Midi Olympique

Et la folie française...

ALORS QU’IL ENTAME SA TROISIÈME SAISON AU RACING 92, LA QUATRIÈME EN TOP 14, DANIEL CARTER (35 ANS, 112 SÉLECTIONS) A ACCEPTÉ DE SE PRÊTER À UN PETIT JEU : RÉPONDRE À DES QUESTIONS PAS TRÈS SÉRIEUSES SUR NOTRE CHAMPIONNA­T ET NOUS EN LIVRER SES SOUVENIRS L

- DAN CARTER - Ouvreur du Racing 92 Propos recueillis par Émilie DUDON emilie.dudon@midi-olympique.fr

Quel est votre souvenir le plus fou en Top 14?

Oh j’en ai pas mal ! La finale du Top 14 à Barcelone, sûrement. Nous étions quarante mecs à jouer devant 100 000 spectateur­s, c’était complèteme­nt dingue. Il y a aussi la fête qui avait suivi le Brennus remporté avec Perpignan en 2009. C’était la première fois que le club le gagnait depuis cinquante ans et c’était de la folie furieuse. Je suis très heureux d’avoir fait partie de cette aventure.

Le plus marquant ?

Mon premier match avec Perpignan. C’était contre Leicester, en Coupe d’Europe, début décembre. Sur le premier ballon que j’ai touché, j’ai reçu un plaquage cathédrale d’Harry Ellis. Il y a eu une photo où on me voyait complèteme­nt à l’envers. Je me suis dit : « Voilà, bienvenue dans le rugby européen ! »

Celui que vous souhaiteri­ez oublier ?

Il n’y en a pas tant que ça, j’ai eu la chance de connaître beaucoup de joies dans ce championna­t. Je dirais peut-être ma rupture du tendon d’Achille contre le Stade français, quelques semaines seulement après mes débuts avec l’Usap. Sur le coup, j’ai eu tellement mal que j’ai cru que quelqu’un m’avait donné un coup. Quand je me suis retourné et que je n’ai vu personne autour de moi, j’ai compris que ça devait être grave. C’était la première blessure sérieuse de ma carrière, elle avait lieu devant 60 000 personnes au Stade de France, après seulement cinq matchs sous les couleurs de Perpignan… C’est vraiment un souvenir horrible.

On n’arrête pas de dire que le Top 14 est un championna­t très physique. Quel est le match le plus rude auquel vous avez participé ?

Oui, c’est très physique. En fait, il n’y a aucun match facile. À Agen et à Oyonnax, vous pouvez prendre aussi cher que chez les gros. Mais je dois dire que la demi-finale contre Clermont à Marseille la saison passée a particuliè­rement piqué. Ils avaient une revanche à prendre par rapport à la demie de l’année passée. Les quarante premières minutes étaient… Bref, disons qu’ils voulaient vraiment gagner plus que nous.

Et quel est l’adversaire le plus dur à qui vous ayez eu affaire en France ?

(il hésite) Il y en a tellement… Je dirais Josua Tuisova, à Toulon. Il est pénible à jouer parce qu’il est très rapide, il a de supers appuis mais il est aussi très fort physiqueme­nt. Il est impossible à plaquer !

Quelle est la chose la plus idiote que vous ayez faite sur un terrain français ?

Une fois, j’ai essayé de faire un discours d’avant-match en français et j’ai été catastroph­ique. Rien n’était sorti, pas un traître mot ! C’était l’an dernier, juste avant Noël, contre Castres. Dimitri (Szarzewski, le capitaine, N.D.L.R.) m’avait demandé si je pouvais dire quelques mots en français pour motiver tout le monde. Je m’étais entraîné pendant la semaine mais dans ma tête seulement, jamais à vive voix. Du coup, je suis resté complèteme­nt muet au moment de prendre la parole. J’étais tellement gêné ! Et j’ai parlé anglais du coup…

Vous ne parlez toujours pas français ?

Je ne l’ai jamais appris à l’école et il y a tellement d’étrangers au club, en plus d’un traducteur, qu’on en devient facilement fainéant… Ceci dit, j’ai fait beaucoup de progrès depuis mon arrivée. Je parle beaucoup mieux et je comprends assez bien.

Quel est le moment le plus embarrassa­nt que vous ayez vécu depuis votre arrivée en France ?

C’est un moment qui se répète encore et encore… Quand les gens me parlent en français, j’ai l’impression de comprendre et en fait, je me rends compte assez souvent que j’ai tout faux. Sauf que c’est trop tard et que j’ai déjà répondu complèteme­nt à côté. Quand je vois que les gens me regardent bizarremen­t, je réalise que j’ai loupé un truc et je ne sais plus quoi dire. Ça craint !

Il y a aussi eu cette photo de vos fesses qui avait tourné sur les réseaux sociaux l’an dernier après un plaquage lors d’un match à Toulon…

Ah oui ! J’avais oublié, merci de me le rappeler... C’était vraiment, vraiment très embarrassa­nt. Au rugby, on ne peut pas tout contrôler et il peut arriver que quelqu’un vous baisse le short en vous plaquant. Évidemment, pour moi ça s’est passé pendant un match en prime time, avec la télé et tout ! (rires) Les réseaux sociaux s’étaient régalés. On ne peut plus rien garder secret de nos jours !

Quel est votre coéquipier le plus dingue ?

Brice Dulin. Il n’est jamais sérieux. Il passe son temps à faire des blagues, il n’a pas compris qu’il n’était plus un adolescent à mon avis. Il est complèteme­nt immature ! À mes débuts au Racing, je prenais mon repas juste avant un match et j’étais en claquettes. Normal. Quand j’ai fini et que je me suis levé, j’avais de la mayonnaise plein les chaussures. Aujourd’hui encore, je ne sais pas si ça vient de lui ou de Marc Andreu, ils n’ont jamais voulu avouer. Mais c’est bien son genre de faire ça…

On connaît votre goût pour la mode. Quel est le joueur le plus mal habillé avec qui vous ayez joué ?

Pas mal de première ligne déjà… Mais je dirais que c’est Richie McCaw. Je sais qu’il ne joue pas en France mais c’est définitive­ment lui. Il porte seulement les habits que les sponsors nous donnent dans nos dotations en début de saison. Il a vraiment besoin d’aide sur ce point et devrait peut-être venir passer un peu de temps à Paris… Mais pour tout vous dire, je crois que c’est le dernier de ses soucis.

Et qui a le plus de style entre Jacques Brunel et Laurent Travers ?

Ils ont un peu le même style, non ? Je dois avouer que la moustache de Jacques Brunel, « c’est la classe » (en français). Alors je dirais Jacques. Et puis non, Toto va me tuer s’il lit ça et je ne vais pas jouer pendant plusieurs semaines alors je vote pour lui ! Pas le choix.

Préférez-vous les nuits parisienne­s ou les nuits catalanes ?

C’est très différent. Pour être précis, je sortais plutôt à Barcelone quand je jouais à Perpignan. Je dirais que les nuits catalanes étaient plus folles parce que je n’avais pas ma famille avec moi, parce que je n’avais pas d’enfants. J’en profitais beaucoup plus à l’époque. J’étais plus jeune aussi...

Quel est l’arbitre français qui parle le plus mal anglais ?

Je ne pourrais pas vous dire, ils ne me parlent jamais anglais ! Je les prie de le faire, en leur disant qu’ils doivent parler anglais vu que ce sont des arbitres internatio­naux. Mais ça ne marche pas très bien…

Si vous étiez un spectateur de l’U Arena, vous préférerie­z payer pour voir jouer Dan Carter ou les

Rolling Stones ?

Je vais dire les deux, comme ça Jacky (Lorenzetti, N.D.L.R.) sera content ! Il faut venir voir les Rolling Stones et acheter un abonnement pour la saison du Racing. Sans blague, je vais aller voir les Stones et j’ai hâte. J’ai déjà assisté à un de leurs concerts, à Londres. C’était énorme ! ■ Photos Midi Olympique

Il y a une question qu’on lui a posée mais sans vraiment blaguer cette fois. Cette saison en Top 14 sera-t-elle la dernière ? Le joueur de 35 ans est en fin de contrat en juin prochain avec le Racing 92 et son entraîneur Laurent Labit a déjà fait savoir qu’il souhaitait le voir prolonger au moins une saison malgré l’arrivée de Pat Lambie en novembre. Alors, restera ? Restera pas ? « Je ne sais pas, nous assure-t-il en français, avant de poursuivre dans sa langue maternelle.

Vraiment, je ne suis sûr de rien aujourd’hui. Pour l’instant, je dois voir comment je me sens et si je suis performant mais il est évident que je vais devoir prendre une décision rapidement. Le plus tôt sera le mieux, avant la fin de l’année probableme­nt. » L’envie de jouer, en tout cas, semble toujours présente : « J’étudie différente­s options mais je prends toujours plaisir à jouer au rugby et mon corps répond toujours présent alors j’ai envie de continuer. Il faut juste déterminer où ce sera le mieux pour moi et pour ma famille. » La perspectiv­e d’arrêter sa carrière, en tous les cas, ne le laisse pas insensible évidemment : « J’y ai beaucoup réfléchi. Je crois que je le saurai quand le temps sera venu mais c’est vrai qu’il y a un côté très flippant à se dire qu’il va falloir arrêter bientôt. Le rugby a tenu une si grande part de ma vie ! C’est tout ce que j’ai fait ces quinze dernières années et me réveiller un jour en me disant que je ne suis plus joueur va me demander un peu de temps je crois... »

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