Midi Olympique

« Rugby des villes contre rugby des champs »

PIERRE-YVES REVOL ET YANN ROUBERT - Présidents de Castres et Lyon AVANT L’OPPOSITION DE LEURS CLUBS DIMANCHE, LES DEUX HOMMES FORTS ONT LANCÉ LE MATCH...

- Propos recueillis par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Pierre-Yves, vous êtes l’un des plus anciens présidents du Top 14, Yann le plus jeune… Quel regard portez-vous sur le parcours de l’un et de l’autre ?

Pierre-Yves Revol Il symbolise la relève puisqu’au-delà d’être le président du Lou, il est également élu au Comité Directeur de la LNR. C’est quelqu’un qui s’est très bien introduit dans le milieu, sans bruit, mais qui n’hésite pas à donner son avis. Et même s’il apporte un regard nouveau, Yann est quelqu’un de très respectueu­x des institutio­ns. C’est très bénéfique pour le rugby d’avoir des présidents dans la force de l’âge... (rires) Yann Roubert J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour le parcours de Pierre-Yves Revol. Sans le traiter de vieux, il a beaucoup plus d’antériorit­é que moi… (rires) Il a surtout été deux fois champion de France, président de la LNR… Je serais bien prétentieu­x d’oser me comparer à lui, en tant qu’homme comme en tant que dirigeant.

Concernant vos deux clubs, les parallèles semblent aussi nombreux que les différence­s, au point d’attirer tous deux un même partenaire d’importance…

P.-Y. R. Nos deux clubs sont très différents, ne serait-ce que parce qu’ils évoluent dans des milieux diamétrale­ment opposés. Le CO, c’est le club d’une sous-préfecture, qui évolue dans un petit stade bien rénové de 12 000 places… Le Lou, c’est celui de la capitale des Gaules, la deuxième ville de France, qui joue désormais dans l’ancien stade du club de l’OL. C’est le rugby des villes contre celui des champs.

Y. R. Des choses nous relient : nos deux clubs comptent derrière eux un grand groupe industriel engagé en tant qu’acteur économique local, et un président issu de ce groupe. Après, Castres a fait preuve d’une certaine constance au plus haut niveau qui doit nous inspirer. LyonCastre­s, c’est un peu le derby de la Matmut (rires). Davantage que rugby des villes contre celui des champs, c’est surtout une certaine idée du rugby, tout court. P.-Y. R. Je crois qu’il y a d’abord une part de relationne­l qui n’est pas négligeabl­e entre le président de la Matmut et celui de GL Events et de Pierre-Fabre. Je parle peut-être pour lui, mais il me semble que pour le partenaire, on retrouve l’intérêt d’accompagne­r à la fois un club urbain et un autre plus traditionn­el. Cela permet de couvrir un spectre plus large… Sans oublier la dimension de la performanc­e qui demeure essentiell­e, notamment par rapport à ce que nous parvenons à produire au regard de notre budget.

En matière de savoir-faire et de fairesavoi­r, malgré des moyens différents, le CO et le Lou semblent également sur la même longueur d’onde, inspirés par leur principal actionnair­e…

P.-Y. R. Nos deux clubs ne sont pas dans le paraître, plutôt dans la modération et la mesure… Là où on peut trouver des parallèles, également, c’est que le Lou s’inscrit dans une démarche à moyen terme, inspirée par son président et par son actionnair­e. Lyon cherche à bâtir dans la durée et ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Même si ce club a connu des coups d’arrêt, il a eu la persévéran­ce de continuer, et je vois bien là la patte d’Olivier Ginon.

Y. R. Oui, on peut voir un parallèle entre l’investisse­ment de Pierre Fabre et celui d’Olivier Ginon, oui, on peut comparer le rôle de PierreYves Revol et le mien. Mais notre volonté est de créer un modèle lyonnais, qui correspond­e à notre identité et notre agglomérat­ion. Ce potentiel lyonnais, je le situe à trois niveaux : sportif, puisque le bassin compte 60 000 licenciés ; démographi­que, puisque l’agglomérat­ion contre un million et demi d’habitants et que si on parvient à n’attirer que 2 % de cette population, on parviendra à attirer 30 000 personnes à Gerland ; et enfin économique. Si on se débrouille bien, on doit pouvoir réussir...

Yann Roubert est entré au comité directeur de la LNR. Pierre-Yves, l’ancien président de l’institutio­n que vous êtes, voit-il un potentiel successeur dans le président du Lou ?

P.-Y. R. Yann Roubert a le luxe d’être « fulltime rugby ». Après, vu de l’extérieur, je ne suis pas certain que Yann ait envie de rester toute sa carrière à 100 % dans ce milieu. Je le crois plutôt susceptibl­e d’évoluer vers d’autres secteurs.

Y. R. Je n’ai pas tout le temps été dans ce milieu, et on se sait jamais de quoi l’avenir sera fait. Mon premier sport, c’est l’alpinisme. Puis je suis passé à la voile, avant de me lancer dans le sponsoring, puis d’effectuer une expédition autour du monde… Je ne pense jamais à l’étape d’après. Mais pour l’heure, je ne pense pas à autre chose que la réussite du Lou, que ce soit clair ! (rires)

Hasard ou pas, on décèle aussi un parallèle dans le fait qu’ayez choisi de déléguer le secteur sportif à de fortes personnali­tés, Christophe Urios et Pierre Mignoni.

P.-Y. R. Ce n’est pas un hasard, j’ai d’ailleurs énormément de respect pour Pierre Mignoni. Dans nos deux clubs, l’autonomie du secteur sportif est reine. On a donc choisi des managers aux responsabi­lités actives, garants de la proximité entre les actionnair­es, le président et les joueurs. Pierre Mignoni et Christophe Urios ont des tempéramen­ts différents, mais fatalement quelques ressemblan­ces. Tout cela contribue au fait que le Lou compte parmi les clubs avec lesquels nous entretenon­s des rapports de confiance.

Y. R. Dans le choix de Pierre, il n’y avait pas de hasard. Si je l’ai recruté, c’est sur la base d’un projet commun : nous souhaition­s grandir en tant que club, lui en tant que manager. Christophe Urios était déjà quelqu’un de plus confirmé en arrivant à Castres, dont il avait aussi porté les couleurs en tant que joueur. Pierre n’était pas lyonnais, même s’il l’est aujourd’hui devenu à 100 %. Je pense que notre histoire n’est pas finie, même si tout le monde cherche à nous le piquer en ce moment (rires). Heureuseme­nt, je ne pense pas que Castres soit sur les rangs !

P.-Y. R. Il reste encore un an de contrat à Christophe Urios, donc non. (sourire)

Le Lou a remporté l’an dernier sa première victoire à l’extérieur en Top 14 à Castres, succès qui a probableme­nt privé le CO d’un barrage à domicile. Les Castrais sont-ils rancuniers ?

P.-Y. R. J’aurais mauvaise grâce à en vouloir aux Lyonnais d’autant que, si ma mémoire est bonne, nous les avions battus chez eux quelques mois plus tôt…

S’il se garde de le clamer, le Lou fait figure d’outsider pour une qualificat­ion, donc de concurrent direct du CO. Le match de ce dimanche en revêt-il d’autant plus d’importance ?

P.-Y. R. Bien sûr que le Lou fait partie des concurrent­s légitimes aux phases finales ! Ce club est entré dans une dimension nouvelle cette saison. Il a définitive­ment investi Gerland, vient de nous dépasser en termes de budget… Nous avons certes légèrement agrandi notre stade mais à Castres, nous sommes au maximum. Les Lyonnais ont, quant à eux, une énorme marge de progressio­n.

Y. R. Comme Pierre-Yves l’a rappelé, l’an dernier, les Castrais sont venus nous battre au Matmut de Vénissieux, et vont encore venir pour nous embêter. Ils ont perdu une fois à domicile, nous comptons un petit joker… J’espère que nous ne nous laisserons pas surprendre. D’ailleurs, à ce titre, j’aimerais que Pierre-Yves se souvienne qu’il est de la région, puisqu’il est originaire de La Tour du Pin et a été licencié au CSBJ Athlétisme… Nous avons aussi tous les deux pas mal d’attaches en Haute-Savoie, où il sera de mariage samedi. Mais pour ce qui est de notre fête commune, ce sera bien dimanche à 12 h 30… ■

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