L’union fait la force
LES BÉGLO-BORDELAIS ONT FAIT FORTE IMPRESSION CONTRE MONTPELLIER. GRAND CRU EN PERSPECTIVE.
Par quel bout donc prendre ce succès magnifique des Bordelais ? Magnifique parce qu’inattendu dans son ampleur et sa beauté face à l’épouvantail du Top 14. Il nous a rappelé le contexte du fameux 41-0 de février 2013 contre le Toulon de Wilkinson et Botha, considéré comme l’acmé de l’UBB en Top 14*. La victoire de 2017 fut d’abord celle de la vitesse comme Jacques Brunel nous l’a confirmé après la rencontre : « Oui, nous voulions mettre de la vitesse et de la continuité, c’est notre jeu. Même si le scénario nous a servis avec cet essai refusé à l’adversaire à 24-10… ». Les Bordelais avaient le sentiment d’avoir imposé le rugby offensif auquel ils aspirent depuis la reprise de l’entraînement, un jeu où l’on essaie d’enchaîner des passes debout, pas trop loin des points de fixation, sur un tiers de terrain en gros, avec des soutiens proches, pour essayer de trouver le « offload » qui va faire la différence. Et des offloads, il y en a eu un wagon. « Aujourd’hui, nous avons vu le jeu que l’on veut pratiquer, c’est une certitude. C’est dans cet esprit qu’on travaille. Mais il y a toujours une question de réussite, nous n’avions la confiance, nous n’avons pas fait tomber le ballon, nous avons su garder le tempo. Ça ne veut pas dire que nous sommes tout d’un coup les meilleurs et que nous étions les plus mauvais à Lyon. Il y aura toujours des moments où ça ne marchera pas… Et puis, il faut tenir compte que Montpellier avait un peu changé son effectif. »
Évidemment, avec les Nadolo, Steyn et Picamoles et les frères Du Plessis, tout aurait été un peu plus difficile. Si Mikautadze n’avait pas été expulsé également. Mais n’empêche, on a vraiment cru voir à travers l’exploit de l’UBB, la validation du système de jeu que travaille le trio Brunel-Teague-Davidson depuis le mois de juin. Dès le début, Laurent Marti nous avait prévenus de l’émergence d’un nouveau système de jeu très pensé de son trio de techniciens. Le projet n’était pas secret mais il nous était difficile de rentrer dans les détails. « Ils nous attendaient plus « large-large », nous avons joué plus près de l’axe », résumait Sébastien Taofifenua. Jacques Brunel rappelait aussi un autre point fondamental, les cinq internationaux qui avaient manqué la préparation, ont pu à leur tour s’intégrer au nouveau schéma. Nous l’avons constaté via Clément Maynadier par exemple, très à son aise dans le jeu courant. « Autant au niveau physique qu’au niveau de l’empreinte dans l’équipe, ils sont intégrés. Quand on travaille continuellement dans un groupe toute la semaine, on s’y sent bien, on connaît les systèmes, on a bien travaillé dessus. Ils sont désormais dans le rythme de croisière. »
LA BONNE MÊLÉE SURPRISE FINALE
Bordeaux compte cinq internationaux dans le groupe des 45 plus Jean-Baptiste Poux, qui intervient dans le staff du XV de France depuis l’hiver dernier. Et l’on comprend pourquoi au vu de la performance de la mêlée girondine. Elle avait souffert à Lyon, mais le surnommé « Brad » a tout réparé en une semaine de travail acharné. Contre Montpellier, elle a constamment avancé, quels que soient les changements décidés au fil du match.
Brunel l’a souligné à travers le cas de Peni Ravai qui a joué 18 minutes. « Il est entré à droite et ça s’est très bien passé. » Il faisait référence à l’expérience malheureuse de Castres où le Fidjien venu d’Aurillac avait souffert. « Oui, c’était la première fois que je jouais à ce poste en France. Mais en travaillant avec lui, j’ai appris beaucoup de choses très vite. Ce n’est pas facile de jouer avec les deux épaules prises », commenta-t-il fier d’avoir activement participé à la fête. Une fête qui aura finalement fait passer au second plan les bisbilles entre Laurent Marti et Mohed Altrad. Les deux hommes se sont d’ailleurs salués. Et c’est tant mieux !