Midi Olympique

« Réapprendr­e à dépasser la douleur »

À LA VEILLE DE LA PREMIÈRE JOURNÉE DE COUPE D’EUROPE, IL DRESSE LE PORTRAIT-ROBOT DES MANQUES ACTUELS DE SON ÉQUIPE. SANS S’ÉCHAPPER.

- Propos recueillis par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

La petite forme de votre équipe vous inquiète-t-elle, avec l’arrivée de la Coupe d’Europe ?

De l’inquiétude, il y en a forcément un peu. Je ne vais pas clamer qu’on est au mieux ! Mais j’ai surtout envie de voir si nous sommes sur une phase ascendante, comme je l’ai senti la semaine sur la pelouse de Toulouse. Ou si nous sommes encore sur courant alternatif, comme depuis le début de la saison. Le match des Ospreys va nous donner des indication­s dans ce sens-là. Le match Ospreys va nous donner des indication­s en ce sens. Le test sera réel parce qu’il est sérieux : aux Ospreys, seul Toulouse s’est déjà imposé. Ça en dit long. Avec notre début de saison, je ne vais pas dire qu’on arrive confiants. Ce serait mentir.

C’est l’enchaîneme­nt des performanc­es qui vous manque ?

J’ai besoin de retrouver le rythme de Toulouse, qui montre qu’on a enfin basculé, que dans la tête, on a retrouvé de l’appétit. Je ne nous ai pas sentis affamés sur le début de saison, en tout cas, pas constammen­t et rarement tous en même temps.

L’entraîneur a-t-il ciblé les raisons de ce démarrage poussif ?

Il y en a plusieurs mais la principale, c’est que je ne nous trouve pas affamés. Nous devons réapprendr­e à dépasser la douleur quand nous sommes dans la difficulté. Se mettre dans le rouge à l’entraîneme­nt, c’est facile. Le faire dans l’adversité, au plus profond du match, c’est autre chose. Et pour l’instant, nous ne trouvons pas cela. Sauf la semaine dernière, à Toulouse, où je nous ai trouvés présents dans cet aspect.

Après La Rochelle, vous aviez pointé « le manque d’envie de s’y filer ensemble ». Le problème est-il dans l’ambiance du groupe ?

Non, il n’y avait rien de tordu dans ces propos. Quand je disais ensemble, je signifiais : « A quinze en même temps ». Ce n’était pas le cas. Certains prenaient les devants puis, un peu plus tard, se cachaient et donnaient le relais à d’autres. Je veux quinze mecs pleinement investis, constammen­t. Je l’ai vu ce week-end, à Toulouse. Il y a eu des ratés, des imperfecti­ons mais j’ai senti une unité, de bout en bout. Ce n’est pas lié à la vie du groupe. Je ne demande pas à ce que les mecs partent en vacances ensemble. Mais si ce groupe était pourri de l’intérieur, je le saurais et je ne ferais pas de secret. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Ou alors, j’ai perdu la vue.

Le problème est-il alors physique ? Votre équipe semble ne pas trouver d’étincelles…

L’étincelle, c’est mental. Le corps suit la tête. Il y a bien sûr des états de forme différents. SébastienV­ahaamahina et Camille Lopez ont été embêtés par des pépins physiques et n’ont pas pu faire une bonne intersaiso­n. Rabah (Slimani, N.D.L.R.) est arrivé dans un nouveau club et a passé l’été à s’entraîner tout seul, ce qui ne facilite pas l’intégratio­n. Cela crée des écarts sur les états de forme. Il faut équilibrer tout ça, l’homogénéis­er avec le temps. C’est en train de se faire. Même s’il nous manque encore des mecs…

Justement, Clermont était souvent présenté comme l’effectif le plus complet de France. Or, aujourd’hui, il apparaît clairement que des individual­ités vous manquent…

Il serait prétentieu­x de dire qu’on a trois équipes de même niveau ! Nous avons un groupe qui travaille avec la même intensité et les mêmes objectifs. Ensuite, on sait que certains sont capables d’élever leur niveau dans les grands matchs, d’autres moins. En ce début de saison, quand je regarde notre calendrier, je vois surtout des grands matchs. On n’a pas joué des flans Mireille ! Notre calendrier est ainsi fait, on a démarré par ce qui se fait de mieux. Et certains joueurs importants nous ont manqué, bien sûr.

D’autres saisons, comme l’an dernier, vous vous en sortiez malgré tout. Étions-nous trop bien habitués ?

Il y avait de bonnes habitudes sur les débuts de saison de l’ASM, certes, mais celles de cette année ne sont pas bonnes. Je ne veux surtout pas du discours : « rien de grave, on va rentrer dans les clous avec le temps ». Les clous, on n’y est pas. Point barre. On n’est pas bons, on ne prend pas le minimum des points et si on ne réagit pas vite, on va bientôt se retrouver en difficulté. Nous n’avons plus de marge, pas de confort. On cravache dur pour récupérer les manques.

Est-ce décevant, pour un entraîneur, de voir que le titre a enlevé une part de l’appétit ?

C’est décevant pour tout compétiteu­r. C’est aussi humain. Si vous passez le BAC, que vous partez quatre semaines en vacances et qu’en revenant, on vous dit qu’il faut reprendre les révisions pour le repasser, vous ne sautez pas au plafond ! À la fois, cet aspect, c’est mon job. Et certaineme­nt que je ne l’ai pas très bien fait en début de saison. Je n’ai pas touché suffisamme­nt mes joueurs pour qu’ils aillent se dépasser. Je le prends pour moi mais je sais aussi que la saison est longue, avec des objectifs pas toujours palpables.

L’arrivée de la Coupe d’Europe peut-elle être ce déclic ?

J’espère, justement parce que l’objectif y est beaucoup plus palpable. Il est plus immédiat. Mais on va aussi être attendus. On connaît le contexte des Ospreys pour y avoir déjà perdu, il n’y a pas si longtemps. Ça va être solide. J’attends de voir, dans ce contexte, ce qu’on sera capables de démontrer.

« Se mettre dans le rouge à l’entraîneme­nt, c’est facile. Le faire dans l’adversité, au plus profond du match, c’est autre chose. »

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