème avec ce contrat ?

Dans ses termes, il était parfaiteme­nt légal. Et Laporte avait, selon les statuts de la FFR, parfaiteme­nt le droit de le signer (déclaratio­n Laporte). Donc, ce qui posait problème n’était que de l’ordre de la suspicion : qu’un tel contrat entraîne une relation privilégié­e entre Laporte (FFR) et moi-même (MHR). »

LA DÉCISION DE LA COMMISSION D’APPEL

« Quand 2/3 des recours aboutissen­t à une réduction de peine, nul n’a besoin d’être favorisé. À moins que dans tous ces cas les clubs qui ont obtenu une réduction des sanctions n’aient, d’une manière ou d’une autre, bénéficié de favoritism­e. Et ces décisions n’ont jamais été ressenties comme pouvant fausser l’équité du Top 14. Si bien que la question de principe devient une question de personne : Altrad. »

DE CROMIÈRES ET LES ARBITRES

« De Cromières (président de Clermont, N.D.L.R.) dit que l’affaire Laporte/Altrad est grave, mais il ne va pas jusqu’à dire que les liens Altrad/Laporte jettent la suspicion sur l’équité du Top 14. Ce qui l’inquiète, c’est le risque concernant la nomination des arbitres ! Cela ne renvoie à aucun fait ; c’est simplement un produit de son imaginatio­n […] Le risque serait que la FFR obtienne la charge de nommer les arbitres ! Toutefois, si les arbitres sont honnêtes, le risque est nul. Pour qu’on puisse lui donner corps il faut considérer que les arbitres sont vendus […] Pour le dire autrement, cette hypothèse suppose : a) une corruption dans l’instance qui choisit, en l’espèce la FFR ; b) une corruption dans ce qui est choisi, en l’espèce le corps arbitral. Or, non seulement la condition a) n’est pas remplie, mais la condition b) dépasse largement le cadre de l’« affaire Laporte » et voisine avec la diffamatio­n. »

À PROPOS DE SERGE KAMPF

« Eric Pilaud (président de Grenoble, N.D.L.R.) m’a reproché d’avoir instrument­alisé Serge Kampf. Il ne savait sans doute pas que je ne faisais que répondre à De Cromières quand il disait :

« Mohed Altrad a donné 60 millions. On a l’impression que cela en fait presque un saint homme. Autant M. Kampf était un vrai mécène pour la Fédération, autant Altrad ne l’est pas selon moi. » Donc, celui qui instrument­alisait Serge Kampf dans cette affaire était Eric de Cromières […] La véhémence de Pilaud n’a aucune raison d’être puisque je n’ai pas attaqué Kampf […] D’où vient ce besoin de prendre la plume ? De ce que j’ai osé prononcer le nom de Kampf ? Du coup, les déclaratio­ns De Cromières prennent des allures de vérité : Kampf a bel et bien été sanctifié […] Il y a clairement le camp des saints et celui des salauds, si bien que, n’en déplaise à Pilaud, en m’excluant sans ménagement du clan des saints, il me renvoie de facto dans celui des salauds […] Depuis le début de l’affaire Laporte, ceux qui me chargent se contentent des apparences. Elles leur suffisent. Ils n’ont pas besoin de plus, parce que leur opinion est déjà faite. Et cela vaut pour moi comme pour Kampf. Si l’on devait destituer Kampf de son piédestal, et chercher l’homme derrière la momie confite dans l’adoration, on trouverait sans doute une réalité plus complexe que ce que veut nous servir son hagiograph­ie : des relations plus contrastée­s avec le monde du rugby qu’on ne veut l’avouer. »

LE MÉCÉNAT, PREMIÈRE PARTIE

« Le mécénat n’est pas anonyme ; la plupart des mécènes sont connus et Kampf était connu ; s’il a apporté des aides sans publicité j’ai aussi aidé nombre d’associatio­ns sans publicité, mais je n’ai pas un hagiograph­e qui pourrait en parler pour moi […] Je n’ai pas accepté de prendre la tête du MHR pour faire des affaires -ce n’était donc pas un investisse­ment et je n’ai pas agi en investisse­ur- mais pour aider le club. En donnant de mon argent et de mon temps […] Je n’ai tiré absolument aucun profit, j’ai plutôt dépensé des millions à titre personnel et à fonds perdus ; je le savais, je l’ai fait en connaissan­ce de cause. Ma seule exigence est de doter le club d’une gestion suffisamme­nt saine pour qu’il puisse se financer lui-même et n’ait plus besoin de recourir à une aide comme la mienne. »

LE MÉCÉNAT, DEUXIÈME PARTIE

On fait des gorges chaudes de Serge Kampf, vrai mécène, alors que je ne serais qu’un investisse­ur. Or, pratiqueme­nt tous les clubs du Top 14 sont fondés sur le même modèle, celui que l’on appelle le mécénat qu’ils reposent sur des individus (Lorenzetti, Kampf, moi-même) ou sur des entreprise­s (Michelin, les labos PierreFabr­e…). Et les modèles soi-disant différents comme ceux de

La Rochelle, reposent sur le même principe, ici plus précisémen­t celui du sponsoring […] Le rugby a toujours dépendu des mécènes. Ce qui a sensibleme­nt changé, ce n’est pas le système mais le profil des mécènes. Ce qui tendrait à prouver que le rugby n’est pas encore devenu une activité profession­nelle mature. Les sommes qui circulent et le profil profession­nel des nouveaux gestionnai­res, issus du monde de l’entreprise, peuvent donner l’impression du contraire, mais ce n’est pas encore le cas. »

LUI, PONTNEAU ET LE SALARY CAP

« En mars 2016, Bernard Pontneau (président de Pau, N.D.L.R.) dénonce le salary cap. Il accuse certains clubs de ne pas respecter les règles, en l’espèce le Racing 92 et Toulon. Puis, il repart à la charge […] lorsqu’un journalist­e mentionne le nom de Mourad Boudjellal, Pontneau s’empresse de corriger : « Non, moi je parle de ceux qui se servent de leur surface internatio­nale pour s’adonner à certains management­s des ressources humaines qui ne sont pas compatible­s avec le règlement et faussent le jeu. » De qui parle-t-il ? Du MHR ? D’un autre club ? […] Pontneau dénonce encore les clubs « qui ne respectent rien, écrasent les prix, ont des équipes avec des masses salariales camouflées » […] L’appel à l’éthique du rugby, à la morale, au respect ne sont que des mots pour dire restez dans des normes que Pau peut suivre. »

SES RÉPONSES À « CERTAINS PRÉSIDENTS »

« Certains sont guidés par une démarche de suspicion de principe, dénégation systématiq­ue, refus de prendre en compte le contenu réel et le fond des points soulevés ; des a priori de favoritism­e sans preuve, de fausses allégation­s de principe qui cachent un règlement de comptes orchestré ; la corruption présupposé­e du corps arbitral présumé cédant à l’influence et aux pressions de la FFR ; le « camp des saints », les « étonnement­s » et insinuatio­ns perfides de De Cromières, le faux monopole de la vertu et la moralité, la confusion entretenue sur l’équité sportive, l’immaturité du système actuel ; les allégation­s équivoques, les procès d’intention, les attaques ad hominem, les jugements lapidaires empreints d’ordre moral, de relents judéo-chrétiens et de bien-pensance, sont comme les soubresaut­s… Ils représente­nt un monde craintif, complaisan­t sur son passé tournant le dos à son avenir au lieu d’explorer avec confiance et déterminat­ion les pistes de son indispensa­ble renouveau. »

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Photo Icon Sport Paul Goze et Mohed Altrad.
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