Midi Olympique

Une, première !

À L’IMAGE DE GEOFFREY DOUMAYROU, ÉTINCELANT AUX HARLEQUINS, LA ROCHELLE A PARFAITEME­NT NÉGOCIÉ SA PREMIÈRE SORTIE EUROPÉENNE. CHAPEAU !

- Par Émilie DUDON, envoyée spéciale emilie.dudon@midi-olympique.fr

Il y a toujours un avant et un après, quand il s’agit d’une première fois. Avant, il y a eu cette semaine un peu bizarre, spéciale sans être totalement différente. Ces nouveaux maillots d’entraîneme­nt (fluos, comme les Harlequins), ce planning allégé compte tenu de la débauche d’énergie consentie lors de la victoire contre le Racing dimanche dernier. Cette forme d’appréhensi­on, aussi, qui vous étreint

inexorable­ment au moment de plonger dans l’inconnu : « On ne savait pas à quoi s’attendre. On avait peur de ne pas exister, de ne pas être au rendez-vous même », confiait le président Vincent Merling, plus d’étoiles dans les yeux que sur le drapeau européen samedi soir au Stoop Stadium. « Le groupe est arrivé en Angleterre avec des questionne­ments, de l’appréhensi­on, confirmait le coach

des trois-quarts Xavier Garbajosa. Ça allait de toute façon être

une date importante dans l’histoire du club. » Et après, alors ? Après, le coup de théâtre. La folie douce et l’ivresse des soirs d’exception. Ceux qui vous marquent un groupe, une vie, portés par le souffle de l’exploit.

Le 14 octobre 2017 fera donc date dans l’histoire du Stade rochelais. A double titre. Parce qu’il s’agissait du premier match du club maritime dans la grande Coupe d’Europe d’abord. Surtout, parce qu’il l’a remporté comme si c’était le soixante-quinzième (c’était le cas pour les Harlequins), à l’extérieur qui plus est. Bluffant. « Nous-mêmes avons été un peu surpris, reconnaiss­ait l’ailier Jérémy Sinzelle à la sortie des vestiaires. On s’était bien préparé mais on ne pensait pas gagner avec cinq points. » Xavier

Garbajosa, lui, n’a pas été étonné : « Je fais peut-être une confiance aveugle à mes joueurs mais c’est ma quatrième année ici et j’étais assez serein cette semaine. Que pouvait-il nous arriver de toute façon ? On ne fait pas partie de ce monde-là, nous, et on venait ici pour se situer. Si on en avait pris cinquante, on se serait simplement dit qu’on était loin du compte. » Finalement, ce sont les Anglais qui ont pris cher. Cueillis d’entrée par un essai de Forbes (4e), puis contraints de courir sans cesse et sans succès après le score. Achevés par le point de bonus offensif glané dès la 45e par les Rochelais.

SANS COMPLEXES

Un match et La Rochelle s’est déjà fait un nom sur la scène européenne. Impression­nant ? Pas pour tout le monde. « Les gens vont dire que cette victoire est une surprise mais on s’est déjà fait un nom à l’extérieur l’an passé en allant gagner chez des gros en Top 14,

rappelle l’ancien All Black Victor Vito. Il n’y a rien de nouveau pour nous. C’est juste spécial d’être venus gagner ici parce que c’est la Coupe d’Europe et parce que les Harlequins sont très forts. »

Décomplexé­s à l’extrême, les Maritimes. C’est peut-être la clé de leur succès. S’il s’agissait d’une première pour l’équipe, ses joueurs, eux, connaissen­t déjà ce niveau pour la plupart. Des All Blacks champions du monde en passant par les internatio­naux tricolores, les Rochelais n’avaient pas besoin d’être tous passés par la case Coupe d’Europe pour rivaliser.

L’essentiel, finalement, a tenu dans la préparatio­n du match : « On

n’a quasiment rien changé, jurait Xavier Garbajosa. Dans ces caslà, le contexte se suffit à lui-même. C’est comme pour un match de phase finale : si tu amplifies la pression qui est déjà inhérente à l’événement, elle risque de se retourner contre toi. » Alors dans ce contexte un peu compliqué, le Stade rochelais a fait simple. Une arrivée à Londres vendredi et une mise en place au Stoop Stadium pour prendre ses marques. Une nuit d’hôtel au Marriot de Twickenham et un voyage de dix minutes à pied pour se rendre au stade samedi après-midi, en croisant les quelques dizaines de supporters qui avaient fait le déplacemen­t. Le Stade rochelais est venu, a vu et a vaincu. Puis il est reparti en avion dès samedi soir pour préparer la venue de l’Ulster, ce week-end, et écrire un nouveau chapitre de son destin européen. « La belle histoire continue. J’espère

surtout qu’elle va durer », concluait Vincent Merling dans un sourire. Il y a toujours un avant et un après, quand il s’agit d’une première fois...

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 ??  ?? Photo AFP Les Rochelais de Paul Jordaan ont réalisé un retentissa­nt exploit pour leur première en Coupe d’Europe. Un match qui fera date dans l’histoire du club maritime.
Photo AFP Les Rochelais de Paul Jordaan ont réalisé un retentissa­nt exploit pour leur première en Coupe d’Europe. Un match qui fera date dans l’histoire du club maritime.

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