« LEIGH SERA TOUJOURS LE BIENVENU »
PIERRE ANGULAIRE DE TOULON DE 2014-2017, C’EST BIEN SOUS LE MAILLOT DES SCARLETS QUE LEIGH HALFPENY DEVRAIT FOULER LA PELOUSE DE MAYOL DIMANCHE.
Il aurait pu être le héros de la dernière finale de Top 14. Mais en choisissant de répondre positivement à la sélection de Warren Gatland, sélectionneur des Lions Britanniques, Leigh Halfpenny est finalement devenu, dans l’imaginaire collectif, le principal bourreau du RCT (défaite 22-16 contre Clermont). D’ailleurs, quel supporter du RCT n’a jamais affirmé qu’« avec Leigh Halfpenny, on aurait remporté le bouclier de Brennus » ? Car, buteur attitré du club Rouge et Noir depuis trois saisons, l’arrière gallois a tout particulièrement manqué lors de la dernière finale de Top 14, où le buteur désigné – Anthony Belleau – a trouvé les poteaux à deux reprises. « On a essayé de le convaincre et je suis persuadé que lui voulait également jouer la finale, affirme Florian Fresia. En réalité, il n’avait pas le droit, ni le choix, car tu ne peux pas refuser une sélection nationale. On a été déçus qu’il parte, mais tu ne peux pas en vouloir à un mec comme ça. Il avait d’autres objectifs et on n’a jamais eu le sentiment qu’il abandonnait le navire. Je ne sais pas si le groupe a compris, mais ce qui est sûr c’est qu’on ne lui en veut pas. » L’heure n’est donc pas, et n’a jamais été, à la rancoeur du côté de l’effectif toulonnais. Et s’ils ont un temps regretté son départ en NouvelleZélande, chacun pensait pouvoir en reparler avec lui à la rentrée… sauf que le joueur n’a jamais retrouvé la rade et s’est engagé, en toute fin de période de mutations, chez les Scarlets. « Il tenait à Toulon et la réciproque fonctionnait également. Je pensais le retrouver à la reprise, ça aurait été l’occasion qu’il nous raconte son voyage et qu’on reparle de la finale… Mais à notre retour de vacances, il avait changé de club. »
« IL PART SUR UNE MAUVAISE NOTE, PAS UNE MAUVAISE IMAGE »
Mais que s’est-il passé ? Comment, alors que Toulon et Leigh Halfpenny désiraient continuer main dans la main, l’arrière de 29 ans et le RCT n’ont-ils pas trouvé de terrain d’entente ? À Mourad Boudjellal de répondre : « Leigh a affirmé dans la presse qu’il était très surpris de la façon dont il avait été traité à Toulon. Juste, avec toute l’affection que je peux avoir pour lui, il avait un contrat à Toulon. Il ne l’a pas signé car il voulait rediscuter. Notre désaccord ? Il porte sur peanuts… c’est à peine 15 000 euros de différence entre les deux propositions. Puis, naïvement peut-être, je me suis dit qu’étant donné qu’il n’avait pas joué la finale, il aillait s’asseoir sur cette somme et prolonger… » glisse le président du RCT, avant de poursuivre : « Quand il part, le contrat l’attend sur mon bureau et il n’a plus qu’à le parapher. » Mais alors qu’il a fixé l’échéance au 15 juin, Mourad Boudjellal ne voit pas le contrat revenir signé. « Le 16 je lui ai envoyé un mail en disant : vous n’avez pas signé l’offre, elle n’est plus valable. Et voilà. L’histoire s’est arrêtée là. Leigh a donc refusé de revenir » Pourtant, Mourad Boudjellal est persuadé que s’il est aligné (il a manqué le dernier match, mais devrait faire son retour), son ancien buteur sera bien reçu. « Leigh sera toujours le bienvenu à Mayol et je pense que, dimanche, ce sera fort en émotion. Il a quand même été champion d’Europe avec nous en 2015. Il part sur une mauvaise note mais n’a pas une mauvaise image. Puis, sincèrement, c’est un garçon bien, pour lequel j’ai beaucoup de respect et une grande affection. »
« ÉTAIT-IL GALTHIÉ COMPATIBLE ? VOUS RIGOLEZ, IL ÉTAIT RUGBY COMPATIBLE ! »
Le temps, s’il n’est pas à la rancoeur, n’est pourtant pas non plus aux regrets. Car depuis son départ, de l’eau a coulé dans la rade. Le RCT a bien changé, et Fabien Galthié a accordé sa confiance à d’autres joueurs. Pour le but ? Anthony Belleau s’est installé. À l’arrière ? Le staff a préféré donner les clés à Hugo Bonneval et Edoardo Padovani, deux joueurs moins pragmatiques qu’Halfpenny, mais avec des toutes autres qualités offensives. D’ailleurs, rarement décisif ballon en main, Galthié aurait-il accordé sa confiance à Halfpenny ? « On ne saura jamais, mais ça s’était bien passé entre eux. Fabien l’avait reçu et ils avaient beaucoup parlé. Il comptait sur lui. », affirme Boudjellal. Même son de cloche chez Florian Fresia : « C’est un très grand joueur et à ces mecs-là, tu peux tout leur faire faire. Était-il Galthié compatible ? Vous rigolez, il était rugby compatible ! S’il était resté, il se serait facilement adapté au projet de jeu. » Mais avec des si, on mettrait Paris en bouteille ; et dimanche, ce sera bien sous les maillots des Scarlets que Leigh Halfpenny retrouvera Mayol. Avant d’aller boire une bière avec ses anciens coéquipiers après le match ? « J’espère, mais une seule, car c’est avant tout un professionnel exemplaire » conclut, sourire aux lèvres, Florian Fresia.