À LA (RE)CONQUÊTE DE L’EUROPE
ÉLIMINÉS EN QUARTS DE FINALE LORS DES DEUX DERNIÈRES ÉDITIONS DE LA CHAMPIONS CUP, LES TOULONNAIS AURONT À COEUR DE RECONQUÉRIR UNE COMPÉTITION AVEC LAQUELLE ILS ONT CONSTRUIT LEUR LÉGENDE.
Toulon a construit sa légende sur la Coupe d’Europe. En remportant les deux dernières éditions de la HCup (2013, 2014) et la première de la Champions Cup (2015), le RCT n’a pas simplement tapé, mais a véritablement enfoncé la porte du gratin européen. Maintenant, depuis deux ans, le club varois peine à s’inviter dans le dernier carré. Sortis en quart de finale par le Racing 92 en 2016 (19-16) et par Clermont en 2017 (29-9), les Toulonnais ne font plus office d’épouvantails européens. Pourtant, Mourad Boudjellal l’affirme : « Le RCT reste un grand d’Europe. Nous avons joué six Coupes d’Europe, nous sommes toujours sortis des poules, nous nous sommes arrêtés trois fois en quart de finale et nous en avons gagné trois ! Qui peut en dire autant ? » Personne, pas même les Saracens, doubles tenants du titre. Mais s’il veut conserver sa place dans les sommets du rugby européen, le club toulonnais devra impérativement retrouver de sa splendeur. « Pour ça, il faut regagner un titre ! La Coupe d’Europe est une compétition particulière. Il faut de la chance au grattage et au tirage. Pour avoir une chance de la remporter, il faut jouer un quart à la maison. Mais tout ça dépend de la poule. Notre tirage ? Disons que si on a un temps imaginé que c’était une poule abordable, on se rend compte qu’elle est difficile. On aurait préféré jouer le Dinamo Zagreb et le Steaua Bucarest. Bon le seul problème c’est qu’ils ne sont pas en Champions Cup. » s’amuse le président du RCT. Et s’ils les croisent en phases finales, qu’estce qui pourrait faire la différence entre le RCT et, au hasard, les Saracens ? « S’ils deviennent triples champions, grand bien leur fasse. Lorsqu’ils rapportent un titre c’est de l’onanisme. Nous, c’est pour les autres. On joue pour des gens et on sait qu’on donne du bonheur. Ce n’est pas la même chose. On peut acheter les meilleurs joueurs du monde. D’ailleurs on peut presque tout acheter. La seule chose qui n’a pas de prix, c’est l’engouement. Et, les 70 000 personnes qui sont venues quand on a ramené les deux titres, même Bill Gates ne peut pas les acheter. Ils peuvent acheter des figurants, mais pas le coeur des gens. C’est ce qui fait la différence entre Toulon et les Saracens. » Le décor est planté.
« CETTE ANNÉE, ON EST INTOUCHABLES »
Pourtant le « grand Toulon », qui faisait peur à toute l’Europe du rugby a bien changé. Les Botha, Wilkinson et Giteau ? Après quelques années de transition, ils ont été remplacé. Par contre ne cherchez plus les noms clinquants ou le XV de départ à 1 000 sélections : voici le « RCT nouveau », porté par des Swan Rebbadj et autres Anthony Belleau. « C’est plus que des jeunes : c’est la génération de gamins qui a été biberonnée aux exploits d’Umaga et de Wilkinson. C’est valorisant. On a créé un truc, et ce truc a enfanté quelque chose, et ce sont ces enfants qui commencent à faire nos beaux jours. » Mais quels objectifs le RCT peut-il véritablement viser avec cette génération qui, bien que talentueuse, demeure encore inexpérimentée ? « J’ai une émotion très forte à l’approche du début de la Coupe d’Europe et de notre passé récent. Maintenant le passé est mort et on ne va pas vivre de souvenirs. Ce qui m’intéresse c’est demain, et je pense que cette année on peut la gagner. Si on a notre effectif au complet, plus nos jeunes, on est intouchables. Et je le maintiens. Il y a une énergie, une compétence au niveau du staff, un effectif de base qui, au complet, est d’une qualité exceptionnelle et la génération qui arrive va nous emmener énormément de fraîcheur. » Avant de penser à gagner la compétition, il faudra déjà passer par les poules, les quarts et les demies, mais ne dit-on pas que la chance sourit aux audacieux ? En tout cas rendez-vous est pris pour le mois de mai…