Midi Olympique

HAUT LES MAINS

SI LE CLUB FRANCILIEN S’EST IMPOSÉ FACE À LEICESTER (22-18), IL LE DOIT EN GRANDE PARTIE À LA PERFORMANC­E TITANESQUE DE SON DEUXIÈME LIGNE.

- A. B.

Avant, il y avait le « off-load ». Maintenant, il y a « la Nakarawa ». Le deuxième ligne Fidjien, qualifié de « bout de chewing-gum de 130 kg » par Laurent Labit, réinvente, chaque jour un peu plus, la passe après contact. Ses tentacules en guise de bras lui permettent après l’impact de tenir le ballon à presque trois mètres du sol. Évidemment, on exagère un peu. Mais l’image de ce troupeau de « Tigers » accroché à son tronc à plusieurs reprises, lui, les bras en l’air et la tête droite pour chercher une solution, a quelque chose d’irréel. Ne manquerait plus qu’il fasse deux tours sur lui-même, tout en s’élançant vers le ciel, pour qu’on parle de figure imposée. Tenir le ballon si haut au-dessus de la tête de ses adversaire­s, Leone Nakarawa le doit à ses premiers pas rugbystiqu­es effectués dans la rivière située en bas de son village de Vatukua. À l’époque, il jouait avec une noix de coco ou une canette de Coca-Cola, avait-il confessé à son arrivée dans les Hautsde-Seine. « On organisait des matchs de rugby à trois contre trois ou sept contre sept. Nous jouions avec les bras hors de l’eau, en luttant contre le courant. Peut-être mes gestes viennent-ils de là, je n’en sais rien. »

LES DÉFAUTS DE SES QUALITÉS

Le champion olympique de rugby à VII n’a rien de commun avec ses contempora­ins. « C’est un extraterre­stre », avait dit Adrien Buononato après la défaite de ses « Oyomen » en septembre dernier. Le deuxième ligne du Racing 92 a survolé - c’est le cas de le dire - le match face à Leicester. Par deux fois (24e et 29e), ses passes peu académique­s ont permis aux Racingmen de trouver la brèche. Avant cela, il avait inscrit lui-même le premier essai, Don Barrow agrippé à ses jambes, Matt Toomua cherchant à l’étrangler, en dépliant son bras télescopiq­ue. « Pour défendre sur lui, il faut un bon fusil, a ironisé Laurent Labit. Seulement : « Parfois, ça marche. Parfois, ça ne marche pas, a rappelé Henry Chavancy. On l’a vu sur le premier essai de Leicester, c’est lui qui perd le ballon. » Son immense talent induit un certain déchet. À croire qu’il pourrait être le totem du Racing… « Il a le défaut de ses qualités, reconnaît Labit. Maintenant, on ne peut pas brider un tel joueur. Ce serait contreprod­uctif. Il a donc le droit de tout faire sur un terrain. » Une clémence qui impose la présence à ses côtés d’un deuxième ligne en charge des tâches obscures. « Quand Bernard Le Roux vous fait trente ou quarante nettoyages par matchs et vingt plaquages, c’est nickel. » Sinon…

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