LE COUTEAU SUISSE
RÉVÉLATION DU DÉBUT DE SAISON CANON HÉRAULTAIS, IL ENCHAÎNERA UNE QUATRIÈME TITULARISATION À BORDEAUX.
Je ne regarde jamais les noms de mes adversaires directs, car je pense qu’on doit jouer de la même manière quelle que soit la concurrence en face de nous. » Du haut de ses 22 ans, l’enfant d’Upington dégage une insouciance ambivalente à sa maturité rugbystique déjà avancée. Ne vous fiez pas à sa gueule d’ange et à son sourire de jeune premier, Henry Immelman n’a pas froid aux yeux et sait se faire respecter sur le pré. Illustre inconnu « perdu » au milieu d’illustres internationaux, il s’est fait une place dans le XV titulaire du MHR à la force de son talent. Quelle sensation !
UNE PANOPLIE LARGE
Excellent face à Toulon, où les Nonu, Pietersen et Ashton n’ont pas réussi à éteindre sa fougue, le Sud-Africain est monté en puissance après avoir brillé à Castres et contre Oyonnax (1er essai avec Montpellier). Vern Cotter confirme : « C’est un joueur talentueux et polyvalent, qui joue tous les postes du dix au numéro quinze. Henry est très agressif ballon en mains, défend bien et a une grosse éthique de travail. Il est tout le temps sur les quatre coins du terrain et communique bien. Il fait un bon début de saison (4 franchissements et 182 mètres parcourus ballon en mains, N.D.L.R.). On est content de l’avoir car ses performances nous aident. »
Aligné deux fois à l’arrière, son poste naturel, puis en second centre dimanche dernier, Immelman a affiché une capacité d’adaptation et des qualités techniques au-dessus de la moyenne (passe sautée magistrale à Castres pour Nadolo sur l’essai de la gagne). Alexandre Dumoulin décrypte le phénomène : « Henry a des qualités de vitesse, il est bon dans les airs et a aussi un gros coup de pied. Sa panoplie est large. C’est certes encore un jeune mais on peut voir qu’il a fait une grosse préparation. C’est un sacré joueur et j’espère qu’il aura énormément de temps de jeu cette année pour s’exprimer. » Repéré par Jake White durant la Craven Week (compétition qui oppose les joueurs sudafricains de moins de 18 ans), qui l’a suivi puis fait venir dans l’Hérault (en 2016 des Cheetahs), Henry Immelman montre son vrai visage cette saison.
UN FAN DE FRANÇOIS STEYN
Mieux préparé physiquement et mis en confiance par le temps de jeu accordé, il a dépassé son irrégularité chronique de l’an passé, qui occultait parfois des coups de génie (12 matchs, 4 titularisations). Seul membre du centre de formation de Montpellier rescapé de l’ère White, malgré son statut de non Jiff, il a conscience de sa chance actuelle : « C’est un sentiment génial pour moi de jouer avec l’équipe 1 du MHR alors que je ne suis encore qu’en contrat espoir. J’espère que cela va durer pour avoir la chance de signer mon premier contrat pro à Montpellier la saison prochaine. » S’il continue de progresser à ce rythme, ce fils d’un fermier et d’une diététicienne verra vite son rêve s’exaucer. À l’instar de son compère d’attaque face au RCT, François Steyn, qui souhaite lui aussi poursuivre son aventure dans l’Hérault (fin de contrat), et avec lequel il échange beaucoup : « Steyn est peut-être le rugbyman que j’ai préféré durant mon adolescence. Il avait une allure cool et était en plus, déjà à l’époque, un très grand joueur. »
Samedi à Bordeaux ce fan de : « pains au chocolat », sera associé pour la première fois au centre à Alexandre Dumoulin, dont le profil de plaqueur redouté est complémentaire au sien. Reste désormais au SudAfricain à progresser en défense, pour éviter de se faire piéger par la vitesse des attaquants girondins : « C’est le secteur où je dois le plus progresser, car la défense en numéro 13 est très difficile. Je dois m’habituer à défendre côté intérieur et extérieur, tout en me replaçant bien. » Avant de changer encore peut-être de place face à Brive ou par la suite, avec les retours de blessés (Reilhac et Martin) et l’arrivée fin octobre de son compatriote Jan Serfontein : « Peu importe le poste où on le met, il est performant », conclut Dumoulin. La force du « Couteau suisse » Henry Immelman, devenu le tube de l’été héraultais.